Sékou Koundouno: “Le peuple va défier les PA pour réconquérir sa souveraineté…”
CONAKRY- Comment contrer les promoteurs d'une nouvelle Constitution qui permettrait à Alpha Condé de se présenter pour un troisième mandat? Sékou Koundouno, activiste de la société civile, vient de dévoiler certaines stratégies du Front National pour la Défense de la Constitution. Dans cet entretien qu’il a accordé à notre rédaction, il est aussi revenu sur les fondements qui caractérisent cette nouvelle plateforme. Avec Sékou Koundouno, il a également été question des prochaines joutes électorales dans le pays.
AFRICAGUINEE.COM: Malgré votre détermination, est-ce-que le Front qui a été mis en place pour barrer la route aux promoteurs d’un troisième mandat, pourrait être efficace avec toutes les ressources mobilisées par le pouvoir en place?
SEKOU KOUNDOUNO : Merci de m’avoir accordé cette opportunité de m’exprimer sur des questions qui concernent le FNDC. Pour rappel, il est à préciser que le Front n’a pas commencé ses activités le 03 Avril 2019 (…). Depuis quatre mois nous avons eu à travailler sur le volet consultations, sur le volet rapprochement, sur le volet mise en place de cette dynamique qui est une dynamique multi formes et multi acteurs pour mieux répondre aux préoccupations de nos concitoyens à la base. Donc le 03 Avril a été cette date qui a marqué le lancement officiel les activités de ce Front qui est composé de partis politiques, de plusieurs Organisations de la société civile, des syndicats, mais aussi des citoyennes et des citoyens engagés au sein de cette plateforme. Cette plateforme travaille au quotidien afin d’apporter une résistance citoyenne de taille face aux velléités des imposteurs et pyromanes qui veulent remettre en cause l’équilibre social, le vivre ensemble et les acquis démocratiques qui ont été chèrement acquis au prix du sang et de plusieurs sacrifices par nos devanciers. Donc le front à date est en train de travailler sur le plan opérationnel, organisationnel, sur le plan d’intervention. Nous vous rassurons, par la bénédiction du souverain peuple, des réponses pratiques et citoyennes seront apportées au moment opportun à ce groupe de gangsters, à ce groupe de personnes qui n'ont ni sentiment ni cœur, et qui ont comme ultime objectif de préserver leurs intérêts égoïstes et partisans. Ce sont des personnes qui veulent créer une sphère de monarchie dans laquelle un clan et un système pourraient se pérenniser à vie. Dans ce sens donc, nous vous rassurons que le Front est en train de préparer tout l’arsenal de travail qui repose sur les textes, les lois et les traités qui gouvernent ce pays en fin d’apporter comme je voulais tantôt dire, des réponses citoyennes drastiques en la matière.
Que répondez-vous à ceux qui pensent que la réaction est un peu timide face à la progression des sirènes révisionnistes ?
En tout état de cause le front ne riposte pas, nous ne sommes pas une force réactionnaire. Nous travaillons sur un plan opérationnel, partout où les envahisseurs, les imposteurs et ses pyromanes ont décidé d’aller avec l’argent du contribuable pour acheter les consciences, des citoyens se sont levés pour leur dire NON et leur dire , on n’en veut pas. La Guinée n’est pas une monarchie où le pouvoir va être octroyé à vie à un Monsieur qui est venu démocratiquement au pouvoir et qui est à son second et dernier mandat. Je vous rassure que cette phase est au niveau du Front national, une phase d’opérationnalisation. Si par malheur de l’autre côté ces pyromanes se hasardent à nous soumettre un quelconque projet d’une nouvelle constitution, je vous assure même si c’est pendant le ramadan nous demanderons au souverain peuple d’arrêter le jeûne afin que nous recouvrions la liberté qui a été confisquée par l’establishment. Quel que soit le moment ou la période, des réponses drastiques conséquentes, citoyennes, conformément aux lois de la république seront apportées. Même s’ils mettent un PA (poste d’appui, ndlr) par maison, le peuple défiera ces PA et il ira reconquérir sa souveraineté. Le vent qui est en train de souffler en Afrique ne va pas les laisser.
