Ukraine : « attaque d’envergure » contre les Russes de Slaviansk
KIEV-L'armée ukrainienne a lancé tôt vendredi une opération militaire sur la ville de Slaviansk pour tenter de rétablir son autorité sur ce bastion de la rébellion armée pro-russe où sont retenus depuis une semaine des observateurs de l'OSCE. Deux militaires ukrainiens ont été tués et deux hélicoptères ont été abattus avec des lance-roquettes portables lors de l'opération, a indiqué le ministère ukrainien de la Défense qui y voit la main de "groupes de sabotages professionnels" et de "militaires ou mercenaires étrangers". Les autorités ukrainiennes exigent des "terroristes" qu'ils "libèrent les otages, déposent leurs armes et quittent les bâtiments", a écrit sur sa page Facebook le ministre ukrainien de l'Intérieur Arsen Avakov, qui a dit se trouver sur place avec le ministre de la Défense Mikhaïlo Koval et le commandant de la Garde nationale.
La "phase active" de l'opération militaire a été lancée à 4 h 30 du matin à Slaviansk et Kramatorsk, poursuit le ministre. "C'est une attaque d'envergure totale", avait auparavant déclaré la porte-parole des rebelles. Le maire autoproclamé de Slaviansk et chef séparatiste, Viatcheslav Ponomarev, avait mis en garde depuis plusieurs jours contre une attaque ukrainienne. Les rebelles qu'il mène y détiennent depuis une semaine une équipe de onze observateurs de l'OSCE, sept étrangers et quatre Ukrainiens. Les négociations pour leur libération n'ont jusqu'ici rien donné. Slaviansk fait partie de la douzaine de villes de l'Est ukrainien sous contrôle des séparatistes pro-russes. Kiev accuse la Russie, qui a déjà mis la main en mars sur la Crimée, de téléguider les troubles, ce que dément Moscou.
Les négociations sur les otages piétinent
La situation en Ukraine et le sort des observateurs de l'OSCE doivent figurer vendredi au centre d'une série de rencontres, notamment entre le président des États-Unis Barack Obama et la chancelière allemande Angela Merkel qui tiendront leur premier tête-à-tête depuis le début de la crise ukrainienne. À Berne, le ministre allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier rencontrera son homologue suisse Didier Burkhalter, actuel président de l'Organisation pour la coopération et la sécurité en Europe. Angela Merkel avait demandé jeudi au président russe Vladimir Poutine de "faire usage de son influence" dans le dossier des observateurs retenus en "otages" alors que les négociations semblent piétiner depuis plusieurs jours.
Jugeant que l'intégrité territoriale de l'Ukraine était menacée, le président par intérim, Olexandre Tourtchinov, a réintroduit jeudi la conscription face à la détérioration de la situation dans l'Est. Peu auparavant, à Donetsk, principale ville de la région rebelle, le siège du parquet régional avait été pris d'assaut en moins d'une heure par une foule de manifestants pro-russes, illustrant l'impuissance croissante des autorités ukrainiennes à assurer l'ordre dans la province en proie à des troubles. Les policiers, qui tentaient de protéger le bâtiment, ont été frappés avant de pouvoir quitter les lieux, désarmés.
Selon les médias locaux, des hommes armés et encagoulés ont pris dans la soirée le siège du parquet de la ville de Gorlivka. Ils ont emporté les ordinateurs et brûlé des dossiers dans la cour de l'immeuble. Les rebelles pro-russes, hostiles au pouvoir mis en place à Kiev après le renversement du président Viktor Ianoukovitch, ont continué ces derniers jours d'étendre leur emprise. Ils contrôlent désormais des sites stratégiques (mairie, siège de la police et des services de sécurité) dans plus d'une douzaine de villes.
Exercices militaires à Kiev
La bataille entre Kiev et Moscou se poursuit aussi sur les fronts militaire, économique ou diplomatique. À Kiev, les autorités ont procédé dans la nuit de mercredi à jeudi à des exercices militaires. Des membres des unités spéciales de la garde présidentielle, à bord d'une dizaine de blindés, ont encerclé le bâtiment du Parlement, et des tireurs d'élite ont été parachutés sur le toit. Soucieux de priver d'arguments les séparatistes, le gouvernement ukrainien a annoncé envisager un référendum sur l'unité de la nation ukrainienne et sur la décentralisation en parallèle de l'élection présidentielle anticipée du 25 mai. La Russie a qualifié l'idée de "cynique" et répété que Kiev devait cesser de "mener des opérations militaires contre son propre peuple", en allusion à l'opération "antiterroriste" lancée par les autorités dans l'Est.
Le Fonds monétaire international, qui avait voté jeudi un plan d'aide de 17 milliards de dollars, a, de son côté, admis que ce plan devrait être "remanié" en cas de perte des régions de l'Est. Selon le FMI, les provinces de l'Est (Donetsk, Lougansk, Kharkiv) représentent plus de 21 % du produit intérieur brut (PIB) du pays et 30 % de sa production industrielle. Conditionnés à des mesures d'économie drastiques, ces 17 milliards de dollars de prêts promis sur deux ans par le FMI à l'Ukraine s'inscrivent dans un plan de soutien plus global de 27 milliards de dollars promis par la communauté internationale (Europe, Banque mondiale…). Une réunion consacrée à la sécurité de l'approvisionnement de l'Ukraine et de l'UE en gaz russe, se tiendra vendredi à Varsovie entre le commissaire européen à l'Énergie, Gunther Oettinger, et les ministres russe et ukrainien de l'Énergie.
AFP
Créé le 2 mai 2014 15:29Nous vous proposons aussi
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