Récit poignant de Aissatou : « Comment j’ai été violée au stade… »

CONAKRY-Les victimes des viols de masse commis le 28 septembre 2009 au stade éponyme continuent de défiler à la barre du tribunal criminel de Dixinn, délocalisé à la cour d’appel de Conakry. Cette seconde étape du procès se tient à huis-clos.


Aissatou, 25 ans, au moment des faits, explique ce qu’elle a vécu et vu ce jour au stade. Son témoignage poignant est tiré du livre « Mémoire Collective » publié en 2018. Cet ouvrage apporte des détails importants sur ce qui s’est passé au stade.

Aissatou était venue au stade avec l’une de ses amies qu’elle a perdue dans sa fuite. « Je me suis cachée dans les toilettes, près des gradins. Quelques instants après, quatre militaires sont venus. L’un d’entre eux m’a tirée…Ils ont d’abord déchiré mon pantalon. Le premier m’a violé, le second aussi. Le troisième a essayé mais là j’ai résisté un peu. Il n’en fallait pas, ils m’ont cogné sur la tête. J’ai perdu connaissance

Cette victime n’a repris conscience qu’en fin d’après-midi. Elle a été sauvée par un militaire qui, après lui avoir donné un pantalon, l’a placée au milieu d’un groupe d’hommes et de femmes qu’il conduisait vers la sortie.

« Pendant qu’on marchait, d’autres militaires se sont approchés. Ils ont demandé à deux jeunes garçons du groupe de leur donner leurs téléphones. Le premier a obtempéré et aussitôt, ils ont tiré sur lui… le second a refusé en disant : vous me tuerez avec mon téléphone. Lui aussi a subi le même sort. Il a reçu une balle, il est tombé sur moi. Pire, ils nous disaient de rire et de donner l’impression d’être contentes ».

Plusieurs victimes souffrent encore aujourd’hui des viols et des sévices subis au stade le 28 septembre, leurs corps portent les séquelles des agressions sexuelles. Nombre d’entre elles ont été abandonnées par leur mari et vivent aujourd’hui dans des conditions très difficiles, la stigmatisation est très forte. La jeune Aissatou n’a même pas voulu faire établir de certificat médical à l’hôpital.

« J’ai dit aux médecins de ne parler à personne. Je n’ai rien dit à ma famille. Je ne voulais pas que les gens au quartier disent que j’étais parmi les filles violées au stade. Ça peut faire qu’on ne trouve pas de mari, même sans raconter tous les détails. Plusieurs fois, des hommes m’ont demandé en mariage mais dès qu’ils ont su que j’avais été au stade, l’histoire s’est arrêtée. Ils ne sont plus jamais revenus» précise-t-elle.

A suivre…

Africaguinee.com

Créé le 27 février 2023 17:41

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