Relance du dialogue en Guinée : L’autre pomme de discorde…

CONAKRY-En Guinée, la junte au pouvoir depuis le 05 septembre 2021 et certains partis politiques n'embouchent pas la même trompette. La crispation des positions a fini par créer un climat de tension qui ne favorise pas le bon déroulement de la transition, jugée illisible par une frange importante de la population. Au moins huit morts ont été enregistrés à Conakry depuis le 28 juillet.
Pour résoudre la crise qui secoue le pays (expression que rejette le CNRD), le médiateur de la CEDEAO, Dr Thomas Yayi Boni a, au terme de son dernier séjour de travail en Guinée, recommandé au gouvernement de réactualiser le cadre de dialogue. Une recommandation tombée dans de bonnes oreilles. Car le Président de la transition a donné des instructions au Premier ministre dans ce sens.
Jeudi dernier, en conseil des ministres, le Gouvernement a chargé le ministre Mory Condé, de l’administration du territoire et de la décentralisation de proposer un plan de travail. Mais pour l’heure, certains points d’achoppement persiste. C'est notamment le format qui continue de diviser les acteurs politiques. Si certains préconisent un cadre « fermé », d’autres estiment que tous les Guinéens sont importants et qu’on ne peut pas exclure quelqu'un parce qu’il est jugé « grand ou petit » par rapport à d’autres.
Au niveau de l'Alliance Nationale pour l'Alternance Démocratique (ANAD), coalition politique dirigée par Cellou Dalein Diallo, le ton n'a pas changé. Pour toute participation au dialogue tant réclamé, il revient au gouvernement de créer un cadre bien structuré. A cela s'ajoute la satisfaction de certains préalables parmi lesquels, figurent la libération des détenus politiques et la levée des restrictions des droits et libertés. C'est du moins la position réitérée par Dr Diao Baldé, président de l'Union pour la Guinée Nouvelle (UGN), un des partis membres de l'ANAD.
« Nous au niveau de l'ANAD, ce qu'on a toujours souhaité c'est un format structuré. Et avant d'aller au dialogue, quand-même il y a un certain nombre de préalables qu'il faudrait peut-être satisfaire. Tout le monde est conscient d'une chose aujourd'hui, le climat politique est très tendu. Ça fait déjà un an, on assiste à une restriction des libertés individuelles et collectives. Vous avez des leaders politiques qui sont emprisonnés. Des leaders politiques sont aussi harcelés. Il y a tous ces aspects. Au-delà de ça, il faut un cadre structuré.
On veut ouvrir un cadre de dialogue mais ce n'est pas un fourre-tout. Ce sont là les conditions pour aller à un dialogue. Il faut un minimum de satisfaction de certaines de ces conditions. C'est difficile de dialoguer si vous avez des leaders politiques qui sont emprisonnés. Le seul cadre de dialogue désormais qui reste c'est avec le médiateur. Le gouvernement doit prendre toutes les dispositions pour faciliter cela. Pour nous, le médiateur est la personne la mieux habilitée à conduire le dialogue », a martelé ce membre de l'ANAD.
A l’opposé, Dr Faya Millimouno président du Bloc Libéral (BL) à l'image de plusieurs autres responsables politiques, n'impose aucun format de dialogue à la junte. Contrairement à l'ANAD qui insiste sur la présence d'un médiateur, monsieur Millimono pense que la Guinée dispose des compétences locales capables de rapprocher les différentes parties.
« Nous n'avons une fixation de format. Nous avions pensé que les Guinéens que nous sommes, avec respect mutuel, avec humilité, nous pouvons bien nous asseoir autour de la table. Il y a des ressources locales, notamment nos aînés qui vont faire de la médiation ailleurs qui peuvent être sollicités pour conduire un tel dialogue jusqu'à sa réussite.
Mais puisque d'autres pensent qu'ils ne peuvent faire confiance en personne ici, nous avons accepté pour que le dialogue puisse avoir lieu. Sinon, nous n'étions pas pour qu'il ait un médiateur de la CEDEAO ou de l'Union Africaine. Mais nous avons accepté pour que le dialogue ait lieu.
Si d'autres pensent qu'il nous faut obligatoirement un médiateur, nous, on s'accommode pourvu qu'en ayant le médiateur, qu'on vienne parler des vrais problèmes auxquels nous sommes confrontés ici. Même si on fait le Pape ou l'imam de la Mecque, si nous ne voulons pas parler des vrais problèmes, si nous ne voulons pas privilégier l'intérêt de tous, nous n'allons pas nous entendre », a-t-il fait remarquer.
A suivre…
Siba Engagé
Pour Africaguinee.com
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Créé le 13 septembre 2022 21:48Nous vous proposons aussi
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