Tidiane Sylla de l’UFR : « Ce scrutin a été un brigandage électoral… » (Interview)
CONAKRY- Le parti dirigé par Sidya Touré va t-il s’allier à l’Union des Forces Démocratiques de Guinée pour barrer la route au RPG Arc-en-ciel ? Qu’est-ce qui pourrait expliquer la défaite de l’UFR à Kaloum et dans bien d’autres circonscriptions de la basse côte ? Notre rédaction a interrogé ce jeudi 8 février 2018 le chargé de communication du parti dirigé par Sidya Touré. Ahmed Tidiane Sylla s’est confié au micro d’un de nos reporters…
AFRICAGUINEE.COM : Les résultats provisoires des élections communales donnent la liste indépendante dirigée par Aminata Touré victorieuse avec 11 sièges à Kaloum. Comment expliquez-vous la défaite de l’UFR dans cette circonscription ?
AHMED TIDIANE SYLLA : Nous prenons ces chiffres qui tombent avec beaucoup de réserve. Nous avons constaté depuis le jour des élections, que ce n’était pas une élection. Des bulletins pré cochés ont circulé dans la ville, vous avez vu l’implication de l’administration, les ministres dans les communes urbaines et rurales, l’armée a voté par dérogation sous prétexte qu’elle votait pour ses amis partis à Kidal. Ce scrutin a beaucoup plus ressemblé à un brigandage électoral qu’à une vraie élection. Nous estimons que ça ne ressemble à rien. Les chiffres qui sont donnés ne reflètent pas le vote des populations.
Voulez-vous dire que Madame Aminata Touré aurait fraudé pour gagner ?
Je ne peux pas le dire parce que je ne sais de quel mécanisme elle est passée pour en arriver là. Kaloum c’est notre bastion. Kaloum a toujours voté UFR. Les résultats de l’élection présidentielle de 2010, les législatives de 2013 en font foi. Je crois que tout ce qui se fraude aujourd’hui dans nos fiefs notamment en basse Guinée, se fait contre l’UFR. Ce n’est même pas Kaloum seulement. A Matam, à Matoto, vous avez vu la pagaille qui a été instaurée la nuit électorale à Matam. Tout se fait contre nous. Quand on veut faire gagner d’autres personnes, on est obligé de frauder contre l’UFR.
A Boffa également l’UFR aurait été battu par un indépendant…
Mais les choses ne sont pas passées dans les règles de l’art. La basse Guinée qui est notre fief, la Guinée forestière aussi (…) tout se joue par-là (la basse Guinée, ndlr). C’est pourquoi, quand vous prenez Boké, Boffa, à Conakry, toute l’administration s’est mise en branle. A cette élection on n’est pas allé pour compétir contre le RPG, on est allé contre le RPG, l’Administration et l’armée. Partout on a saisi des dérogations, des bulletins pré-cochés ont été remises à gens pour voter contre nous. Cela a tout chamboulé. Les PV (procès-verbaux) ont été changés au moment où les gens quittaient les bureaux de vote pour arriver à la centralisation. Tout a été changé !
Vous parlez de brigandage électoral. Est-ce que l’UFR est prête à accepter les résultats de ces élections ?
Ce n’est pas fini encore, les gens sont en train de travailler. Le bureau exécutif se retrouvera pour décider. Lorsque la CENI proclamera les résultats provisoires, le BE se retrouvera pour tirer des conclusions.
L’UFR et l’UFDG semblent être sur la même longueur d’onde pour dénoncer des cas de fraude dont vous auriez été victimes. Est-ce qu’il y a une possibilité que vous fassiez front commun pour contrer cette fraude ?
Quand il s’agit de lutter contre le mal, contre la fraude, l’injustice, tout le monde se met ensemble. C’est normal. Je crois qu’il faut un peu de moral. Les élections, c’est pour permettre aux populations d’élire leurs responsables. Cela fait 12 ans qu’on n’avait pas organisé ces élections. C’était une opportunité de qualifier notre démocratie, mais on a raté le coche. Le monde nous observe. On déplore déjà plus de 5 morts, des maisons brulées, des biens détruits. On n’organise pas ces élections pour ça. Quand il s’agit de lutter contre la fraude, l’injustice, rien de plus normal de faire front commun.
Vous pointez du doigt le RPG arc-en-ciel d’être l’instigateur d’une fraude contre vous. L’UFR serait-elle prête à soutenir le RPG dans le choix des maires ?
Attendons d’abord que les résultats se confirment. Pour l’instant on ne peut spéculer sur cette éventualité.
Sidya Touré a rencontré le Président Alpha Condé. De quoi ont-ils parlé ?
Ce n’est pas une première fois que les deux personnalités se rencontrent. Il faut que les gens arrêtent un peu. Le Président Sidya rencontre souvent le Chef de l’Etat quand il a besoin de le voir. Ils s’appellent, ils se rencontrent. Ce n’est pas parce que c’est arrivé quelques jours après les élections qu’il faut en faire un problème.
Sidya Touré a employé un ton très caustique pour dénoncer cette élection et le rôle néfaste qu’auraient joué l’administration et le RPG pour frauder contre l’UFR. N’est-ce pas pour calmer ses nerfs qu’Alpha Condé l’a rencontré ?
J’ai envie de rappeler que c’est le haut représentant du Chef de l’Etat. Quand il s’agit de politique, chacun revient dans son camp. Nous restons UFR, on n’a pas fondu dans le RPG. On est allé à ces élections sous la bannière UFR, on a présenté nos candidats. Lorsqu’on constate qu’il y a des fraudes, on les dénonce. Mais cela ne veut pas dire que le Président Sidya ne va pas parler avec Alpha Condé parce que jusqu’à preuve de contraire, il est son haut représentant. Il y a des questions qu’il aimerait bien discuter avec le Président de la République.
Qu’est-ce qu’ils ont abordé lors de cet entretien ?
Je n’en sais pas trop !
Il aurait quitté le pays après cette rencontre avec le Président de la République. Dites-nous où est-il allé et pourquoi ?
Il est allé au Mali dans un cadre social. Il sera là en fin de semaine.
Entretien réalisé par Diallo Boubacar 1
Pour Africaguinee.com
Tél. : (00224) 655 611 112
Créé le 8 février 2018 16:13Nous vous proposons aussi
TAGS
étiquettes: Elections locales, Interviews