Situation politique en Guinée: Baidy Aribot de l’UFR se prononce… (Interview)
CONAKRY- Qu’est-ce qui a motivé la fusion entre l’UFR de Sidya Touré et l’AFAG de Baidy Aribot? Quelles sont les ambitions de la nouvelle formation politique issue de cette fusion? Dans cette interview exclusive accordée à notre rédaction, l’élu de la circonscription de Kaloum, Baidy Aribot, revient sur cette fusion et aborde également d’autres sujets liés à l’actualité nationale.
AFRICAGUINEE.COM: Monsieur Baidy Aribot bonjour!
BAIDY ARIBOT: Bonjour Monsieur Diallo!
Votre formation politique, l’Alliance des Forces d’Avenir de Guinée a fusionné avec l’Union des Forces républicaine (UFR) de Sidya Touré. Concrètement peut-on parler de fusion ou de fonte de l’AFAG dans l’UFR ?
Bon quelque soit ce que vous donnez comme assertion à cette démarche politique, l’AFAG et l’UFR sont devenues un seul parti. C’est ça l’objectif. Fonte ou fusion, c’est peut-être la forme de déclaration, mais l’AFAG et l’UFR sont devenues un seul parti politique. Et ils vont avoir une vision commune, des objectifs communs. Nous allons travailler dans le sens de qualifier davantage les formations politiques de l’opposition vers l’alternance en 2015.
Dans cette fusion, le nom de votre parti disparait complètement. Est-ce qu’on pourrait dire que l’AFAG est définitivement enterré ?
Ce n’est pas important. Ce qui est important, c’est l’objectif. Ce qui est important ce sont les réalités politiques qui ont conduits à cette fusion. Ce qui est important ce sont les motivations réelles des militantes et responsables de ces structures pour travailler en commun main dans la main vers de meilleurs objectifs possibles.
Quelles sont les motivations réelles de cette fusion ?
C’est d’abord les réalités politiques. Aujourd’hui, l’évolution de l’environnement sociopolitique de notre pays commande à ce que évoluions vers les grands ensembles politiques. Parce qu’il ne sert à rien de travailler cahin-caha dans les sphères politiques souvent appartenant aux mêmes fiefs. Mieux que ça, ça ne sert à rien que nous nous tapions la poitrine par rapport à l’existence d’un parti donné ou de deux partis donnés qui ont les mêmes visions, les mêmes démarches.
Moi quand j’ai crée l’AFAG, honnêtement j’avais pour objectif d’apporter un plus au paysage politique guinéen. Au fur et à mesure que je me suis retrouvé dans la gestion des réalités politiques sur le terrain, je me suis aperçu que dans notre pays, les préoccupations de nos populations sont ailleurs. Mieux que ça je pense que nos populations se demandent aujourd’hui pourquoi il y a autant de partis politiques sur le terrain, alors que les partis qui sont dans les mêmes obédiences pouvaient se donner la main pour mieux qualifier davantage l’efficacité de leur structure. C’est pour cela qu’on a envisagé cette fusion. L’UFR et l’AFAG ont travaillé depuis longtemps main dans la main. Nous avons travaillé lors des élections législatives passées. Aujourd’hui nous travaillons ensemble dans l’opposition républicaine. Nous travaillons en parfaite harmonie avec les autres partis de l’opposition républicaine. Nous avons les mêmes réalités sociologiques, nous avons les mêmes options et les mêmes objectifs politiques. Et puis nous appartenons tous à la sensibilité des libéraux-républicains. Donc, toute chose qui commande à ce que nous discutions pour voir comment on allait rendre plus efficace notre action sur le terrain. C’est ce qui a commandé notre fusion. Cela dit : c’est une première pour le moment dans notre paysage politique. Il y a des alliances certes, mais c’est la première fois qu’on envisage une fusion.
Notre objectif, c’est non seulement d’élargir les bases de nos structures politiques, mais mieux, donner plus d’impact à notre représentativité sur le terrain dans le cadre des futures échéances électorales.
Quelle sera votre fonction au sein de l’UFR ?
Je serai le nouveau secrétaire exécutif de l’UFR. Parce qu’il y a eu la restructuration du parti lors des Etats-Généraux de l’UFR qui a prévu la mise en place d’un secrétariat exécutif et puis d’un poste de président et de quatre vice-présidents. Ce qui nous permet d’aller de plus près vers nos militants et puis de les motiver par rapport aux échéances électorales à venir.
