Rumeurs de Coup d’Etat en Guinée: « l’UFDG ne se reproche rien… », réplique Cellou Dalein Diallo
KAMSAR- Alors que le ministre de la sécurité accuse le parti de l’union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) de préparer un ‘’coup d’Etat’’ pour la ‘’déstabilisation du régime actuel’’, c’est son président Elhadj Cellou Dalein Diallo qui vient de réagir depuis Kamsar, localité située à près de 300 km de Conakry, a constaté Africaguinee.com.
AFRICAGUINEE.COM : Bonsoir monsieur Diallo !
Cellou Dalein Diallo : Bonsoir !
AFRICAGUINEE.COM : Mercredi, à Conakry, le ministre de la sécurité a cité votre parti politique comme étant derrière un coup d’Etat en Guinée. Quelle est votre réaction monsieur Diallo?
Cellou Dalein Diallo :[/B] Je n’ai pas encore un commentaire à faire dans la mesure où je n’ai pas eu la possibilité d’écouter la déclaration du ministre de la République. J’ai appris qu’un ministre a cité nommément l’UFDG comme étant à l’origine de ce complot. Je ne me reproche de rien. Je sais que l’UFDG est un parti républicain qui se bat par des moyens légaux à travers l’organisation des marches pacifiques après avoir prévenu les autorités communales. Je ne suis dans aucune entreprise de déstabilisation. Mais je me demande si le pouvoir ne veut pas prévenir les manifestations que l’opposition pourrait organiser au cas où il organiserait un hold-up électoral. Parce que cela pourrait être aussi une campagne d’intimidation des militants de l’opposition et ceux de l’UFDG en particulier. Je ne sais pas sur quelle base on accuse l’UFDG de vouloir déstabiliser le régime par un coup d’Etat. Nous sommes tout le temps en train de protester contre les violations des droits de l’homme, contre l’absence de dialogue. C’est parce que nous sommes républicains. Nous maintenons notre position par rapport à cela comme je vous l’ai dit, nous n’avons rien à nous reprocher. Je ne souhaite pas commenter suffisamment, j’attends de prendre connaissance de la déclaration du ministre accusant l’UFDG parce que jusqu’à présent j’avais appris que c’est un journal, je ne veux pas réagir à un journal. Mais à partir du moment qu’un ministre de la République accuse nommément le parti dont je suis le président je dois m’expliquer devant le peuple de Guinée. Lorsque j’aurais pris connaissance des déclarations précises des membres du gouvernement, je ferais une déclaration et peut-être je convoquerai une conférence de presse. Parce que je suis persuadé que le gouvernement qui est en train de préparer une mascarade électorale veut prévenir les manifestations contre les résultats qui pourraient être annoncés à l’issue de cette mascarade. Il prévient les manifestants pour les intimider en disant que ce sont des manifestants qui cherchent à déstabiliser le pouvoir et situer ces manifestations dans le cadre justement du complot dont ils sont en train de parler. Vous savez que la Guinée a une riche histoire. Nous sommes habitués à ces genres de chose. Chaque fois qu’un régime, nos précédents gouvernants dans le passé lointain avaient des problèmes, on inventait un complot et on indexe des adversaires gênants, qu’on a souvent arrêté et tué dans des conditions atroces. Et comme Alpha Condé a dit qu’il prenait la Guinée là où Sékou Touré l’a laissée, on peut penser que tout peut nous arriver, nous les guinéens. Mais l’UFDG ne se laissera pas faire. L’UFDG ne se reproche de rien en la matière. Nous continuerons notre combat pour l’instauration de la démocratie en utilisant les moyens légaux. Et s’il y a fraude massive, naturellement, les militants de l’UFDG ne manqueront pas de protester.
AFRICAGUINEE.COM : Toutefois, le ministre avance que ‘’l’Alliance UFDG a des ailes qui se sont installées en son sein et à l’extérieur, qui tirent les ficelles pour la réalisation de ce coup d’Etat’’ ?
Cellou Dalein Diallo :[/B] Je parle au nom de l’UFDG, je suis le président du parti. C’est moi, qui parle. Lorsque l’UFDG est accusé, je dois réagir. L’UFDG ne se reproche de rien. En tant que parti politique, l’UFDG n’est jamais entré dans une conspiration, dans une lutte contre le pouvoir en place par la force. Je l’affirme et le démens. Je mets quiconque au défi d’apporter la preuve d’une participation de l’UFDG à une déstabilisation du pays, à moins qu’on dise que les manifestations pacifiques, les dénonciations auxquelles on se livre dans l’exercice correct de nos droits constituent des manœuvres de déstabilisation du pays.
AFRICAGUINEE.COM : Vous voulez dire que votre parti n’accepterait pas la mascarade électorale ?
CellouDalein Diallo : [/B]Non, pas du tout encore ! Je pense que cette période, si on l’a choisi, on a attendu à la veille des élections législatives pour annoncer que l’UFDG est en train d’organiser un coup d’Etat, c’est sans doute parce qu’on s’attend à ce que l’UFDG, qui est le principal parti d’opposition, qui est un grand parti, qui actuellement, c’est visible, est particulièrement visé par le dispositif mis en place par le gouvernement, on s’attend à ce que ce parti réagisse contre la manipulation des résultats. Et si c’est le cas, ce n’est pas parce que cette campagne a été déclenchée, que les militants de l’UFDG ne se lèveront pas pour protester. Que ce soit clair une fois pour toute.
AFRICAGUINEE.COM : En deux ans et demi de gouvernance, comment expliquez-vous qu’on vous accuse à deux reprises dans des préparations de coup d’Etat ?
