Vie des guinéens aux Etats-Unis : Entretien exclusif avec Abdoul Diallo, Président de la GUICA…
NEW-YORK- Quelles sont les difficultés que rencontrent généralement les guinéens vivants aux Etats-Unis ? Comment parviennent-ils à s’intégrer dans ce pays composé de plus de 300 millions d’habitants ? Notre envoyé spécial aux Etats-Unis, a interrogé cette semaine, le Président de l’association des guinéens vivants à New-York, New-Jersey, Connecticut. Avec Monsieur Abdoul Diallo, nous avons abordé plusieurs questions liées à la vie des guinéens aux Etats-Unis…
AFRICAGUINEE.COM : Monsieur Diallo Bonjour !
ABDOUL DIALLO : Bonjour Monsieur Souaré !
Parlez-nous de cette association de Guinéens que vous présidez…
Merci pour l’opportunité offerte. Notre Association s’appelle la GUICA, New-York, New-Jersey, Connecticut, c’est le Guinean Community of America. Cela regroupe ce qu’on appelle le tri – state. C’est le bureau qui gère toutes les trois communautés guinéennes devant les autorités Américaines. Il vient d’être mis en place à l’issue d’une élection populaire de près de 3 000 votants qui avait mis aux prises quatre candidats. Au terme de ce vote, mon équipe a été élue pour gérer les affaires de la communauté pour les trois prochaines années.
Combien de guinéens sont membres de cette association ?
Il faut en ce moment évaluer ce nombre entre 4 à 5 mille personnes, qu’on considère comme membres de la communauté. Pour avoir le nombre exacte, nous sommes entrain de faire un recensement pour effectivement chercher à savoir combien de guinéens, nous avons ici à New-York, new-jersey et le Connecticut, et comment tirer profit de cette démographie.
Quelles sont les difficultés que rencontrent généralement nos compatriotes vivant dans ce pays ?
Nous rencontrons assez de difficultés. Mais surtout sur le plan d’immigration. Beaucoup qui n’ont pas de papiers et qui viennent nous demander de l’aide pour trouver un procès afin de trouver ces documents. Nous avons aussi des difficultés sur le plan du travail. Certains sont d’ordres familiaux. Il ne faut surtout pas négliger le problème d’intégration. Mais quand même notre bureau travaille avec des ONG qui sont sur place pour résoudre ces différents problèmes au cas par cas.
Malgré l’existence de cette association, la division entre les différentes communautés guinéennes est palpable. Quelles sont les mesures que vous envisagez de prendre pour amener vos compatriotes à se départir de ces replis identitaires ?
Peut être auparavant d’accord. Mais depuis l’élection de ce bureau, nous pouvons dire que nous vivons des moments plus apaisés à New-York. Mon équipe et moi avions travaillé dans le sens de dire que les différences politiques ne doivent pas nous diviser en tant que guinéens. Notre bureau œuvre dans ce sens. Pour œuvre, lors de la célébration du 02 octobre (fête de l’indépendance, Ndlr), toutes les ethnies étaient réunies pour cette fête nationale. Nous avons une équipe représentative de toute la communauté. Moi je suis guinéen, je parle les dialectes principales du pays (Soussou, Malinké , Poulaar et Guerzé). Le problème qu’on avait relevé ici, c’était un problème de communication. Quand vous êtes interpellés à New-York, on vous appelle guinéen et non par votre ethnie.
Quels sont vos rapports avec le département des guinéens de l’étranger ?
Le début n’était pas facile. Vous savez, New-York était resté presque dix-huit ans sans un bureau fonctionnel. Maintenant ce n’est plus comme par le passé, où les messages se transmettaient dans les mosquées des communautés. Nous avons un bureau qui coiffe tout le monde. Le début a été très difficile entre ce département et nous. D’ailleurs lors de ma dernière visite en Guinée, j’ai été reçu par le ministre pour une séance de travail. Ensemble nous avons entrepris des contacts avec des sociétés là-bas. Ce qu’il faut retenir ici, le Gouvernement tait confondu à une communauté particulière. Il fallait qu’on soit clair et qu’on dise que ce Gouvernement, c’est pour tous les guinéens, et non la propriété de l’ethnie d’un président ou une autre personne.
Quels sont vos projets pour votre pays, la Guinée ?
