Recensement biométrique des étudiants : Des cas magouilles signalés…
CONAKRY-Ils sont nombreux ces étudiants qui se plaignent à avoir des soucis lors du recensement biométrique, dont l'opération a été lancée le 14 novembre dernier. Inscrite dans le cadre de l’application du décret du 12 août 2022 du président de la Transition, le Colonel Mamady Doumbouya, visant à améliorer les conditions de vie des étudiants, l’opération a pour objectif de maîtriser les effectifs estudiantins dans les institutions d’enseignement supérieur public. In fine, aboutir à la revalorisation des bourses d’études.
Les autorités du département de l’enseignement supérieur ont rendu cet enrôlement obligatoire pour tous les étudiants du public. A la fin de l’opération, le paiement des bourses sera subordonné aux résultats de cette biométrie.
Selon des témoignages faits à la rédaction d'Africaguinee.com, des étudiants de la session 2020, qui ont reçu leurs diplômes en 2021, n'ont pas vu de photos sur leurs documents. Et, pour être conformes aux exigences des agents recenseurs, certains sont obligés de payer 255.000 francs guinéens à l'Institut national de recherche et d'action pédagogique (INRAP).
Y.S, est un étudiant en licence 3, département Langue Arabe à l'Université de Labé. Après avoir reçu son diplôme sans photo, lui et ses collègues auraient averti le rectorat avant de se diriger vers la zone de recensement où ils ont été malheureusement bloqués. De là, ils vont se tourner vers l'INRAP.
« A l'Institut national de recherche et d'action pédagogique, nous avons constaté qu'il y avait eu un changement de directeur. Et quand nous avons exposé le problème, les membres de la direction nous ont dit qu'ils ont perdu les demandes que nous avions envoyées préalablement. Pourtant, au niveau du recensement, les agents se sont montés stricts : ceux qui n'ont pas de photo sur leurs diplômes, ne pourront pas être recensés (…).
Or, les photos ne se trouvaient que sur nos relevés de notes, et les renseignements étaient les mêmes. Ils (agents recenseurs, Ndlr), ont exigé à ce qu'on se rende à l'INRAP, pour que les formalités soient conformes. A ce niveau, précisément au niveau du service informatique où les photos sont prises pour mettre sur un CD, on nous a fait payer 25 mille.
Après t'avoir photographié avec un téléphone Android, ils te remettent le CD en question y compris ton diplôme accompagné de relevés de notes pour aller déposer à la direction où on nous a demandé aussi de payer 230.000 Gnf », a déploré l'étudiant.
Il rappelle les difficultés auxquelles les étudiants sont confrontés actuellement. Certains, dit-il, quittent les villes de l'intérieur. Ce manque de photo n'est pas de leur faute, a-t-il ajouté :
« Si on voulait changer les photos volontairement, on pouvait comprendre. Mais là, ce n'est pas de notre faute. Ce n'est pas nous qui confectionnons les diplômes. Ce l'INRAP qui nous a remis ces documents. Autre chose, après avoir changé la photo, et arrivé au point du recensement, on vous dit de montrer également une note rectificative qui prouve que c'est exactement au niveau de l'INRAP qu'elle a été changée », déplore l’étudiant.
Pour en savoir davantage sur ces cas de corruption, nous sommes partis vers le directeur général de l'INRAP. Lequel nous a orienté vers la direction en charge du service examen, logée au sein de son institution. Joint au téléphone, Mamadi Keita, le directeur du service examen a apporté quelques précisions.
« D'abord, les diplômes coûtent à 25 mille francs, c’est un prix officiel, les relevés de notes sont gratuits. Mais il y a des cas de substitution. Il y a des gens qui composent (procéder à une évaluation), à la place des autres. Cette année, nous avons ces cas. Il y en a qui refusent de se faire photographier au moment de la séance de prise des photos. Ils payent les gens qui viennent à leur place (…).
Au niveau du contrôle maintenant, on se rend compte qu'il y a certains qui ont raison, mais d'autres n'ont pas raison. En même temps, quand vous avez des problèmes sur un dossier au cours d'une année, c'est l'année à laquelle vous avez fait le bac que vous devez vous présenter. Mais si vous attendez jusqu'à deux ans, trois ans, quatre ans, pour venir dire qu'il y a eu des glissements…c’est difficile à comprendre », a précisé M. Keita.
Le Directeur Général du service examen soutient que le prix officiel est fixé à 250.000 GNF au lieu de 255 mille signalé par les étudiants. Cependant, la décision concerne les sessions antérieures. «Ce n'est pas du tout des magouilles…», a ajouté Mamady Keita.
Dansa Camara DC
Pour Africaguinee.com
Créé le 26 décembre 2022 14:45Nous vous proposons aussi
L’histoire pathétique de Mamady Fofana, bachelier paralysé : «Je ne suis pas né comme ça… aidez-moi»
TAGS
étiquettes: enquête, Etudiants, Reportages