Cases Bellevue, la prison, son fils Mohamed : Hadja Andrée Touré parle…

CONAKRY- Ce vendredi 10 décembre 2021, Mamadi Doumbouya a pris un décret, restituant aux héritiers de feu Ahmed Sékou Touré, les cases Bellevue. Comment la veuve de Sékou Touré a-t-elle accueilli cette nouvelle ? Reste-t-il d’autres biens de l’ancienne famille présidentielle, encore confisqués par l’Etat ? Hadja Andrée Touré s’est prêtée aux questions d’Africaguinee.com.

AFRICAGUINEE.COM : Comment avez-vous accueilli la nouvelle relative à la restitution des cases Bellevue aux héritiers de Sékou Touré ?

 HADJA ANDRÉE TOURÉ : J’ai un sentiment de reconnaissance à l’endroit du colonel Mamadi Doumbouya. Je lui suis très reconnaissante. Il me l’avait promis. Il m’a appelé pour me demander la situation des cases de Bellevue, je lui ai expliqué que c’était un terrain vide, un dépotoir d’ordures. Mon mari a acheté ce domaine quand il était maire, avant même l’indépendance.

Maintenant quand il a eu les moyens, il a construit les cases. Depuis, il a laissé les cases à la disposition de l’Etat qui y recevait ses hôtes de marque. Moi-même, je lui avais dit qu’il était en train de créer la confusion, parce qu’à la longue, on allait penser que ces cases appartiennent à l’Etat. Il m’a dit : « qu’est-ce que tu veux que j’en fasse ? Je suis logé par l’Etat, c’est normal que je mette mes biens à la disposition de l’Etat ». Les cases sont restées comme ça.

Qu’est-ce que ce geste représente pour vous ?

Je tiens à ces cases, parce que c’est un souvenir de mon mari. Après sa mort, une semaine après son enterrement, j’ai été mise en prison. J’ai fait quatre années de prison. On a pris tous nos biens. Il n’y avait même pas un petit souvenir que je devais laisser à mon fils.

Le blanchisseur qui travaillait à l’époque à la présidence à qui j’avais remis des habits du président à laver, il les gardé précieusement. A ma sortie de prison, il me les a restitués. C’est cette chemise que j’ai donné à Mohamed. C’est la seule chose que Mohamed possède de son père. De temps en temps, il la porte en souvenir de son père.

Mais ça n’a pas d’importance pour moi parce que mon mari n’a jamais attaché d’importance au matériel. Quand il était au pouvoir, tout ce qu’il gagnait, il disait que c’était pour le peuple.

Est-ce qu’il reste encore d’autres biens qui n’ont pas été restitués à votre famille ?

Il y a les maisons de Mohamed Touré qui ont été saisies. Ces maisons lui ont été offertes par des fonctionnaires européens qui travaillaient en Guinée. Ils ont donné leurs propriétés à Mohamed, les papiers existent. Mais comme je vous l’ai dit, nous n’avons jamais donné de l’importance aux biens matériels.

Bellevue est un symbole pour moi. Que cela soit restitué aujourd’hui me procure un grand plaisir.

On imagine votre joie aujourd’hui, mais votre fils Mohamed Touré est toujours détenu aux États-Unis. Avez-vous de ces nouvelles ?

Il est en prison, ce n’est pas facile, mais quand il peut, il appelle. Ses amis prisonniers lui donnent le téléphone pour appeler.

Avez-vous un appel à lancer au président de la transition pour l’aider à sortir de prison ?

Quand il est venu me saluer ici, lui-même il en avait parlé. Il a dit qu’il ferait tout ce qu’il peut. Quand le moment viendra, c’est sûr qu’il sortira de prison puisqu’il n’a rien fait.  

Un dernier message ?

Hier quand on a dit qu’on m’a restitué les cases Bellevue, le peuple a manifesté sa joie. Mais il faut que le peuple reconnaisse à celui qui est à l’origine de cette joie. Le colonel Mamadi Doumbouya. Je prie beaucoup pour lui.

 

Entretien réalisé par Oumar Bady Diallo

Pour Africaguinee.com

Créé le 11 décembre 2021 17:44