Partir ou périr : de jeunes migrants retournés racontent leur mésaventure

Des jeunes migrants retournés en Guinée, image d'archive

Depuis l’an 2010, beaucoup de jeunes de Mamou sont partis par la route pour rejoindre l’Europe dans l’espoir d’une vie meilleure. Ils empruntent pour la plupart, le chemin incertain du désert et de la méditerranée. Dans de nombreux cas, ils sont arrêtés, vendus et sont réduits à l’esclavage et même tués. Malgré tout, les départs persistent.


C’est dans le quartier Abattoir, dans la commune urbaine de Mamou, que nous avons rencontrés, Mohamed SYLLA et Mamadou Lamarana. Ces deux (2) jeunes ont une histoire commune, ils ont tous été retournés après qu’ils aient tentés de rejoindre l’Europe par la méditerranée.

Dans une atmosphère assez nuageuse, un d’entre eux nous fait signe de prendre place. El Hadj Mohamed SYLLA prend la parole pour revenir sur le calvaire subi lors de sa traversée.

« Nous avons bougé à Mamou ici à 7 Km de la ville pour une destination vers Siguiri. Dans cette zone, nous avons revendu nos objets pour obtenir quelques fonds pour entamer le départ. Après, on s’est dirigé vers la frontière Guinée-Mali précisément à Kourémalé pour être à Bamako. Une fois au Mali, il y a des agences de voyage qui aident les candidats à l’émigration clandestine de continuer leur chemin. Ils nous faisaient croire que leurs agences sont dynamiques dans leurs actions pour te parler de l’Allemagne et autres pays mais au finish, c’est juste du tape-à-l’œil pour arnaquer les jeunes et prendre leur argent », explique le jeune.

A son tour, Mamadou Lamarana DIALLO, un autre migrant retourné a vécu le même calvaire. Ce jeune migrant, marié et père d’une petite fille raconte sa mésaventure en ces termes.

« Quand on a payé le transport pour Gao, on a fait plus de quatre jours à la gare routière sans voir le chauffeur et celui qui a retiré notre argent. C’est par après qu’on a encore déplacé un autre véhicule pour nous amener à Gao, car à Sevaré, le manger est cher et pour les migrants, on paie le double », raconte-t-il.

Il ne s’arrête pas là : « Le jour-j, nous nous apprêtions à sortir et un camion est venu nous chercher à 19h. Pour s’embarquer aussi, il fallait payer de l’argent. Ces rabatteurs réclamaient 150 000FCFA par personne. Et moi je n'avais pas cette somme. Il m’a fallu contacter un ami à qui j'avais confié 50.000 FCFA à Mamou. Il m’a transféré cette somme et j’ai remis 40.000FCFA à ce chef qui m’a promis de m’aider jusqu’à Tamanrasset, une ville de l’Algérie », poursuit le jeune homme.

Avant qu’il ne réalise, le jeune homme est kidnappé par des hommes armés encagoulés. Il se retrouve dans un endroit isolé au milieux de plusieurs autres détenus.

« Le chef du véhicule dans lequel nous étions, a appelé un jeune conducteur de taxi-moto qui m'a aussitôt envoyé dans une cour. J’ai retrouvé mes amis avec lesquels je m'étais embarqué à Gao. Dans cette cour, il y avait le nommé Tayson et Moussa onze. Il y avait aussi des hommes armés en camouflage. Il y avait un petit parmi nous les migrants, lorsqu’il a vu ces hommes avec les armes, il a eu peur et a commencé à pleurer. Un de ces hommes armés a pris son arme et lui a tiré une balle dans la tête et l’enfant a rendu l’âme sur place », se souvient-il.

Une image, qu’il n’est pas prêt d’oublier: « Cet acte des rebelles a plongé tous les migrants dans la peur ».

Tout au long de leur périple, les deux jeunes vont être témoin d’acte de barbarie et de torture. De même, ils ont été témoins de vente aux enchères de plusieurs de leurs amis. Parmi eux figurent des Guinéens, des Maliens et d’autres nationalités.

« Tout au long de notre périple, nous avons été témoins de la torture de certains de nos amis surtout des Guinéens par des hommes armés qui ont des camps de détention. D’autres ont été vendus à ciel ouvert par ces soi-disant facilitateurs sur le chemin vers l’Europe. C’est là où vous verrez des migrants qu’on achète aujourd’hui et qui seront revendus à d’autres passeurs à des prix exorbitants. C’est pourquoi le plus souvent ces migrants appels leurs parents qui les envoient de l’argent afin de sauver leur vie. C’était juste terrible », témoignent ces migrants retournés.

Pour leur plus grand soulagement, ces migrants ont pu s’échapper et bénéficier du programme de retour volontaire mis en place par l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM).

De retour au pays, Lamarana est bien déterminé à rester en Guinée et réussir. Pour lui désormais, il est hors de question de partir. Depuis son retour, il s’est dégoté une petite place au marché de Mamou. Il y vend des habits de toutes sortes pour les femmes. Il entend développer son commerce et vivre son bonheur auprès des siens.

 

Mamadou Adama BARRY

Créé le 23 septembre 2021 18:56

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