Vols,casses,pillages: Témoignages chocs sur les exactions policières à Pita et Mamou…

Des victimes des exactions policière à Pitat et Mamou

PITA-Le calme est revenu à Pita après trois jours de violences en Guinée qui ont fait trois morts, des blessés et des dégâts matériels importants. Pendant ces 72 heures de « résistance active » appelée par le Front National pour la défense de la constitution (FNDC), certains citoyens ont vécu l’enfer. Terrorisés par le comportement des forces de l’ordre, certaines victimes  ont cru à la fin de leur vie.


Déployés dans le cadre du maintien d’ordre, ces agents indélicats se sont livrés à des scènes d’exactions inqualifiables. Les témoignages des victimes et surtout les images qui circulent sur la toile en boucle traduisent l’ampleur de la violence policière.

Dans la préfecture de Pita où les postes de police et de gendarmerie ont été incendiés par des manifstants, les forces de police et de gendarmerie déployées ont commis des exactions innommables. Comme une meute de brigands, ils se sont mis dans un exercice de casses et de brigandage tout azimut. Témoignages.

Hadja Mariama Bah, petite-fille du Khalife du Fouta, Elhadj Bano revient sur les circonstances dans lesquelles les agents sont arrivés dans leur famille : « c’est hier après la prière de 16 heures, quand le khalife est revenu de la mosquée, il a demandé une chaise pour s’installer à la devanture de son domicile. Entre temps un véhicule noir vient garer au carrefour ici, des agents sont descendus, l’un d’entre eux a tiré le gaz vers nous ils ont  failli toucher un de mes oncles malgré tout ils ont continué. Nous sommes allés faire rentrer le khalife dans la cour, les agents nous ont vus faire rentrer le vieux. Nous avons fermé le portail, les forces de l’ordre viennent s’accrocher au portail avec l’intention de l’ouvrir en vain. Après ils sont tombés sur la voiture pour la casser dehors. Ils proféraient des injures graves contre nous invitant les gens à sortir afin qu’ils finissent avec nous. Ce premier groupe bouge, un autre groupe arrive dans une camionnette blanche, ils prennent la clé d’une moto d’un monsieur venu réconforter le khalife » explique Hadja Mariama qui brandit  des tuiles de balles et un fourreau de gaz dans la résidence du khalife.

Hawa Diawara a assisté impuissante à la casse de la voiture de son mari : «  j’étais courbée, je lève les yeux je trouve que je suis entourée que par des hommes en uniformes. Ils m’obligent à rentrer dans la maison, ils disent que c’est vous tous qui avez cassé la gendarmerie, je commence à rentrer on me lapide. Ils ont pris leurs matraques pour cogner le véhicule, ils explosent le gaz même sur la chaise où j’étais assise n’a pas été épargnée. Mon mari voulait sortir pour s’opposer je l’ai empêché pour ne pas qu’ils le blessent. Après ils sont partis, ce n’est pas des civils mais des agents de sécurité. Nous avons peur nous par exemple nous sommes très loin de la ville. Nous n’avons pas dormi toute la nuit », témoigne madame Diawara.

 

« Ils m’ont trouvé ici assis devant ma place avant de me sommer  de rentrer. J’ai dit d’accord. Lorsque j’ai quitté, ils sont venus s’en prendre à ma place. Ils cassé les portes. Ensuite, ils ont tout pris : téléphones, postes téléviseurs, cartes mémoires, de l’argent. Là où je suis, je ne peux pas évaluer les pertes subies », témoigne Mamadou Aliou Sall ce commerçant aujourd’hui dénué de tout.

Cet autre témoignage de Kadidiatou Bah 66 ans  cette mère de famille terrorisée avec ses petits-enfantsest insoutenable : « Quand ils sont venus nous trouver, j’ai pris les enfants on est rentré à la maison. Mais cela n’a pas suffi, ils ont détruit la porte principale et la fenêtre. Tous les enfants apeurés sont venus se regrouper autour de moi. C’est en ce moment qu’ils sont lancé une bombe lacrymogène à l’intérieur. Vue, la fumée j’ai ouvert la porte arrière pour qu’on puisse se sauver. Dans notre fuite, ils nous ont pourchassés mais  ils ont constaté qu’il n’y avait que des enfants et de vieilles personnes. Ils ont rebroussé chemin en préférant des injures qu’aucune âme sensible ne voudrait entendre », explique-t-elle, tenant la capsule de la bombe qui explosé dans sa maison.

Thierno Ibrahima Bah cet autre père de famille résident au quartier Guemé 1 raconte comment les agents ont brisé les pare-brise de ses véhicules. «  A leur arrivée, ils ont commencé par endommager une moto qui était garée à côté de nous ici avant de s’en prendre ensuite auxvéhicules qui étaient garés ici. Ils ont utilisé leurs armes pour briser les vitres des portières. Il y avait une Rav4 et une Prado, ils ont gâté tous les sièges. Ensuite, ils ont venus casser l’antenne parabolique que j’avais installée chez moi. Mais on était tous ici, personne n’a réagi. Ils proféraient des injures, ils ont ensuite continué vers la concession suivante », témoigne ce père de famille.