Vous serez donc la deuxième personnalité de l’UFR ?
A proprement parler, je pense que ce n’est pas ça. Je pense qu’il y a avant le président, il ya aura les quatre vice-présidents et le secrétariat exécutif. Ce secrétariat va travailler en coordination avec les secrétariats sectoriels sur la gestion courante du parti, la mobilisation des militants du parti vers l’objectif qui sera défini pour chaque échéance électorale. Et aussi au quotidien faire en sorte que le parti soit présent sur le terrain.
Parlant toujours de cette fusion, certaines indiscrétions disent que votre arrivée au sein de l’UFR aurait causé quelques mécontentements. Qu’en est-il réellement ?
Je ne suis pas au courant de ça. J’étais au bureau exécutif de l’UFR samedi quand il y a eu cette fusion. Je pense que tout le monde a approuvé ça. Ceux qui parlent de frustration, je pense que les gens doivent avoir maintenant une vision maximaliste. Il faut qu’on sorte des considérations de personnes ou des problèmes d’égo, des petites discussions de salon et qu’on voit les choses de façon plus large. Qu’on ait les mêmes objectifs pour que l’alternance en 2015 soit du côté de l’UFR et que l’UFR soit un parti qui compte davantage dans le paysage politique du pays. Il faudrait qu’elle s’ouvre à d’autres formations ou associations pour pouvoir élargir sa base. Maintenant ceux qui pensent que l’UFR peut rester dans ce schéma immobile, (se trompent). Mais je pense que mon cas ne peut pas poser problème. Déjà tout le monde me connait, tous les membres du bureau politique de l’UFR et toutes les structures de base me connaissent. Ma proximité avec ce parti ne date pas d’aujourd’hui. Donc, je ne vois pas pourquoi ça frustre ou qui ça peut frustrer.
Il se dit également que la coordination de la basse côte s’était fortement impliquée pour faciliter ce mariage politique. Que répondez-vous ?
Non ! Le problème n’est pas là-bas. Moi je ne suis pas du tout dans ces débats de coordinations. Je suis quelqu’un qui n’est vraiment pas dans les débats de replis identitaires. J’ai vécu à Conakry de mon enfance jusque maintenant, mais franchement je suis très loin de ces préoccupations régionales ou ethnocentriques. Je ne vois pas pourquoi les coordinations vont se mêler dans la gestion d’un parti politique. Si la coordination de la basse Guinée pour laquelle j’ai un respect, doit travailler, je pense que c’est en dehors des partis politiques. Elle peut travailler dans le cadre social pour aider plus les populations de la basse Guinée dans d’autres domaines, sans se mêler de la politique. En tout cas moi, ma vision, ma manière de faire en politique et certainement mon tempérament ne m’amènent pas dans de tels débats. Je ne suis pas en politique pour être président de la basse côte ou être premier en Basse côte. Je travaille parce que je pense que la Guinée est une et indivisible. Et, je veux que tous les guinéens soient autour d’un idéal commun et dépasser les considérations ethno-régionales.
Quel est votre avis sur la candidature unique de l’opposition en 2015 ?
Oui, j’ai toujours dis que c’est un débat qu’il ne faut pas occulter. L’opposition doit débattre de cette question de candidature unique. Mais elle doit débattre aussi de la candidature plurielle. Toute chose qui peut amener les partis de l’opposition à être ensemble même dans la différence. Vous pouvez ne pas être d’accord, mais ça ne veut pas dire que vous n’êtes pas de l’opposition. Ce combat nous le menons pour avoir une meilleure stratégie pour faire partir Alpha Condé. Si d’autres pensent que ce n’est pas la meilleur option possible, ils sont libres de donner leurs positions. Mais ce n’est pas une position figée ni à imposer. Je voudrais que, toute question qui peut amener l’opposition à se diviser, il faudrait en débattre pour trouver un meilleur répondant. Il ne faut pas avoir peur des débats au sein de l’opposition, il y’a des questions qui rassemblent il y’a aussi des questions qui fâchent. Mieux que ça l’essentiel c’est que l’opposition soit dans le même schéma politique pour l’alternance en 2015. Il faut privilégier l’intérêt général de l’opposition par rapport au changement et il faut privilégier l’intérêt des sympathisants de l’opposition qui aspirent à ce changement. Que des petites querelles de positionnement en termes de débat ou de questions qui fâchent ne détournent pas de l’objectif. Il faut oser aller vers plus de débat et d’ouverture possible qui permettront à l’opposition de discuter et d’appréhender l’avenir avec plus de sérénité.
