VIH-Sida en Guinée: Médecins sans frontières tire la sonnette d’alarme…

CONAKRY- En Guinée, sur les 11.554 enfants supposés être positifs du VIH Sida, 81% n’ont pas accès à un traitement pédiatrique. Une situation qui préoccupe l’ONG internationale Médecins Sans Frontières (MSF) qui a tiré la sonnette d’alarme ce mardi 08 octobre. Selon MSF, cette couche vulnérable est exposée à des nouvelles infections, à cause du faible financement pour la prise charge médicale.
« En Guinée, le taux de transmission du VIH chez les enfants et des nouveau-nés est de 19%. Alors qu’avec un traitement bien suivi pour toute femme enceinte, ce taux pourrait baisser de 2%. Nous sommes encore très loin de l’objectif inférieur à 2% pour tous les enfants qui naissent de mère positive. Pour la prise en charge pédiatrique, sur les 11.554 enfants qui sont supposés être positifs, seuls 2.157 soit 19% seulement ont été mis sous traitement. Donc 81% de ces enfants ne sont pas encore mis sous traitement », a déclaré la Coordinatrice de Projet VIH de MSF en Guinée, Christine Bimansha, au cours d’une conférence de presse.
Face à cette situation alarmante, la coordinatrice a exprimé de vives inquiétudes sur la baisse de financement pour la prise en charge des enfants vivants avec le VIH/ Sida en Guinée. « Pour la prévention de la transmission de mère à l’enfant, aujourd’hui 706 sites de prise en charge de femmes enceintes ont été ouverts, mais seulement 394 sont opérationnels. Et moins de 10% sont financés par le Fond Mondial », a indiqué Mme Bimansha.
Concernant la couverture médicale dans tout le pays, la prise en charge est principalement concentrée à Conakry. Christime Bimansha regrette la hausse des nouvelles infections aujourd’hui en Guinée avec 7.200 cas par an alors qu’elles étaient de 6.400 nouvelles infections par an jusqu’à 2018.
« Le reste du pays en souffre déjà. En raison du manque de fonds, les actions de dépistages ont été focalisées pour la population clé au détriment de la population générale. L’absence de dépistage et de méconnaissance de son statut entrainent des arrivées tardives dans les structures. Sur les 120 mille personnes vivant avec le VIH dans le pays, seul 48.575 ont été mises sous traitement. Cela signifie que 60% des patients ne sont pas encore mis sous traitement. Ce qui veut dire qu’il y a risque de recrudescence de la maladie avec des nouvelles infections qui pourraient augmenter », alerte-t-elle.
Pourquoi la hausse de la mortalité chez les patients en Guinée ?
Le taux de la mortalité lié au VIH Sida est de 4.400 décès par an selon les chiffres publiés en 2018. Un taux trop élevé qu’elle qualifie de catastrophique, en expliquant la cause. « La Guinée a connu une augmentation de la mortalité de 7% alors que dans la région la mortalité a reculé de 27%. Et dans toute l’Afrique, elle a reculé de 37%. A ce jour, jusqu’en fin 2018, on comptait 4.400 décès par an lié au VIH. Ce qui signifie un décès chaque 2 heures d’un patient qui a le VIH en Guinée. Avec la baisse du financement vous pouvez imaginer les conséquences qui seront encore plus dramatiques pour les personnes vivantes avec VIH en Guinée », explique Christine Bimansha.
En prélude à la conférence internationale de reconstitution des ressources du Fonds Mondial organisé à Lyon du 9 au 10 octobre prochain, le Chef de mission de MSF, Arnaud Badinier a interpellé les bailleurs de fonds. « Si nous voulons accélérer la lutte contre le VIH et la tuberculose, alors les financements doivent être maintenus et je dirais même qu’ils devraient augmenter », a interpellé Arnaud Badinier.
Du côté des associations des personnes infectées par le VIH, la présidente de la Fondation Espoir Guinée, Kadiatou Bodié Baldé a déploré la faible prise en charge médicale des personnes vivant avec le VIH. Elle lance un cri de cœur aux partenaires financiers pour épargner la vie de milliers de personnes qui sont en dangers.
Bah Aissatou
Pour Africaguinee.com
Tél : (+224) 655 31 11 14
Créé le 9 octobre 2019 10:15
Nous vous proposons aussi
TAGS
étiquettes: MSF