Certains vous accusent d’être à la solde de l’opposition et de certains pays occidentaux. Que répondez-vous ?
Ce sont des allégations fantaisistes, mensongères et irrationnelles, voire même infondées et inhumaines. Je ne peux pas me prêter à cet exercice, moi j’ai une organisation qui est l’une des plus grandes du pays. Je fonctionne avec des ressources qui sont connues de tous, les partenaires sont satisfaits de ma collaboration (…), je n’ai pas à tendre la main à un quelconque guinéen pour vivre. Allez vers le siège du balai citoyen, nous avons plus de onze employés, je ne suis pas un mendiant qui vit des miettes qu’on donne aux gens et je me suffis largement. J’aime apparaitre très simple afin de me confondre plus facilement à mes concitoyens. Comme dit l’assertion, si nous voulons défendre les vrais gens, c’est-à-dire la classe des opprimés, il faudrait aussi quand vous sortez qu’on vous confonde aussi à un opprimé.
Et si Alpha Condé décidait de vous confier un poste de responsabilité ?
La main sur le coran, jusqu’en 2020, je ne veux d’aucune nomination. D’ailleurs je vous précise quand on est membre du Conseil d’administration du balai citoyen, on ne peut pas prétendre à un poste électif ou nominatif d’une quelconque entité. A priori et conformément à la charte qui régit mon organisation, je suis d’office disqualifié. Même si le président prenait un décret qui est conforme à la charte du Balai citoyen, je refuserais purement et simplement (…), d’ailleurs je ne suis pas intéressé parce que j’ai déjà du boulot ailleurs et qui n’est pas celui du Balai citoyen. En tout état de cause je ne suis pas un chômeur. Jusqu’en 2020, je ne veux pas être au service de la nation si ce n’est pas pour le combat citoyen pour préserver les acquis démocratiques.
La condamnation de Paul Moussa Diawara, l’ancien Directeur Général de l’Office Guinéen de Publicité, est-elle un bon signe dans la volonté du Gouvernement de lutter contre le détournement des deniers publics ?
Pour être très objectif, si vous suivez les prises de position ou les activités menées par la cellule de veille du Balai citoyen, nous avons très tôt dénoncé le fait que le directeur général de l’OGC (office guinéen des chargeurs) ait été condamné à une peine fantaisiste. On ne peut pas faire une malversation financière de plus de 25 milliards et après la sentence qu’on parle de négligence. Nous avons donc attiré l’attention de la justice pour qu’elle veille sur le dossier Paul Moussa Diawara. Aujourd’hui nous nous réjouissons que la justice puis dire le droit et de façon sévère afin de dissuader d’autres personnes qui se prêteraient à ce genre d’exercice. Il est inconcevable, impensable et inimaginable que le premier ministre autorise le vérificateur général d’aller fouiller de façon administrative et financière dans cette régie financière et que des hauts commis de l’Etat puissent manipuler, instrumentaliser et stopper cette opération, à priori on risquerait de comprendre que le dossier OGC, LONAGUI et L’OGP est un règlement de compte. Donc c’est un appel, une invite que nous lançons au chef de l’Etat, à beaucoup plus de sérénité, à beaucoup plus d’engagement politique dans la gouvernance du pays, afin que ce qui a été fait dans ces entités soit fait à l’ANAIM, au niveau de la douane et aux impôts, afin qu‘une fois pour toute qu’on vérifie de façon administrative et financière la gestion de ces régies financières. Si seulement si, elles sont bien gérées, la Guinée pourrait se passer de l’aide extérieur que nous prenons avec les partenaires.
Je vous remercie !
C’est à moi de vous dire merci !
Entretien réalisé par
Diallo Boubacar 1 et BAH Boubacar LOUDAH
Pour Africaguinee.com
Tél. : (+224) 655 31 11 13
Créé le 21 avril 2019 15:23Nous vous proposons aussi
TAGS
étiquettes: Interviews