Situation sociopolitique en Guinée : Le Khalife général du Foutah brise le silence…(Interview exclusive)

El hadj Bano Bah

CONAKRY- La Khalife général du Foutah vient de briser le silence ! Au lendemain des violences survenues dans plusieurs villes de l’intérieur du pays et dans la capitale Conakry, El hadj Bano Bah a livré un message. Dans une interview exclusive accordée à notre rédaction, le Khalife du Foutah a lancé un appel à l’endroit du Président Alpha Condé. A bâton rompu, El hadj Bano Bah a également abordé d’autres sujets liés à l’actualité sociopolitique du pays. Exclusif !!!


 

AFRICAGUINEE.COM : El hadj Bano Bah bonjour !

EL HADJ BANO BAH : Oui bonjour !

Vous avez été intronisé à l’unanimité comme le Khalife Général du Foutah depuis le 23 Mai 2015. Depuis cette date sur quoi travaillez-vous réellement ?

Cette confiance qui est portée sur ma personne n’est pas un travail individuel, c’est dans l’union que les décisions s’exécutent avec l’ensemble des sages du Foutah. Personne ne peut mener une démarche correcte sans écouter ses conseillers. Je prie Dieu de me cadrer pour ne pas commettre des choses qui me mettront en mal avec Dieu lui-même.

N’importe qui se réjouirait des fonctions qui lui sont confiées en oubliant sans doute les dérives qui pourraient naître de sa gestion. Mais si vous écoutez les uns et les autres, vous n’allez pas vous heurter contre un obstacle. Ça te permet de contourner Cheytan (Satan, ndlr). C’est le bienfait qui se partage, le mal retourne toujours contre son auteur. Pour être clair, je suis inquiet de rater ma mission, c’est pourquoi je me réfère à mon entourage et l’ensemble du Foutah avant d’agir. Chacun joue un rôle important. Dans la vie rien n’est éternel : le pouvoir, la santé, la fortune etc.

Pour revenir à votre question, depuis mon intronisation, la mission réelle c’est d’œuvrer pour la paix, l’harmonie, la quiétude. Vous savez, les sources de conflit sont connues de tous. Si on vous dit du bien à votre endroit, on ne cherche pas à savoir si vous êtes content. Si on vous frustre aussi, on connait sans doute votre état d’âme. Donc, c’est facile de se faire des amis et des ennemis. Tout dépend de ce que vous voulez.

A cet effet, j’avoue que le message est bien compris par tous,  si nous  assistons à la quiétude  avec la situation politique tendue, c’est parce que les citoyens ont voulu accepter nos conseils, chacun vaque à ses occupations. Parce que c’est seulement la paix et l’harmonie qui ont des avantages pour nous. Si l’entente n’est pas là, c’est tout le monde qui souffrirait. Aujourd’hui c’est palpable, chacun a mis son grain de sel pour maintenir la paix, c’est ce fruit que nous consommons aujourd’hui.

Nous avons compris que ce sont nos biens qui sont exposés, si nous sommes attaqués, nos biens sont ruinés, si nous attaquons, c’est également nos bien qui seront ruinés. Le prophète Mohamed paix et salut sur lui a dit : «  ne fait pas du mal à ton prochain, ne paye pas le mal qu’on t’a fait, adoptez un bon caractère avec l’esprit de tolérance ». Avec une attitude pareille, nous vivrons dans la tranquillité, c’est ce qui nous inspire à prôner la paix. C’est notre bonheur. D’ailleurs c’est le moment et lieu de remercier les sages qui nous aident dans ce sens, la jeunesse et les femmes qui ont accepté ces conseils. C’est le résultat que nous vivons aujourd’hui.

Nous avons demandé à tout le monde de ne pas faire des provocations et de ne pas répondre s’ils sont provoqués. Et si un groupe veut vous agresser, courez vers ceux qui amènent la paix.

Peut-on dire que ce sont vos conseils qui ont abouti à ce calme généralisé au lendemain des élections dans le pays ?

Ne me plongez pas dans la mer.  Toute personne dotée de faculté intellectuelle, comprendra la portée de la chose sans qu’on ne l’expose où qu’on ne revendique le calme observé.  C’est tout.

Nous savons que les sages et les patriarches font l’objet de convoitise de la part des hommes politiques en Guinée. En tant que Khalife du Foutah, quel genre de relations entretenez-vous avec les différents leaders politiques ?

Moi je ne suis pas politicien, ceux qui font la politique savent que leur place n’est pas là. Ici ce sont les affaires sociales qui nous intéressent. On sait que pour faire la politique, il faut mentir, il faut insinuer (…). Moi je ne suis pas prêt à traiter avec quelqu’un qui a des aspirations dans ce sens. Notre position à l’égard des politiques, c’est qu’ils nous donnent la paix et l’harmonie. C’est ce que nous attendons d’eux, parce que la paix n’a pas de prix.

