Samba Camara : « J’invite mes frères de Labé à se ressaisir… »
LABE- Alors que les manifestations se multiplient à travers le pays contre le projet de nouvelle constitution en Guinée, Samba Camara, le président du mouvement "Djokken Alpha", lance un appel au calme pour la tenue apaisée du référendum du 1er mars. Dans cet entretien qu’il nous a accordé, M. Camara a aussi abordé les avertissements des institutions internationales sur la Guinée ainsi que les menaces proférés par l’opposition qui promet d’empêcher le double scrutin du 1er mars.
AFRICAGUINEE.COM : Les Guinéens sont appelés aux urnes le 1er mars pour le double scrutin législatif et référendaire. Comment le RPG aborde ce rendez-vous ?
SAMBA CAMARA : Vous vous souviendrez que c’est ici qu’on s’était retrouvé quand nous avons lancé le FARC (le front pour l’adoption par referendum de la constitution). Nous avions souhaité que le Président de la république dote le pays d’une nouvelle constitution qui émane des populations. Si aujourd’hui, on se prépare pour le referendum, chez nous c’est une grande joie. Nous nous préparons pour que les élections se passent dans les meilleures conditions. Je suis d’ailleurs missionnaire politique de Tougué, nous sommes prêts pour les législatives et le referendum. C’est l’aboutissement d’un projet que nous avons entamé auprès du Président de la République et auprès de tout le monde, nous arrivons presqu’à terme. Le président a écouté le cri du cœur de certains guinéens, je ne dirais pas tout le monde parce qu’il y a une frange qui n’est pas d’accord. C’est leur droit.
L’opposition menace d’empêcher la tenue de ce double scrutin. Qu’en dites-vous ?
C’est aller trop loin avec une telle idée ! C’est vrai qu’il y a des réticences par endroit surtout chez nous dans notre région. La plus grande résistance c’est ici. Le foutah a quatre(4) préfectures de grande résistance. C’est Dalaba, Pita, Labé et Lelouma. Ce sont les foyers de résistance aujourd’hui. J’invite mes frères de Labé à se ressaisir, parce je suis de Labé aussi. Je les prie de d’éviter de faire recours à la violence. La violence n’est pas un recours. Il s’agit d’un referendum où il faut voter « Oui » ou « Non ». Si vous êtes d’accord votez « oui » à défaut, votez « non ». Si tu n’es pas d’accord avec cette élection, restes chez toi, n’agresse personne. En tout cas, nous de la mouvance des instructions fermes ont été données aux militants. C’est de se lever et aller voter, puis rentrer chez soit. Même si la route est barricadée, ce n’est pas votre problème, ce qui vous revient c’est de voter et retourner chez vous. Il ne vous revient pas d’enlever ou de sécuriser. Ceux qui font des barricades laissez-les avec l’Etat, c’est à l’Etat de prendre des mesures ou de les laisser faire. De notre côté, nos militants sont suffisamment sensibilisés dans ce sens.
Les institutions internationales telles que l’Union Européenne dont le parlement vient de voter une résolution, n’excluent pas de prendre des sanctions contre certains dignitaires. Qu’en pensez-vous ?
L’union européenne a commencé par dire qu’elle est prête pour la médiation entre nous et faciliter le dialogue inter guinéen. Finalement, il est demandé aux pays membres de l’union européenne de cesser de fournir de matériel de maintien d’ordre à la Guinée. C’est leur droit aussi mais ils n’ont jamais donné gratuitement du matériel de maintien d’ordre à la Guinée, c’est acheté. Mais si vous regardez aussi le matériel de maintien d’ordre sur 10 unités, il n y a pas plus de 2 qui viennent d’un pays membre de l’union européenne. S’ils bloquent c’est un droit pour eux. Encore que, l’union européenne doit savoir que la Guinée est un pays indépendant. L’indépendance de la Guinée est totale, ce n’est pas comme le Sénégal ou la Côte d’Ivoire. Nous n’avons pas besoin de leçons à ce stade-là. En tout cas moi, je ne connais pas un seul acte démocratique plus qu’un referendum. Pour ou contre, c’est la voix des urnes qui départage les adversaires. Je ne vois pas de quel droit l’union européenne s’arroge. Je ne vois pas les sanctions que l’UE, les nations unies, l’union africaine ou la CEDEAO prendront contre la Guinée parce qu’elles savent tous que le referendum est un acte démocratique.
