Zoom sur le « dossier 28 septembre » : Voici la liste des inculpés attendus à la barre…

CONAKRY- C’est un procès attendu depuis treize ans par les victimes qui s’ouvrira ce mois de septembre en Guinée. Il s’agit du procès emblématique des auteurs présumés des crimes commis le 28 septembre 2009 à Conakry au stade de même nom. Des atrocités d’une ampleur inédite qui avait suscité une onde de choc international.
Le bilan était effroyable, selon les conclusions d’une enquête indépendante menée par des experts de l’ONU, dépêchés à cet effet à Conakry. Plus de 157 morts, une centaine de femmes violées en plein jour, des milliers de blessés, des dizaines de portés disparus dont certains seraient enterrés dans des fosses communes. Ces exactions de masse ont été qualifiées de crimes contre l’humanité, par la Cour Pénale Internationale. Les blessures sont encore présentes chez les victimes, dont certaines ont trépassé.
A l’origine de ces atrocités, une manifestation appelée par les forces vives qui protestaient à l’époque contre une éventuelle candidature de Moussa Dadis Camara, à la présidentielle de 2010. Une mobilisation durement réprimée dans le sang.
L’instruction judiciaire du dossier initiée en février 2010 par un pool de trois juges avait permis d’entendre plus de 400 victimes. L’enquête a été close en 2017, avec l’inculpation de treize personnes dont douze attendues sur le banc des accusés, l’une étant décédée. Bien qu’aucune date précise de l’ouverture du procès n’ait encore été annoncée avec certitude, le processus enclenché cette fois-ci semble irréversible. Le président de la Transition fait du jugement ce dossier de crime de masse une priorité. Dès lors une question se pose : Qui sont les inculpés ? Quel était leur niveau de responsabilité à l’époque de la commission des crimes ? Africaguinee.com lève un coin du voile.
A tout seigneur, tout honneur ! Il faut commencer par celui qui était à l’époque des faits à la tête de la Guinée. Le capitaine Moussa Dadis Camara, qui s’était emparé du Pouvoir en décembre 2008, à la mort du Général Lansana Conté, avec un groupe d’officiers de l’armée. Il a été inculpé en 2015 après avoir annoncé sa candidature à la présidentielle de la même année et noué une alliance politique tonitruante avec Cellou Dalein Diallo, adversaire redoutable d’Alpha Condé, qui à l’époque briguait un second mandat.
Le Commandant Aboubakar Sidiki Diakité, alias Toumba, ex aide de camp de Moussa Dadis Camara. Médecin militaire, on lui prête une maîtrise parfaite des arts martiaux. Le 03 décembre 2009, il avait ouvert le feu sur M. Camara, précipitant la chute de ce dernier, contraint à un exil forcé de onze années durant. Après des années de cavale, il a été rattrapé à Dakar, (Sénégal) puis extradé vers la Guinée. Il est détenu depuis mars 2017, à la maison centrale.
Le Colonel Moussa Tiégboro Camara, gendarme, mis en cause par le rapport de la commission d’enquête internationale des Nations unies. Au moment des faits, il était ministre chargé de la lutte contre la drogue et le grand banditisme. Malgré son statut d’inculpé (depuis 2012), il a longtemps bénéficié de la confiance d’Alpha Condé qui l’a nommé Secrétaire Général à la Présidence en charge des services spéciaux. Il a été limogé après la chute d’Alpha Condé. Début septembre, il a été empêché de sortir du territoire national. Motif invoqué, un contrôle judiciaire en vigueur depuis son inculpation.
Dans le même sillage, il faut citer le Colonel Abdoulaye Cherif Diaby. Au moment des faits, il était ministre de la Santé et de l’hygiène publique. Inculpé 2012, le cas de cet officier est emblématique. Médecin militaire de son état, il aurait empêché nombreuses victimes qui affluaient vers l’hôpital Donka, d’être pris en charge par les médecins.
Sur cette liste, il faut ajouter le Colonel Claude Pivi, alias Coplan. En 2009, il était chargé de la sécurité présidentielle. A l’arrivée d’Alpha Condé au Pouvoir, il avait occupé un poste similaire avec rang de ministre, avant de tomber en « disgrâce » quelques mois plus tard.
Feu, le Général Mamadouba Toto Camara, ex numéro 2 du CNDD (comité national pour la démocratie et le développement). Il est décédé en août 2021, éteignant l’action publique contre lui.
Les autres inculpés sont moins connus du grand public. Il s’agit du lieutenant-colonel Blaise Guemou, gendarme, Ibrahima Camara alias Kalonzo, gendarme, le Lieutenant Marcel Guilavogui, militaire de l’armée de terre, neveu de Dadis Camara, détenu à la maison centrale de Conakry depuis 2010, l’Adjudant Cécé Raphaël Haba, lui aussi détenu depuis 2010, Alpha Amadou Balde, gendarme brillant informaticien, lui aussi en détention, Paul Mansa Guilavogui.
Reste à savoir si tous ces inculpés se retrouveront en même temps dans le box des accusés à l’ouverture du procès qui sera scruté de près par la communauté internationale.
A suivre…
Diallo Boubacar 1
Pour Africaguinee.com
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Créé le 12 septembre 2022 14:46Nous vous proposons aussi
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