Sud de la Guinée: tension autour de la récupération des domaines de l’Etat à Beyla

BEYLA-La récupération des domaines appartenant à l’Etat fait jaser dans la préfecture de Beyla, en Guinée forestière. Un étudiant diplômé qui réclame la paternité d’un domaine visé par cette opération a été emprisonné en début de semaine sur ordre des autorités, a appris Africaguinee.com.

Kabinet DONZO étudiant diplômé en gestion des ressources naturelles de l’Université de Nzérékoré, a été arrêté le lundi 30 janvier et mis en prison le même jour. Il accuse le préfet de Beyla Lamine CISSE d’abus d’autorité.

Joint au téléphone depuis sa cellule où il est emprisonné, le jeune diplômé confie que le domaine visé par les autorités est une propriété de sa famille. « Cela fait 50 ans que mon père occupe ce terrain », jure Kabinet Donzo.

Les autorités préfectorales de Beyla ont engagé une vaste opération de récupération des domaines appartenant à l’Etat. Cette action passe d’abord par le lotissement, dirigé par les services de l’habitat. Le terrain conflictuel est situé à 1 kilomètre de Beyla sur la route de Kankan.

 « Le préfet a dit qu’il saisit tout domaine qui appartient à l’Etat. Nous sommes restés dans ce cadre les gens sont allés déterrer les piquets que le service de l’habitat avait planté dans le domaine. Le service s’est plaint contre moi. Arrivé chez le préfet il a ordonné de me mettre en prison, c’est là je suis comme ça », relate M. DONZO depuis sa cellule.

Interrogé par notre rédaction, le préfet de Beyla  a indiqué que le domaine visé appartient bel et bien à l’Etat. « C’est un domaine de l’Etat dont les gens sont allés s’approprier. Depuis le régime Sékou TOURE, quand il y’avait un mariage les gens partaient planter de arbres là-bas. Une plante pour l’homme et une autre pour la femme. Même quand il y’avait une naissance les gens venaient également planter pour l’enfant. Ils ont reparti tous les domaines coutumiers, c’est maintenant qu’ils viennent s’attaquer aux domaines de l’Etat. Moi je suis arrivé au mois de mars. Et quand vous les laisser faire, le jour où vous ne serez pas là, quand un autre viendra ils vont commencer à dire que tu as vendu toutes les parcelles. C’est comme ça qu’ils gâtent le nom des préfets », explique le préfet Lamine CISSE, dénonçant le comportement du jeune mis en prison.

« Tout a commencé à cause d’une veille qu’il (le jeune Donzo) a  agressé en disant que c’est son domaine. Alors que ce n’est ni pour lui, ni pour la veille ni le domaine de son père. Moi je ne connaissais même pas ce domaine. C’est quand il y’a eu beaucoup d’histoire autour que j’ai fouillé les archives et j’ai trouvé que c’était pour l’Etat. Lui il dit que c’est son père qui lui a donné une portion là-bas. Comme c’est un vaste domaine, moi j’ai dit au directeur de l’habitat que je mets en défense puisque les gens font des histoires pour ne pas qu’ils s’affrontent. J’ai dit que quand tout sera calme, ils vont  aller faire le lotissement comme le domaine est très vaste, on va réserver une bonne partie pour l’Etat les reste on reparti aux éléments qui sont en jeu », temporise M. Cissé.

Expliquant les raison de l’emprisonnement du jeune Kabinet DONZO, le préfet de Beyla a indiqué qu’il a voulu agresser le Directeur de l’habitat alors qu’il avait tort. « C’est là je l’ai mis à la disposition de la police, il a été enfermé. Il ira avec la police remettre les piquets qu’il a enlevé à leur place pour qu’il soit libéré si non les autres prendront l’exemple sur lui pour faire du n’importe quoi », prévient le préfet, ajoutant qu’il avait pourtant accordé plus d’une semaine à tous les citoyens pour qu’ils apportent les preuves prouvant que les parcelles leur appartiennent.  Mais personne ne s’est exécuté.

Saisi par notre rédaction, le directeur de l’habitat et de l’urbanisme, Emile MASSADOUNO a donné les mêmes explications que le préfet. Mais pour le jeune Kabinet, les autorités veulent l’intimider pour le pousser à abandonner le domaine.

Affaire à suivre…

SAKOUVOGUI Paul Foromo

Correspondant régional d’africaguinée.com

A Nzérékoré.

Tel : (00224)  628 80 17 43

Créé le 2 février 2017 10:08