Selon vous qu’est ce qui empêche ce débat aujourd’hui ?
C’est parce que officiellement ce n’est pas arrivé au sein de l’opposition républicaine. Le problème n’a été posé, c’est un problème qui a été relayé par la société civile et qui a été discuté par les journalistes.
Sur ce débat, sur la stratégie de la candidature unique, il faut prendre en compte ce que le président Lansana Kouyaté de PEDN a dit. L’opposition ne doit pas accepter le système électoral actuel. Si nous travaillons sur ce système électoral auquel Alpha veut nous conduire, c’est pour nous amener à l’abattoir. Il faut le refuser, c’est fondamental pour l’opposition. Tout ce qui est mis en place depuis 2010 par le régime pour organiser les élections avenir n’arrange pas l’opposition et il y’a de plus en plus des éléments qui nous confrontent dans cette position que les élections ne seront pas transparentes, par Exemple : la manière dont la CENI fonctionne actuellement. Aujourd’hui, la CENI n’est pas une structure électoraliste impartiale, elle est complètement phagocytée par le pouvoir en place.
Parlant de cette institution électorale quel est votre avis sur le recrutement de l’opérateur technique GEMALTO pour la gestion du fichier électoral en prélude à la présidentielle de 2015 ?
Moi je ne suis pas tout proche de ce dossier de recrutement de GEMALTO. Mais le problème, ce n’est pas l’appel d’offres ni GEMALTO. Mais le problème ce sont les réalités du terrain, parce que c’est ce qui commande les élections. Les élections sont décidées au niveau de la présidence, ce que la CENI doit faire est décidé à la présidence même le choix de ces opérateurs est décidé à la présidence. Tout est complètement pris en main à la présidence. Rien ne peut aller dans le sens de rassurer l’opposition que les élections prochaines seront transparentes. C’est pour cela qu’il faut complètement rejeter ce système électoral. Nous avons déjà posé le problème et c’est pour cela que nous avons menacé de redescendre dans la rue si jamais nos revendications ne sont pas satisfaites.
Le président Alpha Condé dit qu’il n’acceptera pas les manifestations pendant cette période d’Ebola. Votre réaction ?
Oui mais le problème est que la CENI travaille déjà pendant cette période Ebola, l’administration fonctionne en période d’Ebola et quand il y’a une visite, on organise des cérémonies grandioses. Je viens de voir la visite de François Hollande, ils ont fait sortir des militants du RPG (parti au pouvoir, Ndlr) sur tout le long de la rue pour applaudir. On n’a pas tenu compte d’Ebola. Pourtant, François Hollande est venu pour Ebola, même si le RPG transforme cela en trophée politique. C’est Ebola qui dirige le pays, ce n’est ni le RPG ni le gouvernement. Donc si le RPG et le gouvernement posent des actes en période d’Ebola, ils doivent faire preuve de bonne foi pour tenir compte des engagement qu’ils ont pris le 3 juillet au palais pour faire évoluer les choses pour éviter qu’il y’ait des manifestations. Il ne suffi pas de menacer, mais quand votre parti a accepté de prendre des engagements à accepter les conditions d’un accord, au lieu de menacer, il faut entériner ça pour la paix et le bien du pays. Mais si c’est pour nous mettre dans un schéma de marche militaire à l’approche des échéances électorales pour dire, qu’on n’aura pas le temps de reformer la CENI, c’est la même chose à la veille des l’législatives, la CENI nous a baratiné dans la salle en disant qu’elle va tenir compte de nos revendications, alors que e lendemain elle a fait pire.
Alors aujourd’hui je pense que l’opposition ne doit pas tomber dans les mêmes erreurs. Maintenant on met Ebola devant, et puis on fait ce que l’on veut en bas. Ce n’est pas honnête.
Lors de sa dernière conférence de presse, le président Alpha Condé a rappelé que les débats doivent désormais se faire au parlement et non dans la rue. Votre réaction ?
