Retour de Cellou, Air Guinée, résolutions de la Cedeao : Les « vérités crues » du Dr Edouard Zotomou…

CONAKRY-Alors que la Guinée est sous la menace de nouvelles sanctions de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), Dr Edouard Zotomou Kpogomou lance un appel au colonel Mamadi Doumbouya. Le vice-président de l’ANAD (alliance nationale pour l’alternance démocratique) qui se dit pessimiste par rapport au respect de la durée de la transition (24 mois), invite le chef de la transition guinéenne de faire face et de voir la réalité pour éviter un enlisement. Dans cet entretien, il s’exprime aussi sur le récent rapport du ministère de l’administration du territoire concernant les partis politiques ainsi que du retour de Cellou Dalein et de l’affaire Air Guinée.


AFRICAGUINEE.COM : Selon le ministère de l’Administration du territoire et de la décentralisation, votre parti l’UDRP a fourni une adresse erronée. Que répondez-vous ?

Dr. EDOUARD ZOTOMOU KPOGOHMOU : Nous avons réagi. Nous disons que, pour qu’on dise qu’une adresse est erronée, il faut bien qu’elle l’ait déjà donné au départ. Si je vous invite à venir chez moi, je vous donne une adresse, vous venez trouver que cette adresse n’est pas correcte, en ce moment il y a un problème. Mais personne n’a été contactée au niveau du bureau politique de l’UDRP, au niveau des militants, sympathisants etc., pour donner une adresse. On a été étonné de voir notre parti figurer sur une liste des partis qui ont des adresses erronées. Nous estimons que c’est un faux par rapport à ça parce que personne n’a été contactée pour donner une adresse qui n’existe pas. Tout le monde connait notre siège à Sangoyah à côté de l’université Amadou Dieng. Le moins qu’on puisse faire, c’est d’essayer de nous contacter à travers certains numéros de téléphones.

Celui qui avait le numéro de téléphone au départ, c’est l’ancien secrétaire général qui est décédé. Mais il n’y a pas eu certainement de mis à jour au niveau du ministère. Je dirais même que c’est un manque de professionnalisme, parce que si le MATD veut s’enquérir des activités de parti politique, c’est à lui d’aller chercher, parce que nous ne sommes pas dans l’obligation de dire, quand on fait un pas, on dit qu’on a fait un pas. Ce sont eux qui doivent savoir ce que nous faisons. S’ils trouvent que ce que nous faisons n’est pas conforme ils peuvent nous le dire. Mais nous n’avons pas été contactés, nous n’avons pas donner de fausse adresse. Le communiqué est passé le 5 juillet et le 6, à la première heure nous étions là. Nous sommes allés (au MATD), nous avons mis à jour le fichier et on leur a donné ce dont ils avaient besoin. Maintenant ce sera à eux de nous appeler ou nous donner un calendrier de visite. Nous pensons qu’ils vont nous appeler. Nous sommes donc à l’attente.

Au 63e sommet de la Cédéao tenu le dimanche, les dirigeants ouest-africains menacé de faire appliquer des sanctions supplémentaires aux autorités de la transition au cas où elles feraient obstruction au respect de la durée de 24 mois de transition. Quelle lecture faites-vous ?

Ce regain d’activités est quand-même souhaitable, parce qu’à un moment donné, on a pensé qu’il y avait une sorte de laxisme dans le comportement de la Cédéao malgré les efforts que les uns et les autres ont fournis. Vous savez, au niveau de la Cédéao on cherche toujours à personnaliser le problème. Quand le président Embalo était à la tête, les gens ont dit que, est-ce qu’il va bien faire ? Ce qui est certain c’est que, quand on accepte d’être dans une organisation comme la Cédéao qui a des exigences, qui a des devoirs auxquels ont doit accomplir et qui a aussi des droits…, il faut qu’on soit dans la dynamique de pouvoir les respecter, chacun de son côté. Nous pensons qu’avec l’arrivée d Bola Tinubu, les choses vont aller dans la bonne direction. Sinon, quand on parle de cadre de dialogue inclusif. Vous pensez que la Cédéao va toujours dire aux gens d’aller à ce cadre si celui qui existe vraiment est celui qui devrait être là ? Non. Il faut qu’on apprenne à respecter nos textes.