Hadja Bella Bah 87 ans, cette vieille femme n’arrive pas à se remettre du choc qu’elle a eu en constant que sa voiture qu’elle adorait tant a été endommagée par les forces de l’ordre. « J’avais négocié avec un mécanicien afin qu’il m’arrange le frein qui avait des défaillances. Je l’ai garé à côté. J’étais à l’intérieur de ma maison lorsque j’ai entendu des cris. Le temps que j’ai mis pour sortir voir, ils avaient déjà fini de la détruire. Ils sont ensuite allés ailleurs. C’est une voiture que j’ai héritée. Je l’adore tellement plus que l’autre. Ça m’a touché. C’est Thieno Camara, fils d’une de ma sœur un ancien ministre de Sékou Touré qui m’a offert cette voiture. Je ne sais pas comment faire, mais je l’adoretellement. C’est une voiture mais cette voiture que je considère comme un héritage je voulais qu’elle reste là encore», s’exclame-t-elle.

Dans la préfecture de Mamou qui n’a pourtant pas connue de violences cette fois-ci, des exactions sont également signalées. Les forces de l’ordre sont accusées d’avoir fait des descentes musclées dans les quartiers pour tabasser, voler et dépouiller les citoyens de leurs biens. Notre correspondant dans cette région a fait le tour de certains quartiers pour  interroger des victimes. Selon son constat, plusieurs citoyens de la ville carrefour ont été victimes d’exactions de la part des services de maintien d’ordres.

Selon Amadou Diouldé Baldé citoyen du quartier Almamya, les gendarmes ont défoncé les portails  de leur concession. Lui, il a sa main fracturé, sa tête blessée mais aussi son téléphone emporté. 

«  C’est le 13 janvier aux environs de 13 heures que les gendarmes sont venus chez nous. La femme de mon frère m’a appelé en me disant que la maison a été attaquée. Ils voulaient défoncer aussi les portes de notre maison. Mais une vieille est intervenue et ils ont laissé. C’est quand je revenais que je me suis aperçu qu’il y avait un pickupderrière notre cour. Ils m’ont tabassé à sang. J’ai perdu connaissance. C’est une heure de temps après que je me suis retrouvé avec des blessures sur tout le corps  et mon bras droit a eu une fracture.  Le véhicule à bord duquel ils sont venus est de couleur blanche et non matriculé. Ils m’ont fouillé et retiré mon téléphone portable. Après ça, ils se sont rendus dans une autre cour à coté pour faire la même chose. Là-bas, ils sont tombés sur une femme qu’ils ont brutalisée. Vraiment c’était incroyable », a témoigné cette victime.

Ce jeune conducteur de taxi-moto a eu la même mésaventure. Thierno Mamadou a eu la malchance de croiser des gendarmes en pleine rue. Il a été volé puis bastonné par les agents.

 « Je quittais Loppet quand j’ai été arrêté par les agents qui étaient postés à Petel. J’ai tenté de fuir mais ils m’ont coincé avec le pickup. Ils m’ont bastonné, ils ont retiré mon téléphone et l’argent que j’avais. Ensuite ils ont gâté ma moto. Ils étaient armés de couteaux et de matraques », raconte cette autre victime.

Ces genres de brigandage se sont produits dans plusieurs autres quartiers de la commune urbaine de Mamou. Depuis le 13 jusqu’à hier plus d’une dizaine de victimes ont été enregistrées dans la ville carrefour.

A Conakry, certains policiers ne sont pas limités aux casses, vols, rackets et autres actes de brigandage, ils ont aussi mis le feu sur des commerces à Koloma, renversés des marmites sur le feu, ou encore des repas. Ils se sont pris également à de vieilles personnes qu’ils ont battues et humiliées.

A Wanindara, les forces de maintien d'ordre déployées sur le terrain ont terrorisé les habitants de ce quartier populeux situé dans la commune de Ratoma. Selon les témoignages recueillis par Africaguinee.com, les forces de l'ordre sont rentrées  dans le quartier et procéder à des arrestations même dans les concessions. D’autres témoins affirment que certains agents ne portaient même pas d’uniformes. « Ils rentrent dans le quartier pour arrêter des gens. Certains d'entre eux ne portent même pas de tenue. Ils nous ont terrorisés ici. Plusieurs citoyens ont été arrêtés dans leurs concessions », a cette habitante de Wanindara.

Les exactions policières sont fréquentes dans ce quartier réputé chaud de la capitale. Au mois de novembre 2018, de peur d’être tuées ou  maltraitées, plusieurs familles avaient abandonné leurs habitations pour fuir les violences policières qui se passaient dans cette zone suite à la mort d’un policier au cours d’une opération de maintien d’ordre. A l'époque, ces citoyens avaient presque tout abandonné derrière eux dans ce quartier Wanindara, en proie à des exactions policières inouïes.

Alpha Ousmane Bah et Habib Samaké

Depuis le Foutah, pour Africaguinee.com

Tel : (00224) 664 93 45 45

 

Créé le 17 janvier 2020 10:35

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