Il faut qu’on arrête de se servir du parlement comme bréviaire de toutes les questions qui fâchent. Depuis des semaines, les deux groupes parlementaires de l’opposition ont travaillé sur des propositions relatives au code électoral et à la CENI. Le bureau de l’Assemblée a été saisi, mais on occulte et on bloque le passage de ces problèmes là. Parce que quelque part l’exécutif ne veut pas. C’est ça la réalité. On se sert du parlement pour dire « oui » allez-y là-bas, vous allez en débattre et pendant ce temps on verrou le passage de ces questions au parlement. Et on veut nous faire croire que c’est l’assemblée qui est le lieu de débats. Nous ne tomberons plus dans ça.
Si vous voyez qu’on a posé un ultimatum pour régler ces problèmes-là, c’est parce que nous savons que l’Assemblée n’est pas l’endroit qu’il faut. Le chef de l’Etat lui-même a lâché le mot la dernière fois lors de la visite de Hollande, en disant qu’il a nommé Cellou (comme chef de file de l’opposition), mais il dit encore qu’il va envoyer le texte au parlement. Ça veut dire que c’est lui qui dirige les problèmes qui doivent être débattus au parlement. Donc, franchement, il ne faut pas qu’on nous leurre avec ça. Nous savons comment les choses se passent. On veut nous maintenir là-bas alors que les vraies questions qui doivent être débattues quand elles viennent de nous, on les refuse.
Quel est votre avis sur l’annonce faite par le chef de l’Etat d’attribuer le titre de chef de file de l’opposition à Cellou Dalein Diallo ?
Je crois que c’est les gens qui veulent mener les deux partis (L(UFR et l’UFDG, Ndlr)à se quereller sur des questions qui ne méritent pas un débat. C’est que le président lui-même n’a pas été informé que la charte des partis politiques prévoit cette disposition, concernant le statut de chef de file de l’opposition depuis 2010.
Le ministre Diané et M. Ceick Tidiane Traoré du RPG ont participé à des négociations. A l’époque, le président (Alpha Condé) boycottait tout ce qui était là. Mais le statut de chef de file de l’opposition était toujours consacré par les textes.
Aujourd’hui que Cellou soit le chef de file, franchement, moi je ne trouve pas pourquoi les gens vont se fâcher. C’est une logique qu’il faut respecter. Aujourd’hui, logiquement après le RPG, l’UFDG vient avant l’UFR. Les réalités politiques le démontrent. Mieux que ça, le fait que Cellou ait été le challenger d’Alpha Condé en 2010, tout cela fait qu’on le veuille ou pas, qu’on le dise ou pas, Alpha n’a pas besoin de nommer Cellou comme Chef de file de l’opposition. Naturellement, il est le chef de file de l’opposition.
Mais ce qu’il faut déplorer dans cette démarche, le RPG a tendance à requinquer Cellou (…) On nous nargue sur des épiphénomènes alors que les réalités sont là. L’UFR, l’UFDG, le PEDN et tous les autres partis de l’opposition travaillent main dans la main pour faire en sorte que l’alternance soit là en 2015.
Les épiphénomènes ou les écarts de langage des militants des deux partis ou la volonté du parti au pouvoir de nous diviser ne doivent pas nous préoccuper dans ce débat. Moi je travaillerai dans le sens de réaffirmer l’unité de l’opposition, je travaillerai à côté du président de l’UFR pour faire en sorte que les partis de l’opposition puissent avoir les mêmes démarches jusqu’à atteindre nos objectifs.
J’ai vu des déclarations de certains responsables du RPG disant que l’UFR n’a pas de militants et que c’est l’UFDG qui a des militants. Mais ça fait rires. Le RPG ne peut plus mobiliser même dans son fief en haute Guinée, à plus forte raison à Conakry.
Tout récemment pour mobiliser les gens pour accueillir le président François Hollande, on a donné 20.000 GNF aux gens dans les quartiers plus des t-shirts. Donc, le RPG ne mobilise plus, ils n’ont que la bouche, l’intox et le mensonge. Aux élections législatives, on avait dit que Sidya n’a pas de militants, mais malgré le vol, Sidya a un groupe parlementaire à l’Assemblée Nationale.
Mais le RPG dés qu’on parle d’élections (transparentes), il est paniqué. Ce parti n’aime pas les élections transparente ni qu’on parle d’élections dans ce pays là. Parce qu’il est arrivé au pouvoir par triche, par combinaison mafieuse et par la tricherie.
Interview réalisée par Diallo Boubacar 1
Pour Africaguinee.com
Tel : (00224) 655 31 11 12
Créé le 5 décembre 2014 11:38Nous vous proposons aussi
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