YOMOU-La ville de Yomou, une agglomération située dans le sud pays a été le théâtre d'un soulèvement populaire dans la soirée de ce jeudi 09 Mars 2017.
Armée de machettes, gourdins, et d'autres armes blanches, une foule agitée a saccagé la gendarmerie et la résidence du préfet, sous les yeux impuissants des agents de sécurité. Tout est parti d'un fait divers qui a viré au drame.
Un jeune qui soupçonnait son beau-frère de sortir en concubinage avec sa deuxième femme a tiré sur lui. Ce dernier est mort sur le coup. Le meurtrier qui a aussitôt pris la poudre d'escampette a été rattrapé et conduit à la gendarmerie de Yomou. C'est là qu'une foule immense réclamant sa peau est venue pour venger celui qui est mort. N'ayant pas pu mettre main sur lui, ils ont pris à partie les locaux de la gendarmerie avant de se rendre au domicile du préfet.
"Il y'a de cela 5 jours que le jeune LAKPALA a tiré à bout portant sur son ami Albert. Il l’accusait de sortir avec sa femme. Mais ce sont des beaux. Le tireur est marié à la soeur de la victime. Il l'accusait de sortir avec sa deuxième femme. Donc quand il a tiré sur lui, ce dernier a rendu l’âme et lui à son tour, il a pris la poudre d’escampette. Il y a trois jours qu’on le recherche, c’est hier soir qu’on l'a appréhendé dans le village de ses beaux à Worokoura. Il a donc été envoyé à la gendarmerie par le secrétaire général de la jeunesse sous l’instruction du chef secteur. C’est ce qui n’a pas plu à la jeunesse. Certains se sont mis à insulter (…). Il y a donc eu une mobilisation sans précédent autour de la gendarmerie. Et finalement, ils ont mis à sac la gendarmerie d’abord, en suite la résidence du préfet. Rien n’a été obtenu. Ils ont tout perdu et le domicile du commandant de la gendarmerie également. Tout a été saccagé. L’acte s’est produit entre 20 heures et 00 heures puisque moi j’ai quitté les lieux dans les environs de 1 heure. Le renfort est venu, la gendarmerie régionale et les bérets rouges. Les investigations ont commencé", a relaté le président de la délégation spécial de Yomou, Mr. KPOGHOMOU Mathieu.
Joint au téléphone par notre rédaction, le premier responsable administratif de cette préfecture qui s’est réfugié au camp militaire de Yomou avec toute sa famille a donné sa version des faits.
"C’est hier à 19 heures que j’ai reçu un appel de la part de mes services de sécurité, m’informant qu’un jeune avait abattu à bout portant son amis et qu’il était recherché depuis lundi. Le jeune qui a commis le meurtre accusait sa victime de sortir en concubinage avec sa femme. Et de dispute en dispute, de plainte en plainte, finalement, il a tiré sur son ami et est rentré en brousse avec le fusil. Donc il était devenu un danger pour la population qui s’est mobilisée pour le rechercher et à le mettre hors d’état de nuire. Hier soir il a été appréhendé et escorté jusqu’à la gendarmerie par les villageois", a expliqué le préfet.
Et de poursuivre : "Brusquement, on a vu une foule qui venait de ce village et qui a demandé l’appui de certains loubards de la commune urbaine. Ils sont allés envahir le bureau de la gendarmerie. Ainsi, un dialogue s’est engagé entre l’équipe qui était de garde et la foule. Ils demandaient à ce que l’assassin soit remis à leurs dispositions pour le mettre à tabac. Les négociations n’ayant pas réussi, la foule a replié chez le commandant de la gendarmerie où elle a saccagé la résidence et vandaliser tous ses biens. Le commandant était absent. Cela n’a pas suffit à la foule.
Ils ont dit bon comme on n’a pas retrouvé le commandant ici pour qu’il mette à notre disposition l’assassin, allons voir le préfet. Donc une foule immense dans laquelle on pouvait dénombrer 600 jeunes révoltés, s’est rendu à ma résidence et dès que j’ai entendu le bruit de mon portail en train d’être cogné, je me suis enfermé avec ma famille. Entre temps, ils sont venus entourer la résidence, défoncé les portes métalliques, cassé les vitres et nous suivre dans les chambres. j’ai ouvert la porte, je me suis prêté à toutes les éventualités. Ils m’ont donc demandé de contacter mon commandant de la gendarmerie et le commandant d’infanterie de Yomou pour que l’assassin qui est en détention leur soit remis.
J’attire votre attention que dans toute cette foule, nombreux étaient munis de machette, de gourdins et de bâtons. Certains même détenaient des lances pierres. J’étais sous menace. On brandissait sur ma tête des machettes, des gourdins pour me dire rapidement de donner les instructions au commandant de la gendarmerie pour que l’assassin sorte et qu’il soit lynché. Mais avant qu’ils ne rentrent dans la cour, j’avais déjà fait appel aux services de sécurité. Donc il fallait jouer aux scénarios, pour les retarder. Nous sommes restés dans ces discussions, l’équipe de la sécurité est venue. Avec des coups de sommation, finalement la foule s’est dispersée comme s’il y avait personne. Il y a un gendarme qui m’a demandé la clef de ma voiture de commandement. On m’a fait embarquer avec ma famille. Juste à la sortie, la foule qui s’était cachée quelque part est revenue attaquer ma voiture. Ils ont jeté des cailloux, un peu partout, les vitres et parebrises ont été cassées mais avec la sérénité du gendarme, on a pu s’en sortir et rentrer au camp où j’ai passé la nuit au milieu de la cour avec ma famille, entouré de militaires", a confié le préfet M. Moustapha Foromo CONDE.
A l’heure actuelle, cinq véhicules sont venus de Nzerekore à la rescousse de la compagnie mobile d’infanterie de Péla, raconte-t-il. Tous les lieux administratifs et stratégiques sont sous contrôle de la sécurité, la ville est calme et l’enquête a été ouverte. Il faut signaler que le crime a été commis à Koliyé, un village situé à une dizaine de kilomètre de la commune urbaine de Yomou.
SAKOUVOGUI Paul Foromo
Correspondant régional d’africaguinee.com
A Nzérékoré
Tél. : (00224) 628 80 17 43
Créé le 10 mars 2017 20:36