Dans le court terme on a des projets ici. Notre objectif, c’est d’organiser les gens ici pour que la Guinée puisse avoir un profit considérable. Nous sommes certainement le pays qui tire le moins du profit de sa diaspora. Quand vous faites un sondage ici, comparativement aux autres pays voisins à la Guinée, les guinéens travaillent et ils ont plus de moyens. Mais nous regrettons le manque d’initiative pour mettre une bonne politique pour aider la diaspora, afin d’en tirer profit. Parmi les 10.000 guinéens qui sont là, au moins quatre mille, soit 40% ont la nationalité américaine. A part cela aussi, on n’a pas de banque, c'est-à-dire des succursales qui nous permettent de déposer de l’argent ici pour construire en Guinée, c’est l’un des plus grands problèmes. Les sénégalais qui sont là et qui font le transport, ils ont une banque ici, pas besoin pour eux de transporter de l’argent en espèces pour aller à Dakar. Il ya aussi des projets dans le secteur de l’éducation, nous avons des enfants qui sont des génies ici. Nous pouvons entre autre parler du cas de Mamadou Diallo qui vient d’être reconnu comme l’un des plus grands programmeurs aux Etats-Unis. Pour ce qui est de la Guinée, nous avons les logements, le transport, surtout des vols directs qui iront jusqu’à Conakry, sans passer vers d’autres pays.
Est-ce vous avez pour ambition de faire comme le Mali, où sa diaspora est représentée au niveau de certaines institutions comme le parlement?
Je crois que cela existe, tout moins sur les papiers. Après notre élection, nous travaillons pour la mise en place du Haut Conseil des Guinéens de l’Etranger. Au fait, il faut reconnaitre que la diaspora doit pouvoir contribuer pour l’émergence de sa Nation. Il faut donc créer un lien qui nous permettra de collaborer ensemble pour aider le pays pour son développement économique, social et éducatif. Le potentiel que la Guinée a ici, les autres pays de la Sous-région ne l’ont pas. Mais le hic, c’est que notre pays n’a pas été capable de tirer profit. Mais Inch Allah (S’il plaît à Dieu, Ndlr) nous allons changer cela.
Comment vous avez vécu les dernières échéances électorales avec tous les problèmes rencontrés du point de vue logistique ou l’éloignement des bureaux de vote par endroit ?
Honnêtement c’était très difficile. Ici à New –York, il faut reconnaitre qu’il n’ ya avait qu’un seul bureau de vote. Tout le monde devrait être là. Le bureau de vote est resté longtemps ouvert pour permettre à tout le monde de voter. On a eu aussi des problèmes, où des gens étaient recensés qui n’ont pas eu de cartes d’électeurs. En gros ça n’a pas été parfait. Mais par contre nous avons réussi à organiser les élections en fonction de nos moyens (…). Après tout, on a tiré les leçons. Je voudrais vous dire que la CEAMI ici a fait tout ce qui est en son pouvoir, contrairement à la CENI qui était là et qui n’a rien fait pour soutenir ce processus , sur le plan financier ou autres. On était obligé de supporter avec nos moyens les personnes travaillant au compte de la CEAMI. La vérité, l’incompétence était notoire de leur côté. Sur le plan communautaire, il n’y a pas eu de problèmes, ni d’incidents. J’étais là comme observateur avec l’Ambassadeur Monsieur Touré. Sur le plan social ça été, mais par contre sur le plan logistique et technique cela n’a pas été facile.
Avez- vous un appel à lancer à l’endroit de vos compatriotes?
Comme je le dis souvent, il faut qu’on sache qu’on est Guinéen d’abord. La politique ou les leaders politiques ne doivent pas affecter nos relations. Nous sommes tous du même pays et qu’on veuille ou non, c’est le même sang qui coule dans nos veines. J’appelle tout le monde à l’unité et à la solidarité pour qu’on travaille la main dans la main pour la Guinée. Je souhaite qu’on ait une communauté solidaire, et qui va contribuer au développement social et économique des guinéens d’ici et du pays. Nous devrions être capables de tirer le meilleur profit de notre pays d’accueil pour le bien de nos compatriotes et frères qui sont restés en Guinée.
Interview réalisée à New-York
Par SOUARE Mamadou Hassimiou
Envoyé spécial d’Africaguinee.com
Tél. : (001) 929 384 5731
Créé le 8 janvier 2016 02:56Nous vous proposons aussi
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