Situation des guinéens d’Angola : les confidences du consul Lasso Kourouma…

Lasso Kourouma

LUANDA-Quelle est la situation des guinéens vivant en Angola ? Lasso Kourouma, le consul guinéen basé à Luanda s’est confié à notre rédaction. Dans cet entretien, le diplomate aborde tous les difficultés auxquelles les ressortissants guinéens sont confrontés.


AFRICAGUINEE.COM : la situation des guinéens d’Angola est toujours préoccupante. Dites-nous qu’est-ce qui ne va pas concrètement ?
 

LASSO KOUROUMA : Les guinéens sont nombreux ici, nos compatriotes sont installés partout sur le territoire angolais et il y a des gens qui rentrent pêle-mêle. L’Angola est un pays 5 ou 6 fois plus grand que la Guinée, entre les frontières des pays limitrophes, les guinéens s’infiltrent à tous les niveaux. Donc nous ne savons pas réellement qu’est-ce qu’il faut faire. On marche on fait les sensibilisations, on met des comités de sensibilisation avec un bureau des ressortissants guinéens de l’étranger,  mais plus malin que celui qui dira nous sommes combien dans ce pays.

Il faut que les gens cherchent à avoir une certaine organisation dans leur pays d’origine pour connaitre le nombre de leurs concitoyens dans un autre pays, sinon on ne pourra jamais savoir réellement. L’organisation de l’union du Foutah a pu faire des recensements en établissant  des cartes de membres, nous travaillons en synergie avec toutes ces organisations  pour bientôt mettre une seule adresse c’est-à-dire le conseil des guinéens de l’Angola. Le président du conseil est déjà élu Monsieur Daouda Baldé mais jusqu’à présent il y a des difficultés. La mise en place du bureau traîne depuis un an.

Les plaintes ne manquent pas notamment dans l’obtention des documents consulaires. Comment expliquez-vous cet état de fait ?

Les questions liées à la documentation c’est vrai, les gens dépensent beaucoup d’argent dans les ambassades pour avoir le visa ;  maintenant pour consolider ces visas une fois qu’il arrive à Luanda, ils manquent de patience. Quand vous arrivez d’abord, il faut attendre au moins un mois pour prolonger votre premier  visa, ensuite proroger le deuxième visa ensuite tu consolides pour un visa de séjour, ils n’attendent pas ils vont directement dans les cantines ou dans les zones minières. Des problèmes de ce genre nous en avons.

A combien peut-on estimer aujourd’hui  le nombre de guinéens détenus dans les prisons angolaises et que faites-vous pour eux ?

C’est un peu compliqué de le dire  parce que  tous les deux jours  u trois, je suis dans les centres de détention notamment à Trinta  destiné exclusivement  aux sans-papiers. Pour les prisons criminelles nous avons été saisis par une note verbale à travers leur ministère de l’intérieur. C’est des affaires criminelles, donc c’est des juridictions spéciales qui s’en occupent. Des guinées soupçonnés dans les vols de véhicules et les attaques à mains armées, là on ne peut rien. Mais ceux qui sont dans les détentions administratives c’est-à-dire pour les sans-papiers,  nous sommes à pied d’œuvre et moi et les responsables des communautés de l’Afrique de l’Ouest en général et  celles guinéennes en particulier à tout moment nous les appuyons. C’est pourquoi je vous ai envoyé certaines images des denrées qu’on a offert, sauf qu’ils n’acceptent pas la nourriture c’est seulement l’eau, les pattes dentifrices et le savon qu’ils laissent entrer dans les prisons. Ceux qui ont des petits problèmes de documents peuvent être libérés, mais ceux qui sont impliqués dans la fraude de ces documents sont rapatriés dans leurs pays d’origines. Trinta est un centre de transit pour trier les gens qui arrivent.  

Récemment plusieurs guinéens bloqués en Angola vous ont accusés d’avoir une agence de voyage qui leur vend des billets retour chers. Que répondez-vous ?

Je ne sais pas s’il faut qualifier ça de chimère ou des rêve, je vous prie de vérifier cette information auprès des ressortissants du Foutah ou du Manding et au niveau de beaucoup d’autres sources que vous disposez en Angola. Je n’ai pas fait le travail de vente de billets, je n’ai jamais tenté de le faire aussi. Certes, des guinéens par rapport à ma confiance, à mon honnêteté, je joue le rôle d’interface entre ces détenus et mon pays. C’est obligatoire, c’est un devoir de le faire. Il y a d’autres qui sont là qui ne peuvent rien faire pour ces gens parce qu’ils ne sont pas habilités à le faire. Si nous ne faisons rien qui le fera ?

Parmi tous les guinéens, c’est un seul qui a une agence de voyage qui est Kansato Voyage. Il y a un élément qui peut témoigner nous sommes partis ensemble au centre détention lui-même a compris. Il y a aussi le fédéral de l’UFDG qui est actuellement député à l’assemblée nationale, Cherif Gaoual essayez d’entrer en contact avec lui il est en Guinée. Il connait ce que nous faisons. Le billet varie entre 190.000 et 220.000 Kuanza ça varie selon le taux de change sur le marché (500 à 520 dollars approximativement).

Pourtant avant le début de notre entretien, vous sembliez prêter votre téléphone à des détenus guinéens afin  que ceux-ci appellent leurs parents pour que ces derniers achètent leurs billets d’avion. Vous le faites dans quel but ?

