Cas Kassory, Damaro, CRIEF : « L’inquiétude est à son summum…», alerte Saloum Cissé

CONAKRY-Que compte faire le RPG arc-en-ciel pour obtenir la libération de ses hauts dirigeants incarcérés ? Comment se porte le parti fondé par Alpha Condé près deux ans après sa chute ? Saloum Cissé secrétaire Général de l’ex parti au Pouvoir a reçu des journalistes d’Africaguinee.com chez lui pour interview à bâtons rompus.

Dans cet entretien qui sera diffusé en plusieurs séquences, l’ex conseiller du Président Alpha Condé parle sans détours. Tout en fustigeant le comportement de certains cadres qui ont tourné le dos au parti, l’ancien député évoque aussi la conduite de la transition. Entretien exclusif !!!

AFRICAGUINEE.COM : Dans deux mois il fera deux ans depuis que le RPG Arc-en-ciel a perdu le Pouvoir. Comment se porte aujourd’hui le parti ?

SALOUM CISSÉ : Le RPG Arc-en-ciel, dans le cadre général se porte bien. Les structures organiques parallèles du parti sont en place et ne sont pas dérangées. Dans le fonctionnement général, nous sommes en contact permanent avec la base.

Ces derniers temps, nous constatons toutefois une faible mobilisation des cadres du parti mais aussi des militants lors des assemblées générales. N’est-ce pas un signe de fébrilité ?

Pas du tout. Les dernières assemblées générales ont coïncidé à la fête de Tabaski. Vous savez qu’il y a le rituel, les fêtes de tabaski généralement, les gens font un déplacement massif pour l’intérieur. Chacun veut fêter dans son village. Et nous, nous n’avons pas voulu interrompre les assemblées générales. Ce délestage-là ne nous dérange pas du tout. Nous savons que les gens sont maintenant de retour. Le manque à gagner sera levé complètement.

Le président Alpha Condé, avant sa chute nourrissait l’ambition de laisser un parti qui sera à l’image de l’ANC. Peut-on dire aujourd’hui que cette ambition est vouée à l’échec ?

Alpha Condé aime le dire que le Rpg arc-en-ciel a des militants et non des clients. Vous savez quand un parti est au pouvoir, autour de la direction nationale, il y a trois couches sociales. Il y a les vrais militants qui sont là d’une manière inconditionnelle. Mais il y a ceux qui sont venus par enthousiasme mais avec des objectifs spécifiques et ceux qui par nos programmes, ont admiré le parti et viennent parce que nos programmes les intéressent, ils adhèrent d’une manière inconditionnelle.

Ce sont les trois couches. Ceux qui sont venus pour des postes et ceux qui sont venus pour des intérêts ponctuels, ceux-ci, quand le parti perd le pouvoir ils vont ailleurs. On a tiré beaucoup de leçons. Ce n’est pas le seul coup d’Etat… Certains intellectuels qui étaient venus pour des postes ont disparu. Ils se connaissent, parce qu’ils n’arrivent même pas au siège. Mais les militants convaincus qui ont l’ADN du Rpg, sont au siège constamment.

Depuis plus d’un an, certains de vos camarades hauts dirigeants du parti, sont incarcérés. Comment vous vivez cette situation ?

Nous sommes inquiets au superlatif. Parce que, quand un dossier judiciaire est mis sur table, normalement selon la loi, on doit quand-même traiter ce dossier-là dans les normes. Il y a des normes qui sont balisées par la loi. Mais détenir des gens pendant plus d’un an, c’est inquiétant. Parmi eux, il y a des malades. Je suis allé deux fois pour voir Kassory, on ne m’a pas permis de le voir. J’ai quitté l’hôpital avec les larmes aux yeux. C’est inquiétant. Il faut savoir se mettre à la place des gens. L’inquiétude est à son summum aujourd’hui. Normalement on devrait laisser Kassory aller se soigner. Amadou Damaro est malade, Kassory est malade et les autres qui sont là-bas, pourquoi ne pas traiter leurs dossiers d’une manière humaine. C’est très important.

On est indépendant depuis 1958. Avant le CNRD, il y a d’autres qui étaient là. Il y a eu des vicissitudes. Donc quand on doit agir dans l’action humaine il faut aller avec mesure et intelligence, parce que rien ne vaut la vie humaine. L’exemple sur Lounceny Camara, devrait vraiment les édifier. En tout cas nous, nous sommes très inquiets.  L’état de santé de Dr Ibrahima Kassory Fofana est toujours critique selon ses médecins. Il en est quasiment de même pour Amadou Damaro Camara.

Que compte faire le Rpg Arc-en-ciel pour leur libération voire leur évacuation ?

On a fait toute sorte de sollicitudes pour que ceux qui sont malades soient évacués. Nous sommes très inquiets. Parce que, quand tu vas à l’hôpital et on te dit que tu n’as pas accès à ton malade, cela te met dans un désespoir inouï.

N’envisageriez-vous pas des manifestations ?

Nous appartenons à une entité qu’on appelle les forces vives. Notre action ne peut pas être une action isolée. Nous sommes dans un ensemble. Nous ne pouvons pas faire des actions spécifiques.

Est-ce que vous comptez saisir la Cédéao ou d’autres institutions internationales ?

La Cédéao est déjà saisie d’une manière informelle. J’ai appartenu au parlement panafricain et j’étais le deuxième vice-président aussi des parlementaires de l’OCI. Donc, on a beaucoup de contacts. Dans la sous-région, on a des contacts au niveau des présidents. Tous ceux-ci sont motivés. Mais tant qu’une action n’est pas porteuse, tu ne peux pas dire que tu es satisfait. On est dans cet esprit.

La CRIEF a accordé « la chance » à Michel Kamano, ex 1er questeur à la 9e législature à se soigner à l’étranger. Est-ce que vous ne pensez pas qu’il y a deux poids deux mesures ?

Vous êtes un acteur de terrain, c’est vous qui devriez faire ces analyses pour essayer de mettre en exergue ce qui est au dénominateur et ce qui est numérateur. Les personnalités-là ont une certaine notoriété. Elles ne peuvent pas du tout aller et ne pas revenir. J’ai collaboré avec certains (…) Mon souhait est qu’on les laisse partir se soigner et revenir. A un certain âge, tu ne peux pas vivre ailleurs. Si tu vas, c’est pour entretenir ta santé et revenir. Je suis convaincu de ça. L’aventure c’est pour la jeunesse.

A suivre…

Interview réalisée par Dansa Camara DC 

Et Sayon Camara 

Pour Africaguinee.com

Créé le 14 juillet 2023 15:36