Qui contrôle vraiment le Burkina Faso?

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A Ouagadougou, la tension est soudain retombée d’un coup ce mercredi. Après la conclusion d’un accord dans la nuit entre armée loyaliste et putschistes, le président de transition est de retour au pouvoir, une semaine tout juste après le coup d’Etat. Pourtant, les raisons de la crise demeurent et de sérieuses menaces pèsent toujours sur la transition démocratique. Alors qui donc contrôle l’avenir du Burkina Faso?


– Le président par intérim: Michel Kafando

Le président de transition a donc repris les rênes du pouvoir ce mercredi, suite à l’accord entre les loyalistes et les putschistes du RSP, le très mal nommé Régiment de sécurité présidentielle. Pris en otage mercredi dernier, il avait été libéré lundi et s’était réfugié chez l’ambassadeur de France, Gilles Thibault.

A peine de retour, le président affirme que «la clameur nationale contre les usurpateurs» prouve que «le gouvernement de transition (…) est resté le seul à incarner la volonté du peuple souverain». Les propositions de sortie de crise avancées par les chefs d’Etats d’Afrique de l’Ouest, il ne les acceptera «que si elles prennent en compte la volonté du peuple».

Son mandat devait se terminer lors des élections générales prévues en octobre. Qu’en sera-t-il à présent?

– Le général loyaliste: Pingrenoma Zagré

Le chef d’état-major de l’armée burkinabé est à la tête de 11 000 hommes. En déployant mardi à Ouagadougou des unités venues de province et en lançant un ultimatum aux putschistes, il s’est clairement rangé du côté du peuple et du gouvernement intérimaire.

Le général veut éviter un bain de sang. Il a accepté de retirer ses troupes de la capitale, de les poster à au moins 50 km et à garantir la sécurité des membres du RSP et de leurs familles.

– Le chef des putschistes: Gilbert Diendéré

Le général est l’ancien bras droit de Blaise Compaoré, chassé du pouvoir par un soulèvement populaire en octobre dernier après 27 ans passés aux commandes. Chef des putschistes, il est à la tête de la garde prétorienne de l’ancien dictateur: le Régiment de sécurité présidentielle (RSP), unité d’élite comptant 1300 hommes lourdement armés.

Le général veut que les anciens partisans de Compaoré puissent participer aux élections et réclame une amnistie pour les putschistes. Pour l’instant, il s’est engagé à cantonner ses hommes. Mais la seule existence du RSP est une épée de Damoclès.

– Le premier ministre par intérim: Isaac Zida

Ce lieutenant-colonel fut le numéro deux du RSP pendant près de 20 ans. Mais l’an dernier, durant le soulèvement populaire, il «trahit» le camp Compaoré, se range du côté des manifestants et s’autoproclame président de la transition, avant de remettre le pouvoir trois semaines plus tard à un civil, Michel Kafando. Nommé premier ministre par celui-ci, il est devenu la bête noire du RSP, dont il s’est distancé, réclamant sa dissolution. La démission de Zida est réclamée depuis des mois.

Ce jeudi à Ouagadougou, le président Kafando doit réunir un Conseil des ministres. Isaac Zida en sera-t-il? Et prendra-t-il à nouveau la tête du gouvernement?

– Les chefs d’Etats régionaux: la CEDEAO

Les chefs d’Etat de six pays membres de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Nigeria, Niger, Togo, Ghana, Bénin et Sénégal) ont fait le voyage de Ouagadougou ce mercredi pour superviser le rétablissement des autorités de transition. Ils ont été accueillis en fanfare à l’aéroport par le chef des putschistes, le général Diendéré. Ils ont joué un rôle clé ce week-end en proposant très rapidement un plan de sortie de crise.

Les dirigeants régionaux veulent surtout la stabilité en Afrique de l’Ouest. A tout prix? Au Burkina Faso, la société civile est furieuse: elle ne veut pas de l’amnistie proposée aux putschistes, alors que le coup d’Etat a fait eu au moins une dizaine de morts. La rue réclame la dissolution du RSP.

– Le Mogho Naaba (roi des Mossis): Naba Baongo II

C’est devant le très respecté roi des Mossis, ethnie majoritaire au Burkina Faso, que l’armée et les putschistes se sont engagés à tout faire pour «éviter un affrontement».

Autorité morale, il n’a pas de pouvoir, mais on peut espérer que sa mise en avant traduit la réelle volonté de dialogue des divers protagonistes. 

Source: Tribune de Genève

Créé le 24 septembre 2015 04:53

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