Titi Camara confie : « j’ai dit aux jeunes de mon académie de football… » (Interview)
CONAKRY-Naby Laye Papa Camara s’est éteint dans l’anonymat la semaine dernière à l’âge de 65 ans. L’icône du but majestueux lors du triplé du sacre du mythique club de football ‘’Hafia 77’’ a rejoint sa dernière demeure le dimanche 07 janvier. Aboubacar Titi Camara qui a côtoyé cette illustre personne se souvient des moments passés avec ce footballeur hors norme. Dans cet entretien à bâtons-rompus, l’ancien capitaine du Sily national sans langue de bois est aussi revenu sur le sort réservé aux porte-flambeaux de son pays une fois à la retraite. Lisez !!!
AFRICAGUINEE.COM : La Guinée a perdu une icône en la personne de Papa Camara. Quel souvenir gardez-vous de l’homme, vous qui l’avez côtoyé dans et hors du terrain ?
Aboubacar Titi Camara : Ce n’est pas en une phrase que je pourrais résumer l’Homme. J’ai connu Papa Camara dans le quartier BOKHIDABIRI dans la commune de Kaloum dans ma tendre enfance. J’ai côtoyé Papa Camara à l’AS Kaloum, Corso pour les intimes était l’idole d’une jeunesse guinéenne et africaine tout court. C’est vrai que tout le monde se rappelle du but qu’il a marqué lors du sacre pour le triplé du ‘’Hafia en 77’’ contre les ghanéens. C’est quelqu’un qui a laissé des bons souvenirs dans tous les stades où il a fait des prouesses. J’ai été un grand fan (…), à la fin de sa carrière, j’ai eu à jouer avec lui dans l’As Kaloum avant mon départ pour la France en 1988. C’est quelqu’un qui est resté pour les mordus du cuir rond l’un des meilleurs joueurs du monde à son poste de milieu de terrain. Après cela, je l’ai encore rencontré cette fois-ci au sein du Syli national de Guinée quand il était l’adjoint de Michel Dussuyer en 2004. Papa Camara est connu pour son humilité et le respect envers son prochain, c’est dommage pour sa famille biologique et le football en Guinée.
Il a été longtemps alité, l’avez-vous rencontré avant son décès ?
Oui tout à fait. Vous savez, il y a parfois des choses qui se passent de commentaires. Papa Camara reste l’un des plus grand héros du sport guinéen, il a tout donné à la Guinée mais malheureusement jusqu’à sa mort il vivait dans une maison de location (…), tout cela ne donne pas une bonne image du pays. Certes à leur temps il était difficile de sortir pour aller monnayer son talent ailleurs mais ils ne doivent pas croupir dans la misère quand-même. Il a été de deux générations, celle des années 60 et 80, il a connu la génération de Elhadj Cherif Souleymane et la nôtre. Comme je l’ai dit, il a été un modèle tant sur le terrain et en dehors malgré qu’il soit mort dans des conditions difficiles et misérables. Certes c’est le destin mais je pense qu’il ne mérite pas ce sort.
Avez-vous un message à adresser aux autorités guinéennes et sportives en particulier ?
Nous allons demander humblement aux autorités sportives du pays en l’occurrence la Fédération Guinéenne de Football de donner le nom du centre technique de Football à Papa Camara parce qu’il le mérite et son nom restera immortel. C’est un acte symbolique à accomplir pour ce géant qui vient de s’éteindre.
A vous entendre, c’est comme si vous vous sentez délaissés par les pouvoirs publics à travers Papa Camara ?
Oui tout à fait. Vous savez c’est quelque chose qui met en cause le fonctionnement du pays. Moi je suis rentré au pays il y a 10 ans de cela mais quand je vois tout ce qui arrive à ces anciens je me pose assez de questions. Ils ne méritent pas cela, vous savez qu’il y a des symboles qu’il faut préserver et d’en prendre soins. Au-delà du fait que les pouvoirs publics doivent avoir un regard sur ce genre de personnes mais je dirais qu’il faut plus. Ce monsieur en dépit de tout est resté digne et n’a jamais tendu la main à quelqu’un.
Votre mot à l’endroit des jeunes de Guinée, spécialement aux footballeurs qui veulent être comme vous ?
Une fois j’ai montré des images aux jeunes de mon académie de Football sur le sort qui est réservé aux anciens sportifs, je leur ai dit de se battre pour être à l’abri de beaucoup de difficultés dans l’avenir.
Pour ma part, je remercie le bon Dieu pour le peu que j’ai eu pendant ma carrière, je parviens à vivre avec. On parle de Papa Camara aujourd’hui parce qu’il est mort mais il y a son coéquipier et ancien gardien de but, Abdoulaye Banks qui est aussi gravement malade alité à Ignace-Deen, personne n’en parle. Il ne faut pas attendre le dernier moment pour se bouger et lancer des fleurs à titre posthume à l’endroit des défunts. C’est maintenant qu’il faut agir.
Entretien réalisé par BAH Boubacar LOUDAH
Pour Africaguinee.com
Tel : (+224) 655 31 11 13
Créé le 9 janvier 2018 18:43Nous vous proposons aussi
TAGS
étiquettes: Interviews