Pita : A la rencontre de Bhoye Diallo, tisserand depuis le régime de feu Sékou Touré…

PITA- En Guinée, l'émergence de l'artisanat bat encore de l’aile. Cette activité qui est pourtant génératrice de revenue pour de nombreuses familles ne semble pas être une priorité du Gouvernement. Cependant, les talents ne manquent pas. Les artisans guinéens libèrent leur génie créateur et se débrouillent avec les moyens de bord. Avec des techniques souvent très rudimentaires, ils arrivent quand même à s’en sortir tant bien que mal.

Chez les tisserands, les difficultés sont nombreuses pour ces ouvriers. Outre le manque de moyens adaptés à la fabrication des tissus, les artisans font face à l'agression impitoyable des produits manufacturés venus d'ailleurs et qui inondent le marché guinéen. Cependant, certains d'entre eux arrivent quand même à tirer leur épingle du jeu.

C'est le cas Mamadou Bhoye Diallo, tisserand depuis une quarantaine d'années. Dans son atelier à Pita, une préfecture de la Moyenne Guinée, où l'activité de la tisse connaît un certain essor en dépit des techniques rudimentaires qu'il utilise, le quinquagénaire nous explique avoir embrassé ce métier depuis 1973 au temps du régime de Sékou Touré.

Il déroule des bobines de fils de coton blanc et bleu sur une vingtaine de mètres. Sous l’ombre de vieux manguiers, M. Diallo manœuvre. Un exercice pas du tout facile qui allie rapidité, ingéniosité et subtilité. Il pédale, tisse des bandes de tissu qu'il enroule sur ses genoux. M. Diallo tisse de toutes les qualités, qu’il plie en rouleaux. Les bandes de tissu seront ensuite découpés en pagnes. Ces nappes sont assemblées pour être vendus. Elles sont souvent cousues pour en faire des boubous. Le peu de touristes qui fréquentent la Guinée sont accrocs à ces tissus.

Mamadou Bhoye Diallo qui gagne sa vie dans ce métier demande à l’Etat de les aider à avoir une usine de fabrication de fils, qu’ils importent aujourd’hui du Sénégal, de la Côte d’Ivoire ou du Mali. L’usine Sanoya qui était spécialisée dans la fabrication des fils a fermé depuis le temps de Sékou Touré.