Société : Les populations des zones minières dépendent t-elle des unités industrielles ?
FRIA- L’analyste et maître de conférence dans certaines Universités guinéennes, Dr Ibrahima Diallo a fait une analyse de la situation que vit la préfecture de Fria depuis l’arrêt du fonctionnement de l’usine d’alumine. Dans une interview qu’il a récemment accordée à certains de nos confrères, Dr Diallo a exprimé son regret de voir que les populations ont tendances à croire que les unités industrielles installées dans leur localité doivent se substituer à l’Etat en s’occupant des services sociaux de base.
“Une unité industrielle constitue souvent source de bonheur dans une localité, elle crée de l’emploie pour les fils du terroir, contribue à la formation et à la couverture sanitaire des populations riveraines et facilite l’accès des populations aux services sociaux de base. Mais de l’autre côté elle crée dans l’esprit des populations une dépendance totale. Ces habitants abandonnent tout et attendent tout de l’usine. Cela crée d’énormes difficultés car il est hors de question qu’une unité industrielle puisse jouer le rôle de l’Etat et des populations“ a indiqué cet Universitaire.
Parlant du cas spécifique de la cité d’alumine de Fria, Dr Ibrahima Diallo a insisté sur le fait qu’une la vie d’une entreprise est limitée dans le temps, et est aussi fonction du nombre de ses travailleurs, ainsi que des réalités sur le plan international.
Pour ce maître de conférences, l’arrêt de l’unité industrielle de Fria est dû en grande partie au fait que l’usine ne pouvait ne pouvait plus supporter ses charges qui ne cessaient de croître du jour au lendemain.
“A l’époque le rêve de chaque jeune de Fria était de travailler à l’usine. Ils n’ont malheureusement pas projeté la vie de Fria sur l’avenir, prévoir qu’avec l’augmentation de la population et la flexibilité du marché international, car il s’agit de matières premières, que cette usine qui a une capacité limitée ne pouvait point continuer à supporter les charges qui croient de jour en jour“ a estimé Dr Ibrahima Diallo.
Parlant de la forte augmentation de la population de Fria, Dr Diallo pose une interrogation : “Comment voulez-vous que les autorités de cette unité industrielle puisse à la fois supporter les charges de l’usine et celles d’une population qui s’est habituée à la gratuité de tout ?“ Selon lui, cela est pratiquement impossible. “L’usine s’occupe de ses travailleurs, paie ses taxes et impôts mais elle ne peut pas se substituer à l’Etat en donnant gratuitement de l’eau et de l’électricité à toute la population“ a-t-il rappelé.
Pour cet Universitaire, les populations de Fria, singulièrement les jeunes, n’ont pas sût profiter de toutes les opportunités qui étaient à leur portée grâce à la présence de cette unité industrielle dans leur cité. Selon lui, la vie d’une unité industrielle n’étant pas éternelle, les jeunes de Fria auraient pu développer d’autres secteurs d’activité. Aux dires de ce scientifique, la vie des populations de Fria ne doit pas être liée au fonctionnement de cette unité industrielle.
“Nonobstant les charges sociales de plus de 10 millions USD que Rusal supporte et qui n’a rien à voir avec la production de l’alumine, le collège syndical déclenche une grève qualifiée par la justice guinéenne d’illégale. Aujourd’hui cette usine est aux arrêts et c’est toute la ville qui est affectée, heureusement pour le moment les autorités de Rusal assurent la desserte de la population en eau et en électricité à une partie de la ville de Fria“ a poursuivit Dr Ibrahima Diallo.
Avant de conclure, ce maître de conférences a estimé que le cas de Fria doit servir d’exemple aux autres localités abritant des sociétés minières comme Kamsar, Sangaredi ou Dinguiraye.
“Il faut diversifier et entreprendre d’autres activités génératrices de revenus, une usine qui emploi un nombre limité de travailleurs ne peut pas faire vivre toute une ville. Vous avez par exemple Friguia y compris les sous-traitants qui emploie près de 3000 travailleurs, est-il possible que ce nombre parvienne à faire vivre une ville de plus de 120 mille habitants ?“ s’est t-il interrogé.
Africaguinee.com
Créé le 14 mars 2014 15:36Nous vous proposons aussi
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