De nombreuses anomalies ont entachés le processus électoral. Depuis le début des opérations de distribution des cartes électeurs, on a vu des électeurs qui se retrouvent avec plusieurs cartes électorales ou des morts qui reviennent. Pensez-vous qu’avec ça on peut organiser un scrutin transparent et crédible ?
C’est la première fois que la CENI se dote d’un fichier propre à elle, sinon auparavant des fichiers sous traités, c’est des sociétés internationales qui produisaient le fichier en commun accord avec la CENI. N’oubliez pas, aucun fichier n’est parfait. Ensuite l’opposition n’a jamais apprécié un fichier en Guinée. Depuis 2010, jusqu’à maintenant elle n’est jamais satisfaite du fichier ou d’un président de la CENI. A chaque étape ils demandent d’enlever le président de la CENI ou de changer le fichier. Mais tout ça, c’est normal dans un jeu démocratique parce que pour un politicien, un fichier n’est bon que quand tout lui est favorable. Et l’opposition pense que ce fichier ne lui est pas favorable. Donc il faut crier sur tous les toits. L’opposition doit être de bonne foi, avec l’opération de recensement, elle s’est fait recenser. Maintenant à chaque fois que des anomalies seront constatées on doit les corriger. De temps en temps, le fichier sera épuré, finalement nous aurons un fichier plus ou moins bon.
Nous apprenons que vous êtes frustrés parce que vous teniez à être député quelques parts sur la liste du RPG mais on vous aurait écarté. Qu’en est-il ?
Ceux qui le disent ne savent pas sinon je n’ai jamais levé le doigt pour être député. Je pouvais ne pas être candidat du RPG à Labé ou Tougué, mais si je voulais être député sur la liste nationale je pouvais passer sans problème parce que chaque préfecture n’a donné que 2 candidats un sur la nationale et un autre sur l’uninominal. Quand vous prenez les 38 circonscriptions, chacun a donné un. Sur 76, si j’avais manifesté la volonté d’être candidat je l’aurais été. Je suis content, je ne suis pas candidat. Mais ma candidature est à Labé ici, parce que c’est le président du mouvement Djokken Alpha qui est candidat donc je suis candidat. Partout dans les préfectures, c’est des gens que j’ai entrainé dans ce combat-là qui sont candidats. Quand ces derniers sont placés cela suffit à mon bonheur. Je ne regrette pas quand je vois Thierno Aliou, il est venu à un moment difficile nous suivre pendant qu’il faisait chaud à Labé à cause de nous. Encore une fois, je n’ai pas demandé à être candidat. Les gens se posent la question mais ils ne le sauront pas d’abord, au moment venu chacun comprendra les raisons.
Un dernier mot ?
Vous avez vu des difficultés dans la distribution des cartes d’électeurs, chez nous on n’a pas de problèmes, nos militants ont fini de récupérer nos cartes d’électeurs. Celles qui restent pour ceux de l’opposition, ils peuvent en faire ce qu’ils veulent, c’est leurs cartes pas les nôtres. Ce qui est important tous les militants du RPG ont leurs cartes, ce qui veut dire que nous sommes prêts pour le vote. Ce qui nous intéresse ce n’est pas d’agresser quelqu’un. Nous ne répondrons pas aux provocations, la phase ultime c’est le 1er Mars 2020. Le 1er mars à 18 heures il se trouvera que c’est fini déjà. A partir du 2 mars c’est les résultats. C’est un droit de ne pas participer mais je ne vois pas ce qu’ils vont gagner en incitant à la violence. Aujourd’hui, ils sont réunis au sein d’une structure qu’ils ont appelé le FNDC avec les leaders de l’opposition et tout mais quand ils appellent à manifester, c’est un seul camp qui répond, c’est le camp du chef de l’opposition. Je pense que ses militants doivent tirer les leçons. Tout le temps manifestations, résistance c’est seulement dans les fiefs de l’UFDG qu’on en enregistre. Je souhaite que mes frères tirent les leçons. Comme il ne s’agit pas de construire une mosquée où chacun est récompensé à la hauteur de son implication, je crois qu’ils peuvent revoir leurs copies. Aujourd’hui plusieurs personnes sont en prison, maintenant avec les violences, la maison de justice n’y est plus ! Sinon beaucoup seraient libres aujourd’hui mais il n’y a pas un endroit où tenir les audiences. Pour ce qui est des documents, il faut maintenant aller jusqu’à Pita pour les faire.
Interview réalisée par
Alpha Ousmane Bah(AOB)
Pour Africaguinee.com
Tel : (+224) 664 93 45 45
Créé le 20 février 2020 15:00Nous vous proposons aussi
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