Sékou Condé, porté-disparu du stade: témoignage glaçant de S.C, sa cousine

S.C cousine de Sékou Condé

CONAKRY- Sékou Condé, mécanicien-chauffeur âgé d’une vingtaine d’années reste introuvable depuis le 28 septembre 2009. Les nombreux avis de recherches lancés par ses roches n’ont donné aucune suite. Le poids de l’absence est difficile à surmonter.


Il y a  10 ans disparaissait Sékou Condé qui s’était  rendu le 28 septembre 2009 au stade de Conakry pour dénoncer les velléités de confiscation du pouvoir par la junte dirigée par Moussa Dadis Camara. Comme lui, des milliers d’autres guinéens y étaient. Depuis ce jour, ce jeune n’a plus fait signe de vie. Ses proches n’ont eu aucune nouvelle. Nous avons rencontré sa cousine qui explique sa peine. S.C a elle-même été victime de violence au stade du 28 septembre de Dixinn.

 « Sékou est porté disparu depuis le jour de l’évènement. Le lundi 28 septembre tôt le matin, il a quitté la maison sans donner au-revoir à quelqu’un.  Ils ont passé toute la journée à attendre il n’est pas revenu. A 19 heures, ma tante  a commissionné son petit-frère d’aller voir  son ami Mamady pour lui demander  s’il a  vu Sékou pendant la journée. Ce dernier a dit qu’il ne l’a pas vu depuis la veille et qu’il ils se sont séparés à Condébougni où il a laissé sa voiture parce que c’est un mécanicien chauffeur.  L’enfant est revenu informer sa maman que la voiture de son frère est garée mais que son frère reste introuvable.  Ils ont passé la nuit en train de le rechercher  bien qu’il n’y avait pas d’accès. Moi ce jour, je n’ai pas pu revenir à la maison vue la souffrance que j’endurai. Finalement la maman s’est rappelée de moi parce que Sékou était tout le temps près de moi, elle a envoyé quelqu’un  chez mon oncle où  j’habitais. On a demandé où j’étais. Moi aussi j’étais introuvable. Donc on nous recherchait tous les deux. Finalement, le mardi soir je suis revenue à la maison mais lui on ne le retrouvait pas. On l’a cherché en vain. Le septième jour, c’était l’exposition des corps à la Mosquée Faysal. Ils ont envoyé des gens pour venir voir,  malheureusement on ne l’a pas retrouvé. Il y avait des corps en état de décomposition mais on pouvait le reconnaitre avec les habits qu’il portait », a témoigné S.C.

‘’Les parents des portés disparus sont à l’abandon…’’

S.C qui déplore l’attitude de l’Etat vis-à-vis des victimes et de leurs familles. « Depuis ce jour, sa maman est là. Et chaque fois que sa maman pense qu’elle va retrouver son enfant. Jusqu’à présent on n’est pas arrivé à le retrouver. On ne sait pas s’il est vivant et gardé quelque part. S’il est mort, on ne sait pas. On réclame la vérité. Si réellement, il est décédé qu’on nous dise là où il est enterré. Malheureusement, c’est quelque chose que nous n’arrivons pas à obtenir jusqu’à présent depuis bientôt 10 ans.  Les parents des portés disparus sont à l’abandon. Le jeudi passé il y a eu une femme qui a son mari porté disparu qui est décédée. Parce que depuis que son mari a disparu, elle était  malade. Elle a laissé deux enfants. C’est difficile d’avoir longue vie quand tu as des peines. Elle est partie à jamais sans connaitre où se trouve son mari », déplore-t-elle au bord des larmes.  

S.C interpelle le président Alpha Condé sur cette affaire dont le procès peine à s’ouvrir.  « Je demande au président de la République d’accepter de nous montrer la vérité sur l’affaire 28 septembre.   Aujourd’hui, avec l’aide des institutions internationales comme Human Right Watch et les associations qui ont été créés comme AVIPA qui existait depuis le lendemain du 28  septembre,  il y a eu beaucoup de choses. Je suis en train de me battre avec mon association pour obtenir la justice. Ce n’est pas pour moi d’ailleurs parce que j’accepte mon sort parce que je suis obligée de vivre avec. Je me bats plutôt pour les autres. J’ai des enfants, des sœurs et frères.  Aujourd’hui, nous nous rassurons de la non-répétition de ce qui s’est passé le 28 septembre. C’est mon inquiétude aujourd’hui.  Il y a eu des moments où  je passais des nuit blanche en train de penser et réfléchir mais lorsque j’ai rencontré d’autres survivantes qui ont vécu pire que moi, je me suis dit accepte et avance.  Je me pose la question de savoir pourquoi il y a eu cela entre les guinéens. C’est difficile d’oublier », exprime-t-elle, le visage serré.  

Cette victime nous a confié qu’au cours de cette année, 5 victimes sont décédés dont 4 femmes victimes de viols. Toutefois, S.C garde espoir qu’un jour, son cousin sera retrouvé.

 « Nous pensons qu’on va le retrouver un jour.  Avec la prière des femmes veuves et des enfants orphelins peut-être que Dieu va nous donner la justice un jour. Je pense que si on a la volonté même sans l’argent on peut commencer le procès, parce que c’est des choses qui sont connues de tout le monde. C’est le 28 septembre qui nous a donné un président démocratiquement élu. Aujourd’hui,  on attend qu’on finance  des groupements mais ils n’ont jamais pensé à celles qui se sont sacrifiées  pour ce gouvernement. Mais Dieu est justice.  Peut-être un jour la justice sera rendue mais nous le souhaitons maintenant,  parce que beaucoup  sont déjà partis et nous qui restons beaucoup aussi sont malades », s’inquiète S.C.

Bah Aissatou

Pour Africaguinee.com

Tél : (+224) 655 31 11 14

 

Créé le 28 septembre 2019 13:30

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