Santé: Peut-on guérir du diabète?
Une étude démontre qu'une perte de poids importante chez des patients diabétiques de type 2 avait permis leur guérison. La perte de poids avait permis de "déprogrammer" les cellules pancréatiques malades pour rétablir un fonctionnement normal.
Contrairement au diabète de type 1, d'origine génétique, le diabète de type 2 est avant tout lié au mode de vie. Il représente d'ailleurs 90% des cas de diabètes, affectant 422 millions de personnes dans le monde d'après l'Organisation mondiale de la santé.Contre le diabète de type 2, les mesures diététiques (réduire sa consommation de sucre) et l'exercice sont les traitements de première intention. Et ça marche… si cela est mis en place dès le diagnostic ! En effet, une étude clinique menée par des chercheurs de l'Université de Newcastle et publiée dans Cell Metabolism a démontré que le fait de perdre beaucoup de poids dès le diagnostic permet de restaurer la production d'insuline et donc de revenir à un état « non diabétique ».« Nos données suggèrent qu'une perte de poids substantielle au moment du diagnostic permet de « sauver » les cellules pancréatiques béta (ndlr : chargées de la production d'insuline) » précise l'auteur principal de l'étude, le Pr Roy Taylor de l'Université de Newcastle. En somme, il s'agit d'inverser le processus normalement à l'œuvre chez les diabétiques de type 2.
REPROGRAMMER LES CELLULES PANCRÉATIQUES…
Pour arriver à ces conclusions, le Pr Roy Taylor et ses équipes ont suivi et analysé les données de 90 patients diabétiques de type 2, issus de la cohorte « United-Kingdom-based Diabetes Remission Clinical Trial » (DiRECT). Les 90 participants, qui ont été diagnostiqués pour un diabète de type 2 dans les 6 ans suivants le début de l'étude, ont été séparés en 2 groupes : 64 dans un groupe dit d'intervention dans lequel ils suivaient un régime intensif pour perdre du poids et 26 dans un groupe contrôle où ils suivaient simplement un protocole de soins classiques.
Un an plus tard, 46% des individus du groupe d'intervention avaient bien répondu à la perte de poids, c'est-à-dire qu'ils ont retrouvé et maintenu des taux normaux de glucose dans le sang : ce sont les « répondants ». Pour les 54% restants, soit ils n'avaient pas perdu assez de poids, soit cet effet n'a pas pu être observé chez eux : ce sont les « non répondants ».
La question est donc de savoir pourquoi une perte de poids a suffi à rétablir un fonctionnement normal des cellules pancréatiques chez certains patients et pas d'autres.
Pour le savoir, les chercheurs ont donc analysés toutes les données le concernant : taux de graisse hépatique, taux de graisse pancréatique, taux sanguin de triglycérides (graisses) et fonctionnement des cellules pancréatiques de type béta (celles qui produisent l'insuline).
Résultat, la seule différence observée entre les répondants et les non-répondants résidant dans le fonctionnement des cellules béta et notamment la présence de la « première phase » de sécrétion d'insuline.
En fait, l'insuline est libérée dans le sang en 2 temps : la première phase, dite précoce, consiste en une libération massive d'insuline durant une courte période (10 minutes). Et cette sécrétion en pic n'est pas observée chez les non-répondants. Pourquoi ? Pour le moment, les scientifiques n'ont pas la réponse.
… POUR QU'ELLES SÉCRÉTENT CORRECTEMENT L'INSULINE
En somme, une perte de poids rapide permet de retrouver des taux normaux de graisse hépatique, taux de graisse pancréatique, taux sanguin de triglycérides (graisses) mais seul un rétablissement des cellules béta permet de revenir à un état non-diabétique. Perdre du poids est donc une mesure efficace pour « re-programmer » les cellules pancréatiques à produire normalement de l'insuline et donc
Néanmoins, deux nuances de taille dans cette étude : 98% des participants étaient de type caucasien et ils n'ont été suivi qu'un an après la perte de poids. Une étude d'une plus large ampleur est nécessaire pour confirmer ces résultats.
« Savoir que le diabète de type 2 est réversible grâce à la re-différenciation des cellules pancréatiques va permettre de mieux cibler nos travaux afin d'améliorer notre compréhension de ce processus » explique le Pr Taylor.
Topsante
Créé le 16 août 2018 07:05