Pensez-vous que les autorités actuelles de la Guinée sont prêtes à libérer le pouvoir aux civils dans l’échéance de 24 mois ?

Je suis de l’avis de ceux qui pensent que les 24 mois ne seront pas respectés. Je me précipite pour le dire parce qu’à l’heure actuelle, nous sommes dans la phase encore de concertation. Combien de fois on va faire des concertations. Si on était dans la dynamique de faire aboutir la transition on serait déjà avancé en ce qui concerne même cette histoire de nouvelle constitution. On s’est jeté dans des projets qui vont nous prendre du temps. Or, la constitution de 2010, on l’aurait amandée carrément et puis accélérer les choses pour qu’on aille aux élections. Il faut qu’on s’entende. La vocation d’une transition ce n’est pas de développer le pays. Nous l’avons toujours dit. On ne dira jamais qu’une transition n’a pas réussi parce qu’elle n’a pas réussit à développer le pays. On dira qu’une transition n’a pas réussi parce qu’elle n’a pas mis en place les institutions qu’il faut pour ramener le pays dans un ordre constitutionnel. Maintenant si on veut faire d’autres projets qui prennent du temps, ça veut dire qu’on n’est plus dans la dynamique de la transition. On est dans une dynamique du populisme. Il faut qu’il y ait une prise de conscience au niveau des autorités.

Il faut que nos autorités se rendent compte de la réalité. Parce que la réalité, on ne peut pas la changer. Les gens souffrent en Guinée aujourd’hui, il n’y a pas de cohésion, le peuple souffre… Nous demandons au colonel d’avoir pitié de ce pays. On n’a pas besoin d’être dans cette tractation là tout moment. Il y a des choses qu’on ne peut pas forcer sur un peuple. Ce n’est pas possible. Parce que s’il y a des dispositions que vous prenez qui peuvent créer beaucoup plus de problèmes qu’on en résout, en ce moment vous n’avez rien fait. Nous sommes en train de lui dire de mettre l’intérêt du pays au-dessus de tout.

Beaucoup de bruits circulent autour de l’ANAD ces derniers temps. On parle même de risque d’implosion. Qu’en est-il réellement ?

En effet, nous entendons parler de risque d’implosion et que le pouvoir en place serait en train de faire des manœuvres pour débaucher des cadres de l’ANAD. Tout ça, je pense que ce ne sont que des rumeurs. Si ce sont des rumeurs qui se matérialisent ou alors si ces rumeurs sont emportées par des comportements au niveau des autorités, ça veut dire une chose, c’est que l’ANAD fait peur. C’est la conclusion à laquelle il faut aller directement. Si l’ANAD ne faisait pas peur, on n’aurait pas eu besoin de dépenser de l’argent pour cette fin. Sinon pourquoi on va prendre l’argent pour débaucher les cadres qui ne font pas peur au système en place ? Nous disons que l’ANAD n’a pas été formée au forceps. Ce sont des partis qui se sont retrouvés, d’abord c’était une coalition électorale, qu’on a transformée en coalition politique. Il a fallu que les uns et les autres partagent la même conviction pour pouvoir se retrouver dans une coalition de ce genre. Puisque les parties ont gardé leur autonomie, pour moi, s’il y a des gens qui doivent partir, il faut effectivement qu’ils matérialisent ça. En ce moment, on en parlera… Pour le moment, ce sont des rumeurs et nous ne voulons pas donner de longues oreilles à ces rumeurs. Pour le moment l’ANAD se porte bien.

Que prévoient les textes pour la présidence de l’ANAD ?

