Pourquoi la Guinée a quitté l’IHF ? Les révélations de Paye Camara, président de la Feguihand…

CONAKRY- La Guinée a annoncé ce jeudi 1er juin 2023, son retrait de la prochaine Coupe du Monde Juniors – IHF prévue courant juin en Allemagne et en Grèce. Cette décision annoncée par la Fédération Guinéenne de Handball (FGHB) est tombée comme un coup de tonnerre chez de nombreux guinéens.  Pourquoi cette décision ? Quelles conséquences pour le handball guinéen ? Africaguinee.com a interrogé le président de la fédération guinéenne du Handball. Le Contrôleur Général de Police Mamadouba Paye Camara fait des révélations.


AFRICAGUINEE.COM : Pourquoi le retrait de la Guinée à la Coupe du Monde Junior IHF ?

MAMADOUBA PAYE CAMARA : La raison est toute simple. Il y a huit (8) handballeurs guinéens qui ont fui dernièrement (au terme d’une compétition à dimension internationale à San José). Donc, on n’a aucune garantie des institutions pour nous donner les visas. Encore, que nous partons sur l’espace Schengen où le risque est encore beaucoup trop élevé que le Costa Rica pour ne pas attendre à la dernière minute et se mettre dans les tracasseries. Quelle décision fallait-il prendre alors ? Parce que ceux qui sont là ne vont jamais leur donner le visa. On a tenté partout. Quand vous participez à une compétition internationale, il y a d’abord la lettre de garantie que la fédération internationale vous donne. C’est ce que vous prenez pour aller dans les ambassades si vous n’avez ça, comment vous pouvez avoir le visa ?

Aujourd’hui, notre problème, on doit s’en prendre à ceux qui ont fui. Il n’y a pas longtemps, ces huit athlètes qui ont fui se sont affichés sur les réseaux sociaux pour fêter leur victoire parce qu’ils sont rentrés aux États-Unis.

Pourquoi la fédération internationale du handball a refusé de vous remettre cette lettre de garantie ?

Ils ne veulent même pas parce que les autres ont fui, ils ont demandé de justifier la fuite de huit handballeurs. Ça fait trois mois depuis que ces joueurs ont fui et on est en train de tout faire pour trouver une solution, même le département des sports s’est impliqué pour leur demander de revenir. En vain. On leur a dit que s’ils ne reviennent pas, cela peut avoir des conséquences néfastes pour le pays mais les jeunes n’ont pas voulu comprendre.

Pire, ils attendent à quelques semaines du début de la compétition mondiale pour s’afficher mondialement sur les réseaux sociaux pour dire qu’ils sont fièrement arrivés aux États-Unis. Qu’est-ce que je peux ?

L’année dernière aussi, il y a un sportif qui avait fui. A cause de cela, nous sommes bloqués avec l’ambassade de France. Il y a maintenant huit, si c’était deux personnes, c’est moins grave, mais huit personnes qui prennent la fuite dans une compétition internationale, même pas trois au moins, ça c’est grave. Et ça c’est au Costa-Rica, mais là, nous partons dans l’espace Schengen (l’Allemagne et la Grèce). Quand les enfants vont partir là-bas ils vont tous fuir, j’en ai la ferme conviction. Et si c’est comme ça, ils vont dire que nous nous sommes là pour cautionner l’immigration clandestine. C’est pourquoi au sein de la Fédération, personne ne veut prendre l’engagement.

Quelles pourraient être les conséquences de ce retrait pour la Guinée ?

Il n’a pas de conséquences parce que nous avons pris la bonne décision. Ils ne vont pas nous taxer de complicité. Ils vont nous remplacer par d’autres pays qui ont moins de problèmes pour l’obtention de visa. Ils ont invité le Groenland, une colonie danoise. La fédération internationale avait demandé plusieurs pays de venir à remplacer la Guinée mais puisque ces pays savent que c’est la place de la Guinée, ils n’ont pas accepté. Mais du fait qu’on est confronté à un problème d’immigration, qu’est-ce qu’on peut ? Sinon le pays qu’ils ont invité est 6ème dans le continent, la Guinée dépasse 1000 fois ce pays.

Donc, je n’en veux pas à la fédération internationale, ni à la confédération mais j’en veux plutôt à ceux qui ont célébré la fuite de ces enfants.

Vous semblez triste ?

Je suis triste parce qu’il y en a qui ont accepté de revenir au pays. Je suis triste parce que prochainement même si on se qualifie dans les compétitions internationale, on aura du mal à avoir des visas. Je suis triste parce que ces enfants (l’équipe des handballeurs) quand on partait au Costa-Rica, l’Etat guinéen et la fédération, on avait payé les frais de stage en Macédoine. A cause du risque d’immigration, la Macédoine nous a refusé le visa, je suis rentré avec eux dans l’ambassade de Turquie pour prendre le visa, chaque personne 250 euros, nous avons perdu plus de 7 000 euros parce que la Turquie nous a refusés le visa parce qu’ils disaient que les jeunes allaient fuir.

J’étais obligé de me battre pour obtenir le visa du Brésil. On est passé par Conakry-Abidjan, puis Doha au Qatar mais chaque pays passé c’était des problèmes. Même pour avoir le visa du Brésil c’était des problèmes.

Pour rentrer au Costa-Rica, il a fallu la garantie de la fédération internationale de Handball. Si maintenant ces enfants attendent la fin de la compétition pour prendre la fuite alors qu’on est qualifié, c’est triste.

Aujourd’hui la fédération internationale nous a demandé où sont ces huit handballeurs, on a dit qu’on ne sait pas. Ils attendent à quatre jours du mois de juin pour s’afficher sur les réseaux sociaux et c’est des journalistes qui partagent partout pour dire que les huit (8) handballeurs sont rentrés à New York en train de se balader.

On nous interpelle pour demander où sont ces sportifs ? on a dit qu’on ne connait pas. Ils nous disent pourtant que les jeunes sont à New York. La sanction directe, on n’a pas la garantie de la fédération internationale du handball, ni de la confédération africaine. Dans ce cas, est-ce qu’on doit se taire sur ça ? La bonne décision qu’on a prise, c’est de dire que la Guinée se retire parce qu’on n’a pas la garantie de l’obtention de visas.

Pour le handball guinéen, est-ce qu’il faut craindre d’autres conséquences néfastes ?

On est sur beaucoup de fronts, de compétition. Les filles viennent de se qualifier au Challenge continentale, les deux catégories, (cadettes et juniores). On est qualifiés pour la coupe d’Afrique Sénior qui se jouera en janvier (série garçons et filles).

Nous devons participer à la coupe d’Afrique cadette junior en Tunisie au mois de d’aout-septembre. Nous devons participer au Challenge intercontinental qui doit se jouer au mois de juillet. Mais pour les garçons, je pense qu’il faut mettre d’abord une pause, réfléchir, parce que s’il y a encore des jeunes qui partent et qui fuient, on dira qu’on a récidivé ou on a été complice de l’immigration. C’est l’étiquette qu’il faut enlever sur la Guinée.

Siddy Koundara Diallo

Pour Africaguinee.com

Tel : (000224) 664 72 76 28

Créé le 1 juin 2023 17:19

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