Que contient le memo remis à Alpha Condé? les confidences de Bah Oury…

Bah Oury, leader du Union des démocrates pour la Renaissance de la Guinée (UDRG)

CONAKRY- L'opposant Bah Oury a fait des confidences sur la rencontre de ce mardi 02 mars entre le président Alpha Condé et le cabinet du Chef de file de l'opposition, Mamadou Sylla. Dans quelle atmosphère la rencontre a-t-elle eu lieu ? Que contient le mémorandum transmis au Chef de l'Etat ? L'Opposant a levé un coin du voile dans cette interview qu'il a accordée à Africaguinee.com. Exclusif!!!


AFRICAGUINEE.COM : Vous avez été reçu ce mardi 02 mars 21 par le Président Alpha Condé avec le Chef de file de l'opposition Mamadou Sylla. Dites-nous dans quelle atmosphère la rencontre a-t-elle eu lieu ?

BAH OURY : Je dois dire que l’atmosphère était très conviviale, de manière simple et puis dans le respect aussi des gestes barrières, du fait de la COVID-19 et d’Ebola. Donc, la rencontre s’est passée dans une atmosphère cordiale et tout à fait chaleureuse.

Vous lui avez remis un mémorandum. Que contient-il ?

Je pense que d’ici 24h au plus tard, ce mémo sera aussi bien distribué à l’ensemble de la presse et à l’ensemble de la communauté internationale représenté dans notre pays et aux responsables des partis politiques. Puisque c’est un texte qui va dans le sens de l’intérêt de tous. Le deuxième élément, ce que je dois dire, les points essentiels qui figurent dans ce mémo vont dans le sens de mettre en valeur les mesures politiques susceptibles de contribuer à l’apaisement, à la décrispation et au renforcement de la concorde nationale. Ce sont les points essentiels qui ont été abordés à ce niveau-là. De ce fait, la question des détenus politiques, c’est-à-dire la gestion du passif lié à la crise consécutive aux élections, c’est un point essentiel qui a fait l’objet d’un développement pour permettre de trouver les moyens les plus idoines, pour gérer cette situation et permettre la libération des détenus politiques. Ça, c’est un.

Deuxièmement, la question de la fermeture des frontières qui impacte les conditions sociales de l’ensemble des populations guinéennes, est une autre préoccupation. Nous avons salué le fait que le Président ait renoué avec la Sierra Léone, mais nous souhaitons que ça aille plus loin pour qu’avec l’ensemble des pays limitrophes, que la question de cette fermeture des frontières soit derrière nous le plus rapidement possible. Parce que ça impacte négativement aussi bien l’économie nationale que les conditions de vie des populations. Et ça ne fait que renforcer l’élargissement de la pauvreté. Les questions liées au vivre ensemble ont été évoqués, les questions de la manière dont il faut gérer l’économie nationale avec des réformes indispensables pour briser les rigidités structurelles, afin de créer une richesse susceptible d’être mieux partagée pour améliorer les conditions sociales de la population, ont été également des point évoqués. Ce sont les principaux points de mémoire que je dis, mais vous aurez le texte dans les prochains jours.

Dans son message réponse après le discours liminaire de M. Sylla, le président a dit : ‘’on va laisser le passé et se tourner vers l’avenir’’. Qu'en pensez-vous ?

Je crois que dans l’expression au point de vue de discours, ce n’est pas la peine de revenir sur ça, au risque de réveiller des blessures. Donc tournons-nous vers le présent et l’avenir, mais ça ne veut pas dire, selon mon interprétation, que c'est une volonté de nier le passé. Tout au contraire, c’est une réalité qui est là, il faut qu’on résorbe le passif qui impacte le quotidien, qui impacte la vie politique, la vie économique, la vie sociale. Je pense que ça fait partie des préoccupations majeures. Donc, on ne peut pas envisager la paix dans le futur, sans régler les facteurs qui génèrent des conflits et qui sont susceptibles de cristalliser des haines et des rancœurs. Il faut les résoudre.

Il a aussi évoqué l’avenir du débat politique alors que depuis la création du cadre permanent du dialogue politique social, aucun acte fort n'a été posé. Qu'est-ce que cela vous inspire ?

Je pense qu’hier, le fait de rencontrer le chef de file de l’opposition El hadj Mamadou Sylla accompagné des membres de son cabinet est un acte majeur dans la vie politique de la Guinée. Parce que c’est la première fois, depuis que le statut du chef file de l’opposition a été créé que de manière officielle et publique, le chef de l’opposition avec son équipe élabore un mémorandum pour faire cas des problèmes assaillants de la Guinée du moment. Ensuite, proposer des alternatives pour une sortie de crise. Je pense que c’est le premier acte qui permettrait d’aller dans le sens souhaité. C’est-à-dire accélérer les autres mesures pour permettre d’aller dans le fond des débats et des discussions susceptibles de prendre le fond des vrais problèmes de la Guinée. Notamment tout ce qui constitue des  facteurs de blocages, des facteurs de rigidités tant sur le plan politique que sur le plan économique pour nous permettre à la suite de cela, de faire émerger un pays capable de créer des richesses et de les faire partager au plus grand nombre de nos compatriotes.

C’est une nécessité absolue d’autant plus que les crises qui sont là, que nous avons déjà connues et que nous vivons : crises politiques, crises épidémiques (COVID-19 et Ebola), crises sociales, vont s’amplifier avec la rareté des ressources. Tout ceci nécessite un changement de paradigme dans la capacité de mobiliser les épargnes nationales. Pour qu’il y ait une capacité de mobilisation d’épargne nationale il faut deux paramètres principalement.

D’abord, la confiance de la population vis-à-vis des mesures gouvernementales et de l’autre part, une création suffisante des richesses. C’est-à-dire une croissance mieux partagée pour générer une capacité d’épargne susceptible de nous permettre de sortir d’une certaine dépendance financière qui empêche des investissements, qui empêche à l’Etat dans une large mesure de pouvoir faire face à ces obligations régaliennes. Notamment en ce qui concerne le fonctionnement courant. Tous ces problèmes-là sont là, il faut que les guinéens se rendent compte que le pays a besoin de reformes drastiques dans le fond, dans la forme et avec d’autres façons de faire pour que nous sortions de ce bourbier.

A Suivre…

Oumar Bady Diallo

Pour Africaguinee.com

Créé le 3 mars 2021 18:08

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