Au moment où nous étions dans une coalition électorale, c’était un mandat d’un an renouvelable une fois. Alors, la dernière fois qu’il y a eu des élections, c’était en 2021. En 2022, c’était normalement le premier anniversaire et nous sommes en 2023. Mais entre-temps, nous avons fait la transformation pour aller en coalition politique. Les textes prévoient effectivement que le président de l’Anad soit désigné par consensus. Si on n’arrive pas à s’entendre, maintenant c’est par voix électorale. Et il faut être élu avec 2/3 des voix qui sont les leaders des formations politiques qui constituent l’Anad. Le 14 juillet sera la fin du deuxième mandat, en ce moment il va falloir que s’il y a des textes, que tout le monde paraphe et qu’on soit d’accord pour pouvoir les entériner ou pas. C’est à ce niveau que nous sommes.

Comment l’ANAD se porte aujourd’hui ?

Il faut quand-même dire que l’Anad a pris un coup, mais pas au point de se retrouver à terre. Vous savez, quand vous avez des responsables qui ne sont pas présents au pays, il y a quand-même un effet de ralentissement d’un certain nombre d’activités, il faut le reconnaitre. Mais pour autant, l’Anad n’est pas justement là simplement pour subir ce coup là et ne pas réagir. Elle continue à vaquer aux affaires importantes et de répondre à tous les coups. L’Anad ne va pas croiser les bras seulement parce qu’il y a des rumeurs de ceci ou de cela. Ce qui est sûr, on aurait voulu que tous les leaders soient là et qu’on mette les efforts ensemble pour pouvoir donner un peu plus de force aux actions que nous entreprenons.

Est-ce que l’absence prolongée de Cellou Dalein Diallo n’a pas de répercussion sur cette coalition politique ?

On aurait souhaité que le président de l’Anad soit présent et prenne part à toutes nos rencontres. Mais s’il y a d’autres raisons qui font qu’il n’est pas là, ce sont des raisons qu’il faut respecter. Il y a cette histoire d’Air Guinée, des questions qui sont pendantes devant la Crief, qui sont en train de peser dans la balance. Le problème, ce n’est pas que le président Cellou ne veuille pas rentrer, il y a une certaine intendance qui se dégage : il faut être aveugle pour ne pas comprendre ce qui est en train de se passer. Dans un pays où normalement on dit que la justice est la boussole de toutes nos activités, si la boussole se laisse instrumentalisée, c’est des problèmes. Parce que parfois, il y a des choses qui se passent, on n’attend pas que la justice se prononce, mais les décisions sont prises et elles sont renforcées. S’il y a d’autres cas, on ne sait pas. Mais si c’est le problème d’Air Guinée, ça ne peut pas empêcher les gens d’être là.

L’autre chose à dire, c’est que, même quand on est accusé de quelque chose, je crois qu’il y a la présomption d’innocence. Je crois que c’est à ce niveau. Si on respecte quand-même cette présomption d’innocence, il n’y a pas de raison que les uns et les autres ne puissent pas rentrer. Le président Cellou a dit qu’il rentrait. On ne connait la date mais il ne peut rester à l’extérieur compte tenu de l’enjeu politique et de tous les développements que nous voyons au niveau de la transition.

Vous êtes en train de dire peut-être qu’il y a une immixtion de l’exécutif dans le judiciaire ?

Bien sûr ! Nous sommes en train de dire que le judiciaire n’est pas indépendant. Nous l’avons toujours dit. Il y a un pied de l’exécutif dans les décisions judiciaires. C’est clair. Même quand quelqu’un doit être transféré au niveau des installations pénitentiaires, il faut que l’exécutif se prononce, et même pour le libérer. Alors que c’est normalement le parquet ou un juge qui devrait le faire. Mais si le gouvernement le fait à travers son bras qu’est le ministère de la justice, en ce moment on est en train de piétiner les lois et cela ne peut donner confiance à personne.

Entretien réalisé par Dansa Camara DC

Pour Africaguinee.com

Créé le 11 juillet 2023 12:33

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