Comment expliqueriez-vous par exemple les violences survenues dans plusieurs villes de l’intérieur du pays et dans la capitale Conakry, en marge des élections présidentielles ?

Vous devez savoir que le khalife et les sages ne gèrent pas la politique. Ce n’est pas de notre ressort. J’ai tout dit, il faut que tout le monde s’arme de tolérance, de pardon pour préserver la paix, c’est le seul moyen d’éviter les violences dans le pays. Débarrassons-nous de la haine qui est source de violence. Partout où il y a eu des problèmes de ce genre dans le monde, c’est du fait que chacun se dit être victime et tente de se venger ou se faire justice. A notre âge j’insiste encore, notre rôle c’est de prôner la paix, rien d’autre.

Au terme des élections, le président sortant Alpha Condé a été réélu pour un second mandat de cinq ans. Un message à son endroit ?

Nous demandons au Pouvoir de faire tout ce qui pourra unir le pays et le conduire sur le chemin du développement. La vie est ingrate, si tu es là aujourd’hui, ce n’est pas évident que tu sois là demain. Donc faisons en sorte qu’il n y ait pas de bruits dans le pays. Tout ce qui peut développer, travaillons dans ce sens.

Le Foutah qui était réputé pour sa sainteté est aujourd’hui en proie à une vaste transformation sociale, mêlée à la dépravation des mœurs et coutumes. Qu’en dites-vous ?

Nous disons aux uns et aux autres de ne pas garder quelqu’un de mauvaise foi chez eux. Ceux qui violent,  commettent des actes de dépravation vivent dans des familles, chacun connait le comportement des membres de sa famille, il revient aux chefs de famille de prendre leur responsabilité. Le prophète Mahomet a dit « c’est parmi vos progénitures et vos biens que viendront la souffrance de vos âmes ». Si tu as des enfants que tu n’éduques pas, tu auras sans doute ta part quand ils commettront des crimes.

L’autre aspect, il ne faut pas que la sécurité et ceux qui s’occupent de la loi relâchent des malfrats arrêtés. Tout cela constitue des menaces pour les paisibles populations,  qui arrêtent souvent les personnes de mauvaise de foi et qu’on libère après. C’est grave.

On accuse aussi des religieux d’intervenir très souvent en faveur de ces malfaiteurs. Qu’en dites-vous ?

Si cela s’avère vrai, alors ce n’est pas chez nous ici à Pita, je ne dis pas ailleurs. C’est moi le doyen aujourd’hui, je l’ai dit en haute voix, quiconque va à la gendarmerie ou à la police plaider pour quelqu’un qui est en infraction, que la sécurité  agisse en guise de sanction contre ceux qui plaident. Ici un signal fort est envoyé, il n’est pas question de plaider pour les mauvaises personnes. Ici chacun fera ce qui est juste. C’est l’impunité qui est à la base de beaucoup de problèmes.

Vous êtes témoins aujourd’hui de la division, de l’ethnocentrisme qui frappent le pays. Quelle lecture faites-vous de cette « triste » situation ?

Je suis conscient de cette situation, il faut mettre fin à l’ethnocentrisme, en véhiculant des messages forts. Avant toutes les régions étaient liées par des affaires sociales, il faut que cela revienne. En ce qui nous concerne, on fait de notre mieux : c’est la tolérance. C’est ce que nous faisons à travers le Foutah. Pour preuve, tous les ressortissants des autres régions sont honorés ici.

 Si je prends le cas spécifique de Pita, ce que je vous dirai sans risque d’être démenti, ici l’ethnie n’est pas à l’ordre du jour, il n’y a pas d’étrangers à Pita. Pas de Peulhs, de Soussous, de Malinké, de Forestiers, de Landouma etc…Il n’y a que de fils du pays ici. Un exemple, si les cérémonies d’un natif de Pita et un ressortissant d’une autre région coïncident le même jour, on donne la priorité à celui qui est venu d’ailleurs quelque soit son rang social, qu’il soit simple citoyen ou fonctionnaire, on termine par chez le natif d’ici. C’est connu de tout le monde. C’est comme ça nous vivons ici. C’est comme ça que tout le pays doit se conduire.

Quel est message de la fin ?

Que chacun comprenne, qu’il soit politicien, commerçant, fonctionnaire ou quoique ce soit, il doit savoir qu’il rendra compte à Dieu et la vie n’est pas éternelle, la vie ici bas n’est qu’un simple passage. Tout ce que vous faites dans la vie d’ici bas vous attend à l’au-delà. Que chacun prenne conscience pour bien faire son travail.

Vous les journalistes aussi, faites en sorte d’unir tout le monde à travers votre métier, ne faites en sorte que des tensions montent.

El-Hadj Bano Bah merci

Merci à vous aussi.

 

Interview réalisée par Alpha Ousmane Bah

Correspondant régional d’Africaguinee.com

A Labé

Tel : (00224) 657 41 09 69

 

 

Créé le 11 novembre 2015 15:08

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