Tirs au camp Alpha Yaya Diallo : de nouvelles « révélations » d’un jeune soldat…

Le tribunal militaire de Conakry
CONAKRY-Les adjudants-chefs Oumar Condé et Amara Kalaban, ont comparu ce jeudi 16 février 2017 devant le tribunal militaire de Conakry. Ils sont accusés des faits d’Incitation à commettre des actes contraires au devoir et à la discipline, révolte, vol d’armes et détention illégale d’armes de guerre.
 
Des délits punis par les articles 160,161 et 162 du code de la justice militaire, 414  et 425 du code pénale, 10 et 17 de la loi L/96/008/1998.
 
A la barre, les deux sous-officiers ont tous reconnu avoir effectivement tiré en l’air dans la nuit du 19 janvier 2017 pour attirer l’attention de la hiérarchie militaire sur les conditions de vie des soldats. « J’ai tiré pour attirer l’attention de nos chefs pour l’augmentation des salaires des militaires…J’ai tiré avec l’arme qu’on m’a doté en 2009 », a déclaré à la barre l’adjudant-chef Oumar Condé habillé en civil. Le soldat explique ensuite qu’il prend « trop de bon », preuve selon lui que son salaire est maigre. 
 
Même son de cloche pour son « ami » Adjudant-chef Amara Kalaban, illettré, enrôlé depuis 2002, marié à une femme et père de deux enfants. Il a fallu la présence d’un interprète pour son audition. Il a nié les charges qui pèsent sur lui.  « Reconnaissez-vous les faits ? », lui questionne le juge. « Non je ne reconnais pas », a-t-il répondu. « Pourquoi vous vous retrouvez-ici alors? », enchaine le juge.  « Nous avons réclamé l’amélioration des conditions de vie des militaires », répond le sous-officier.  
 
Le prévenu explique ensuite que dans la nuit du 19 janvier son ami Ibrahima Sory est venu chez lui pour lui dire de venir avec lui au camp. Ce dernier lui a dit que c’est une affaire qui concerne la vie des militaires.
 
 « Je l’ai suivi parce qu’il m’a dit que c’est pour l’amélioration des conditions de vie des militaires. Celui interprète autrement, cela n’engage que lui (…) Nous avons agi pour réclamer l’amélioration des conditions de vie des militaires. Je ne voulais pas partir, mais quand il m’a dit que c’est pour la vie des miliaires j’ai alors décidé de le suivre (…) on a dérangé certains chefs militaires, mais nous étions aussi dans nos droits. Nous n’avions pas d’autres façons de revendiquer pour l’amélioration de nos conditions de vie », témoigne Adjudant-chef Amara Kalaban. 
 
Ministère public
 
« Vous a-t-on enseigné qu’un militaire doit faire des réclamations en procédant à des tirs ? », questionne le procureur militaire. «Non on ne m’a pas enseigné ça », répond le prévenu.  « Pendant les tirs attendiez-vous à ce que d’autres vous rejoigne ? », enfonce le ministère public. « Non je ne connais pas ça…Nous avons tiré pour attirer l’attention de nos chefs sur nos conditions de vie… Si nous avons tiré à quatre, c’est pour ça. Pas pour autre chose », insiste l’adjudant-chef, déclarant plus loin : « A l’heure-là le militaire vit dans des dettes ».  
 
Défense
 
« Pourquoi avez-vous tiré ? », interroge maître Raffi Rajah de la défense.  Répondant à cette question, le prévenu insiste sur ses premières déclarations. A savoir qu’ils ont tiré pour l’amélioration des conditions de vie des militaires. 
« Quel est votre salaire mensuel ? », poursuit l’avocat. 
 
« Je touche un millions et quelques. Mais ça ne fout rien. Quand j’enlève la dépense, payer l’école de mes enfants. Il ne me reste rien. Mon père et ma maman vivent, ils comptent aussi sur moi, je dois chercher leur bénédiction. Ma femme peut tomber malade, je peux tomber malade, mes enfants, mes parents aussi. Depuis 2010, à part notre solde et les denrées, il n’y a rien d’autres. Nous avons une seule tenue que nous portons 7jours sur 7. Depuis 2010, j’ai reçu une seule treillis (…) », révèle le jeune soldat. 
 
Incident
 
Des révélations qui ont irrité la colère du juge qui l’a aussitôt rappelé à l’ordre : « Il faut se cantonner aux faits ! Ce qui se passe dans l’armée n’est pas votre affaire…. il ne faut pas heurter les sensibilités », a hurlé le juge, avant que le parquet ne lui vient en appui. 
 
« L’armée n’est pas une source financière pour le citoyen qui l’intègre. Celui qui est venu dans l’armée pour s’enrichir, il peut s’en aller. C’est ce qu’on nous a enseigné…On vient pour se sacrifier pour sa patrie. Le militaire n’a pas de salaire, il a une solde. Le droit à la démission est aussi accordé dans l’armée. Qui n’a pas de problème dans ce monde ? Restons les faits », a objecté le ministère public. 
 
Face ces objections, maître Rafi Rajah a répliqué en tachant de faire comprendre au parquet et au tribunal qu’il est dans son droit d’interroger à décharge son client. C’est pour ça a-t-il dit, qu’il est important de reconstituer les mobiles de l’infraction.
 
« Il n’y a pas d’exception militaire. Le tribunal militaire fonctionne comme un tribunal de droit commun », estime l’avocat accusant le président du tribunal de prendre position pour l’une des  parties. 
 
Avant la clôture des débats, le prévenu Adjudant-chef Kalaban a déclaré avoir regretté son action et demandé « pardon ». Il dit cependant être content que suite à leur action, tous les militaires ont bénéficié d’une légère augmentation de 20%. « Même si on est enfermé à la maison centrale, du fait qu’il y a eu une augmentation après notre acte, nous sommes contents. Parce que tous les militaires ont bénéficié d’une amélioration de leur solde », a dit le militaire. 
 
Les audiences se poursuivront le lundi février avec les plaidoiries et réquisition. Dossier à suivre…
 
Diallo Boubacar 1
Pour Africaguinee.com
Tel : (00224) 655 311 112
Créé le 16 février 2017 20:30

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