Politique : Sidya Touré n’a pas tout à fait tort…

Sidya Touré, leader de l'Union des Forces Républicaines

CONAKRY- C’est un choix difficile qu’a fait l’Union des Forces Républicaines (UFR). Cette formation politique dirigée par l’ancien Premier Ministre Sidya Touré, a, contre toute attente, annoncé son départ de l’opposition républicaine dont elle était l’un des piliers.


L’UFR, ce parti qui a mené l’une des campagnes les plus agressives contre la gouvernance du Président Alpha Condé, a pris une décision majeure au lendemain du scrutin du 11 octobre 2015. Parti très tôt en campagne, Sidya Touré a lancé des slogans très hostiles au locataire du Palais Sékoutoureya : « 5 ans pour rien ! On est fatigué ! » étaient entre autres les slogans de campagne de l’ancien Premier Ministre guinéen.

Dès l’annonce des résultats définitifs par la Cour Constitutionnelle, on a noté un rapprochement entre le RPG Arc-en-ciel et l’UFR. C’est sans surprise qu’au soir du 2 janvier 2016, un décret a annoncé la nomination de Sidya Touré au poste de Haut Représentant du Président de la République. Comme pour sceller davantage son union avec un de ses plus farouches opposants, Alpha Condé a fait entrer le Porte-parole de l’Union des Forces Républicaines dans le Gouvernement de Mamady Youla. Mohamed Tall, a été nommé Ministre de l’élevage dans le premier Gouvernement du second mandat d’Alpha Condé.

Aux yeux de ses anciens complices de l’opposition, Sidya Touré est perçu comme un « traître ». Le choix politique de l’UFR a été difficile, mais repose sûrement sur des raisons.

Premièrement, Sidya Touré, aujourd’hui âgé de 71 ans, a joué l’une de ses dernières cartes en politique lors de l’élection du 11 octobre 2015. Au delà de son âge, le Chef de file de l’UFR n’avait « aucune chance » de sortir sa tête de l’eau à cause de la bipolarisation de la politique en Guinée. Issu d’une ethnie minoritaire (Djakankè), Sidya Touré a longtemps souffert du mode de fonctionnement de politique en Guinée. Le choix d’un leader n’est presque jamais basé sur ses compétences, chaque militant court derrière le leader issu de son ethnie. Forcément, cette situation a toujours arrangé les deux plus grands partis du pays, l’UFDG et le RPG Arc-en-ciel. Ce n’est donc un secret pour personne que Cellou Dalein Diallo faisait ombre à Sidya Touré au sein de l’opposition. Cette situation avait fini par agacer le leader de l’UFR qui a rappelé plusieurs fois qu’il a été le « Premier Ministre » de Cellou Dalein Diallo.

Deuxièmement, Sidya Touré était financièrement épuisé. En Guinée, comme dans beaucoup d’autres pays africains, la politique se fait d’une manière assez particulière. Les militants ne cotisent presque jamais pour le parti. C’est plutôt le leader qui est généralement un ancien haut commis de l’Etat, qui finance toutes les activités du parti. Nombreux sont les cadres de l’UFR qui ont longtemps bénéficié de la « largesse » de leur « super patron ». De la campagne électorale, aux autres évènements qui demandent un financement, les leaders politiques enregistrent de grosses saignées financières. En Guinée, la politique ne se fait pas de la même manière qu’aux Etats-Unis. Lorsque tu es de l’opposition, le pouvoir en place te met souvent les bâtons dans les roues dans le fonctionnement de tes affaires. Quelque soit ton assise financière, il est difficile de tenir longtemps dans l’opposition.

L’arrivée dans le Gouvernement d’un représentant de l’UFR, avec à la clé ses dix députés, renforcera l’assise financière de ce parti. Sidya Touré ne va plus supporter seul le budget lié au fonctionnement de son parti. Et c’est tant mieux pour lui lors des prochaines élections locales.

Troisièmement, la nomination de Sidya Touré au poste de Haut Représentant du Président de la République constitue un atout pour le leader de l’UFR. Sidya Touré pourra profiter de cette casquette qui lui ouvrira de nombreuses portes, pour enrichir son carnet d’adresse. Cet ancien proche collaborateur du Président Alhassane Ouattara de la Côte d’Ivoire, a peut-être d’autres ambitions. La bataille pour la présidentielle de 2020 a déjà commencé. Le RPG Arc-en-ciel qui traverse une crise depuis plusieurs mois, aura du mal à sortir un leader qui pourrait incarner l’unité du parti. Sidya Touré pourrait donc se présenter comme étant le « candidat du consensus », en se présentant comme étant un des fils de la grande famille mandingue. Avec un soutien de la Haute-Guinée, et éventuellement de la basse côté, Sidya Touré pourrait bien se retrouver au Palais Sékoutoureya. Mais pour cela, Sidya va devoir gagner son duel avec le Chef de file de l’opposition guinéenne, Cellou Dalein Diallo.

 

Amadou Diallo

Pour Africaguinee.com

 

Créé le 6 avril 2016 17:14

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