Cellou Dalein Diallo : Non, je pense que c’est la première fois en tant que tel que l’UFDG est accusé.
AFRICAGUINEE.COM : Mais au lendemain de l’attaque du 19 Juillet 2011, votre vice-président avait été accusé…
Cellou Dalein Diallo : Le vice-président de l’UFDG a été accusé. A l’époque, on s’était exprimé sur la question. Et après le procès, on a vu dans quelles conditions, il s’est déroulé. Et le peuple de Guinée a eu, grâce à la médiatisation du procès, a pu constater de lui-même dans quelles conditions, l’UFDG, en tout cas, le vice-président de l’UFDG s’est retrouvé dedans. On n’a jamais pu apporter la preuve de son implication effective dans ce coup d’Etat. On a écouté tous les accusés, et personne n’a dit qu’il a joué tel rôle avec la moindre preuve. Et ça, il s’agissait de la personne du vice-président, là, on dit que c’est l’UFDG.
A ce stade, je suis à l’intérieur du pays. Je termine ma campagne jeudi, quand je me retourne à Conakry, je prendrais connaissance du document, le conseil politique va se retrouver, et on va avoir une réaction officielle du parti.
AFRICAGUINEE.COM : Depuis quelques jours, des violences sont enregistrées quotidiennement à Conakry. Quel appel lancez-vous à l’endroit de vos militants ?
Cellou Dalein Diallo : [/B]Après les violences qui ont y lieu ces derniers jours, nous avons appelé nos militants au calme, et nous leur avons demandé de quitter la rue, d’aller aider nos militants à retrouver leur cartes d’électeurs parce qu’on s’est inscrit dans la dynamique des élections législatives. L’UFDG a décidé d’aller à ces élections. Et donc, lorsque le RPG (rassemblement du peuple de Guinée, ndlr) a déclenché les hostilités contre l’UFDG. Ils ont commencé par attaquer le cortège de mon épouse. Ils ont incendié le bus de campagne de l’UFDG qui était avec elle. Le RPG et le gouvernement n’ont pas réagit. Lorsque les jeunes ont réagit face à cette situation parce qu’ils étaient frustré par cette agression injustifiée des militants du RPG, nous avons malgré tout appelé les jeunes au calme. Notre message a été entendu. Mais hier matin, les loubards du RPG protégés par la police nationale, se sont attaqués à des bâtiments des personnes supposées être proches de l’UFDG. Et ils ont ainsi brûlé deux villas à Taouyah en présence des policiers qui le protégeaient.
Nous sommes dans un contexte de préparation des élections, nous allons continuer à encourager les jeunes à se préparer pour les élections et d’aider les militants qui ne savent pas encore dans quel bureau de vote ils vont accomplir leur obligation, que ceux-ci puissent être situé et qu’ils retrouvent effectivement leurs cartes d’électeurs.
AFRICAGUINEE.COM : A un certain temps, le président Alpha Condé avait annoncé que dans quelques mois, il n’y aurait ‘’plus d’opposition en Guinée’’. Comment vous, la classe politique de cette opposition, aviez accueilli cette déclaration ?
Cellou Dalein Diallo : Lorsque monsieur Alpha Condé a dit que dans six mois il n’y aurait plus d’opposition, on s’était posé la question à savoir de quelle stratégie, de quels moyens disposait-il pour éteindre l’opposition en Guinée. On s’est posé des questions, et on a pensé finalement qu’il ne disposait que de trois outils. Soit l’assassinat politique, on a vu, lorsque nous étions chez Lansana Kouyaté, on a tiré sur cette voiture, heureusement qu’elle était blindée. Les audits ? On va auditer la gestion antérieure. On va dire que tel ministre ou tel premier ministre est impliqué dans des détournements. On va donc complètement les salir, les juger et les condamner. Mais y’avait aussi le complot. Ce sont ces trois instruments qu’il faut s’attendre qu’il utilise en même temps ou l’un ou l’autre.
Pour nous, on ne voit pas comment il peut annoncer la mort de l’opposition sans en prendre des dispositions pour éteindre cette opposition. Et comment il peut le faire ? C’est de disqualifier les leaders en leur attribuant des responsabilités dans le détournement des biens publics. C’est l’Etat, car l’Eta est très fort ; en les dénonçant comme des comploteurs. C’est le cas maintenant parce qu’il vient de dire que l’UFDG est entrain de travailler pour la déstabilisation de ce régime ; ou alors, ce sont les assassinats politiques. Quand on peut flinguer l’un d’entre nous, et on va dire qu’on recherche, ce sont des bandits, on mènera l’enquête et on peut même nous organiser des obsèques nationales. Mais après tout, on ne trouvera jamais le coupable. Ça peut arriver, puis qu’on a vu dans d’autres pays.
Je pense que l’annonce de complot à la veille des élections législatives, c’est vraiment du suspect. Qu’un journal en parle, je peux comprendre, mais que les ministres de la République fassent une conférence de presse pour dire qu’il ya un coup d’Etat qui se prépare de la part d’un parti politique, je pense qu’ils ont peur soit, d’annoncer les résultats qu’ils ont envie d’annoncer, soit ils ont peur de perdre ces élections. Ils ont le choix. Si elles sont transparentes c’est sûr que le pouvoir va les perdre. Si elles ne sont pas transparentes l’opposition va réagir, et pour prévenir cette réaction on tient à intimider les gens, aussi ça peut être cela. Propos recueillis par Aliou BM Diallo
Pour Africaguinee.com
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