Merci mon frère ! Avant, l’Angola payait les billets pour le rapatriement,  il y a 3 ans de cela maintenant. La nouvelle politique, si on vous prend si vous n’avez pas les moyens, c’est vos parents qui payent le billet pour vous. L’ex Ambassadeur Djigui Camara avait fait une note officielle dans laquelle il avait indiqué qu’aucun prisonnier ne paye le laissez-passer. Ça c’est le cadre administratif lié à l’ambassade et au consulat. Donc nul ne paye un papier par rapport à un prisonnier, deuxièmement les billets sont payés dans les agences privées. Et c’est le royal Air Maroc qui est un peu moins cher. Donc, les parents payent les billets ils nous envoient ou ils passent directement par nous, on approche les agences pour faire la programmation de l’achat de billet. Mais les détenus ne vont pas comme ça parce qu’il y a des préalables. Le ministère public ou le procureur dans le centre de détention doit faire ses investigations pour savoir si le détenu à libérer n’est pas impliqué dans d’autres affaires criminelles. Ce qui fait que certains prisonniers durent et d’autres ne durent pas en détention.

Ceux qui viennent des provinces arrivent avec des procès-verbaux les concernant déjà établis. Ceux-là ne durent pas mais ceux qui sont arrêtés à Luanda. Ces derniers sont obligés d’être soumis à des interrogations, s’il n’y a rien de grave, le procureur nous adresse une note pour dire tel ou tel peut sortir du territoire angolais. Soit on dit qu’il est en liaison avec les lois angolaises, il peut continuer à exercer ses activités professionnelles ou commerciales sur le territoire ou bien on dit que vous quittez le pays.

C’est par  rapport à ces investigations là que certains s’impatientent et commencent à crier alors que ni l’ambassade, ni le consulat ne peut s’immiscer dans ce travail de la justice angolaise qui fait un travail indépendant, personne ne peut rien, il faut attendre jusqu’à ce que la justice nous adresse la note. C’est après tout que nous payons les billets pour le rapatriement.  

A qui profite la surfacturation des billets d’avions ?

Nous avons utilisé tous les moyens de sensibilisation pour barrer la route à ce phénomène. Nous avons dit à nos compatriotes qu’ils ont un seul point focal, c’est l’ambassade de la République de Guinée ici qui connait la valeur de ses concitoyens. A partir de là, nous n’allons pas accepter quils soient escroqués. Malheureusement il y a des intermédiaires auxquels ces détenus font confiance de tel enseigne que nous-mêmes avons engagé une lutte féroce contre ces intermédiaires. Mais la problématique guinéenne est un peu compliquée, ces escrocs se présentent à eux pour dire qu’ils travaillent à l’ambassade alors que c’est faux. Comme les détenus ne cherchent à qu’à sortir de prison, ils ne savent pas à qui se confier. Ils appellent un frère, un cousin, ils donnent l’argent à ces gens qui donnent à leur tour n’importe quel prix alors que nous nous ne sommes pas informés. C’est là la complication réelle.  

Est-il vrai que certains vous remettent leur argent directement pour l’achat de billet ?

Il y a certains qui nous donnent, par exemple lorsque les gens étaient à 2000km de Luanda. Ils étaient aux arrêts on était obligé d’organiser un couloir qu’on appelle le corridor. Il y a El hadj Ousmane Bah qui était à Lukapa qu’on avait confié le recensement de 500 et quelques guinéens en fonction de leur besoin en billet et autres. C’est El hadj Ousmane qui payait les billets pour nous envoyer directement.

Les guinéens ne sont pas les seuls à être en difficultés en Angola mais nous avons vu des sénégalais, des maliens dont leurs Etats à travers les ambassades respectives ont acheté des billets pour leurs concitoyens. Pourquoi pas la Guinée ?

Bon ça c’est un problème d’ensemble. Et vous les journalistes, nous autres et tout le monde, chacun peut faire quelque chose afin qu’on dépose une lettre de doléance auprès de l’Etat pour ne pas qu’on accuse un seul individu  à la place d’un Etat. (…) Nous sommes en train de lutter par rapport à tout ça. C’est pourquoi nous sommes en train de mener des démarches auprès de l’organisation internationale pour les migrations. Ils ont déjà recensé 60 personnes, mais si quelqu’un souffre, même si on fait des gestes à son endroit, il ne va pas comprendre. Être dans la douleur de la prison, ce n’est pas facile que vous compreniez ce qu’on fait pour vous sur le terrain.

Quelles sont les dispositions que vous êtes en train de mettre en place pour sauver tous ces guinéens qui souffrent en Angola ?

Nous avons participé à trois réunions. Nous sommes en train d’avoir des résultats probants sur le terrain. Mais jusqu’à présent, nous n’avons pas eu encore, on nous a promis. Dès que nous aurons vous serez informés. L’autre point, presque tous les guinéens qui sont là  n’ont pas de passeport, donc c’est compliqué. Ceux qui disposent de passeports, nous sommes en train de nous battre pour que les services de l’Etat angolais, nous permettent de légaliser ces guinéens en Angola. Ce n’est pas les guinéens seulement qi sont touchés, c’est à tous les niveaux. On se bat tous pour soumettre un projet de ce genre pour les pays membres de la CEDEAO afin qu’on nous facilite l’obtention des documents de séjour pour les ouest-africains en général et les guinéens en particulier.

Monsieur Lasso Kourouma merci.

Merci Africaguinee.com  pour l’opportunité que vous nous avez offert de nous exprimer dans vos colonnes.

Entretien réalisé par Alpha Ousmane Bah(AOB)

Pour Africaguinee.com

Tel : (00224) 664 93 45 45

 

Créé le 17 avril 2019 20:04

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