Téliano : « Alpha Condé avait changé tous ses numéros, il n’écoutait plus personne… »
CONAKRY-Allié du RPG arc-en-ciel depuis les élections communales de février 2018, Jean Marc Téliano, vient de briser le silence sur le coup d’État militaire du 05 septembre 21, qui a éjecté Alpha Condé de son fauteuil de président. Dans cet entretien, le leader du RDIG (rassemblement pour le développement intégré de Guinée) annonce qu’il a rompu son alliance avec le RPG. Selon lui, l’ancien président avait adopté une attitude autoritaire.
AFRICAGUINEE.COM : Comment avez-vous vécu le coup d’État qui a renversé le Président Alpha Condé ?
JEAN MARC TELIANO : Comme tout Guinéen, nous avons été surpris. Je m’attendais à tout, sauf à un coup d’Etat.
Pourquoi ?
Moi c’est par rapport aux différentes révélations que j’ai compris que le Président le moins sécurisé était Alpha Condé. L’impression qu’on nous donnait, c’est comme s’il était le mieux protégé. Or, c’était le contraire. Je ne pouvais pas imaginer qu’en catimini comme ça, qu’on puisse le déloger de la présidence de la République. Parce que ce coup d’Etat n’a pas pris du temps. C’est de 5h à 6h selon les informations. A 10h, c’était déjà fini. Donc tout s’est passé très vite.
Est-ce que vous regrettez son sort ?
C’est quelque chose qu’il pouvait éviter s’il écoutait. Parce que comme vous le savez, c’est seul Dieu qui est puissant, c’est lui le créateur. Alpha Condé pouvait l’éviter, c’est pourquoi on demande souvent d’écouter. C’est ce qui a fait la force du feu président Sékou Touré (1958- 1984), il était à l’écoute de tout le monde même le paysan aux confins de Yomou. Au début, Alpha Condé était à l’écoute du peuple, il décrochait les appels de tout le monde. Mais j’ai été surpris quand il a subitement changé tous ses numéros, il n’était plus à l’écoute des gens qui pouvaient l’informer. Il n’était à l’écoute de personne. Il était devenu autoritaire et il était sûr de son entourage. Pourtant, il ne faut jamais être sûr et certain de quelqu’un, je paraphrase le président Abdou Diouf. Franchement, j’ai été très surpris.
Alpha Condé est aujourd’hui dans les mains de la junte. Selon vous, doit-on le libérer ou le garder pour des mesures de sécurité ?
Cela dépasse mon entendement. C’est la junte qui sait les raisons qui les pousse à le garder. Tout ce que je peux demander à la junte, c’est de respecter son intégrité physique et de l’aider à avoir tous les soins, qu’il ait accès à son médecin et le protéger. Mais pour ce qui est de sa libération ou son maintien, c’est à la discrétion de la junte.
Le Rpg arc-en-ciel et ses alliés se sont gardés de condamner le coup d’Etat. Êtes-vous d’avis ?
Je suis d’avis, c’est la Guinée qui gagne parce que le pouvoir a quitté dans les mains d’Alpha Condé et il est dans les mains de son fils spirituel en l’occurrence Mamady Doumbouya. C’est vrai que je n’ai pas condamné le coup d’Etat mais je demande qu’on protège son intégrité physique, son statut de chef d’Etat. C’est ce que le parti a proposé et c’est ce que nous pouvons dire et attendre la suite des évènements.
Les consultations avec les acteurs des forces vives de la nation démarrent ce mardi avec le CNRD. N’avez-vous pas de préalable telle que la libération d’Alpha Condé ?
J’ai toujours été contre les préalables. On ne peut pas poser un préalable pour un appel. C’est autour de la table que nous pouvons proposer des approches de solution et des solutions à tout évènement. Je répondrai à l’appel aujourd'hui (Mardi 14 septembre 2021, Ndlr) à 10h comme l’ont demandé les nouvelles autorités du pays. C’est après que nous allons nous retirer pour tirer les leçons.
Vous êtes favorable à une transition de longue ou de courte durée ?
Je souhaiterais que le CNRD prenne tout le temps qu’il faut parce qu’il ne faudrait pas que nous retombions dans le perpétuel recommencement en commettant les mêmes fautes du passé. Moi, je voudrais qu’on donne tout le temps à cette transition. Et au vu des premiers communiqués du CNRD, franchement ça porte à croire qu’ils sont bien entourés, car jusque-là il n’y a pas de ratés. Je dirais qu’une transition, qu’elle soit courte ou longue, c’est le bon déroulement de la transition qui compte.
Le RDIG est-il toujours en alliance avec le RPG ?
Ce n’est pas parce que le RPG est au pouvoir ou pas. Notre alliance c’était pour la circonstance mais ça c’est derrière nous. C’était une alliance électorale, déjà que les élections sont derrière nous, il faut regarder devant.
Siddy Koundara Diallo
Pour Africaguinee.com
Créé le 14 septembre 2021 10:12
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