Salou Sacko, boursier guinéen en Russie : « Nous sommes abandonnés… »

Salou Sacko

MOSCOU-Salou Sacko vit en Russie depuis octobre 2019. Il fait partie des quelques 500 boursiers de l’Etat guinéens qui sont privés de leur bourse depuis près d’un an. Cet étudiant en technologie financière, a tiré la sonnette d’alarme, car la galère a atteint son paroxysme pour les boursiers guinéens. Dans cet entretien, ce jeune étudiant décrit extrêmement pénible. Il interpelle les autorités de transition.


 

AFRICAGUINEE.COM : Quelle est la situation que vous vivez actuellement en Russie en tant qu’étudiants ?

SALOU SACKO : Actuellement, la situation est vraiment très dure pour les étudiants guinéens en Russie. Certains ont fait des jours sans manger faute de moyen. L’Etat a cessé de payer nos bourses depuis septembre 2021. Nous avons résumé les difficultés auxquelles nous sommes confrontés dans un mémorandum (voir copie en bas de l'article), que nous avons adressé au président de la Transition, colonel Mamadi Doumbouya. Mais fort malheureusement, à date, nous n'avions reçu aucune réponse. Les étudiants guinéens en Russie font face à des problèmes majeurs.

Huit (8) mois c’est long. Comment vous vivez ?

La situation est devenue encore pire depuis le début le début de la guerre en Ukraine. Avant on achetait le riz ensaché à 54 Roubles. Mais avec l’inflation galopante, la même quantité de riz a atteint 150 roubles. Je vous précise qu’il n’y a pas de sacs de riz ici, c’est des sachets de 500g, ou 800g qu’on vend. Avec 150 roubles tu n’as qu’une petite quantité. Il y a une autre mesure de 5kg mais ce n’est pas à la portée de tous. C’est très cher. Nous vivons une période difficile, nous sommes environs 500 étudiants, parmi nous il y a des filles. Nous partageons des chambres avec des étudiants venus d’Angola, d’Afrique du Sud, on s’endette avec ces amis pour pouvoir acheter à manger en attendant que nos bourses soient payées. Certains, c’est leurs parents restés au pays qui les prennent en charge. Mais la majorité est issue dans des familles très modeste. Ils ne peuvent pas les soutenir ici. De toutes les nationalités ici, la Guinée est le pays qui paie le moins ses étudiants. Et avec le mois de ramadan, c’est encore plus difficile.

A combien s’élève la bourse d’entretien d’un étudiant guinéen en Russie ?

C’est dérisoire par rapport au coût de la vie ici. L'État Guinéen ne nous paye que 50 à 60 dollars par mois respectivement pour la licence, le Master et le doctorat par mois. Depuis 8 mois, cette maigre bourse tarde à venir, nous sommes dans une précarité extrême. Pour les autres pays, le paiement mensuel des bourses est régulier. Ils sont en moyenne à 500 dollars US soit 10 fois supérieur à la nôtre. Mieux, le paiement est fait dans le délai.

Nous apprenons également que parmi vous, il y a des étudiants qui ont finis les études et peinent à rentrer au pays. Qu’est-ce qui les bloque ?

Effectivement, ils sont nombreux dans cette situation aussi. L’Etat a l’obligation de payer les billets d’avion retour en Guinée pour les Étudiants boursiers qui ont déjà terminé leurs études. Malheureusement cela fera bientôt 1 an que certains de ces étudiants sont livrés à eux-mêmes sans visa et expulsés de leurs universités respectives. Les étudiants Guinéens ici font pitié. Les boursiers des autres pays africains viennent avec une garantie absolue de leurs intégrations professionnelles dans leurs pays respectifs, après leurs études.

Ils bénéficient aussi d’une assistance financière consistante pour être actifs à toutes les activités estudiantines. Ils sont très épanouis par rapport à nous. Ils viennent avec une assurance vie, une assurance maladie, au moins ils viennent avec au moins 1000 dollars pour leurs installations en licence 1 alors que des guinéens arrivent parfois sans argent de poche. Vous voyez la différence ?  Récemment nous avons reçu des étudiants guinéens. Parmi eux, il y en avait qui ont atterri avec zéro franc.

Un dernier mot ?

Le plus gros problème, ce que les étudiants guinéens n’ont aucune possibilité de travailler, car la législation Russe l'interdit. Nous sommes dans le désespoir et un sentiment d’abandon par le Gouvernement. On est obligé à s’endetter auprès des autres étudiants pour pouvoir avoir de quoi manger et survivre pendant cet hiver russe. Ça ne donne pas une bonne image à notre pays, puisqu’on n’est pas pauvre plus que tous les autres. C’est difficile, ici on survie. Et en plus, pendant les crises liées au covid et la guerre Russo-Ukrainienne, tous les pays ont apporté un soutien financier à leurs étudiants à l'exception de la GUINÉE. Notre mémorandum est parti en Guinée d’après l’ambassade, nous voulons que les autorités agissent vite. La vie est difficile ici surtout avec le ramadan.

 

Interview réalisée par Alpha Ousmane Bah

Pour Africaguinee.com

Tél. : (+224) 664 93 45 45

Créé le 5 avril 2022 19:50

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