Ousmane Gaoual : « le Général Baldé a instruit aux gendarmes de réprimer… »

Ousmane Gaoual Diallo

CONAKRY-Ousmane Gaoual Diallo est très en colère contre le Haut Commandant de la gendarmerie, le Général Ibrahima Baldé. Le député de l’opposition accuse ce haut responsable de la gendarmerie d’avoir donné des instructions à ses subordonnés pour réprimer les citoyens de Ratoma pour venger leur collègue décédé il y a une semaine dans des circonstances polémiques. Dans cette interview qu’il nous a accordée, il donne également les raisons de la défaite de l’UFDG face au parti au pouvoir à Kakoni et dans la commune-urbaine de Gaoual.


AFRICAGUINEE.COM : Comment expliquez les exactions commises dans certaines familles à Ratoma à l’occasion de la ville morte qui s’est soldée par la mort d'une personne par balle ?

OUSMANE GAOUAL DIALLO : Disons que la journée de ville morte appelée par l'opposition a été une réussite extraordinaire. En parcourant la ville, de Coyah à Conakry 1, nous avons observé une situation où les guinéens sont restés unis dans la dénonciation du comportement mafieux de l'Etat Guinéen par rapport à ces élections. Et donc malgré cela, les forces de défense et de sécurités ont trouvé les moyens d'ôter la vie à un monsieur qui cherchait juste une boisson à côté de sa maison. Il a atteint par une balle en pleine poitrine et puis il est décédé. Nous le déplorons. Derrière ça, il y a aussi ce comportement sauvage des gendarmes et des policiers qui considèrent Ratoma comme un territoire occupé où toutes les violations de droit de l'homme sont légions.

Ils rentrent dans les familles, violentent des familles, détruisent les repas, renversent les marmites et créent les conditions pour entretenir la haine entre les communautés, pour entretenir la haine des citoyens contre les forces de sécurité. Il n'y a pas deux responsables de cela. Moi je pointe directement le Général Baldé Ibrahima qui a donné instruction fermement de faire cette répression pour venger ce gendarme qui est mort dit-on assassiné par un coup de cailloux alors que certains disent qu'il est tombé du camion en essayant de rattraper ses collègues dans le camion.

Le Général Baldé en s'exprimant à la télévision nationale, en disant qu'il promet l'enfer à ces citoyens, qu'il promet que les gens-là vont être châtiés, il venait de se substituer à la justice et donner l'instruction aux militaires d'agir dans la brutalité dans cette commune. Et c'est ce que les gens ont fait. Il n'y a pas deux responsables. Ibrahima Baldé répondra directement un jour ou l'autre de cette forfaiture parce que ce n'est pas permis. Il faut que cela s'arrête. Ratoma n'est pas un territoire occupé, ni une République à part, ce n'est pas un groupe sécessionniste qui vit là, ce sont des guinéens qui sont fatigués de la corruption, du mensonge, du délit, de la haine, de l'impunité et qui dénoncent cela quotidiennement dans leur vie.

Sans aucune violence, aujourd’hui ils subissent les courroux des extrémités du RPG qui sont tapis le plus souvent dans les rangs des forces de défense et de sécurité. Il faut que cela cesse, parce que ce sont les ingrédients d'une révolte puissante qu'ils sont en train ainsi de faire. Les guinéens sont fatigués. La journée ville morte apporte clairement la preuve. 

Quand on entend un Général de la trempe de Baldé dire qu'il promet l'enfer à ces gens-là, qu'il va les châtier, alors je dis c'est un message codé qu'il venait d'envoyer à ses collègues pour que ceux-ci agissent par la plus grande brutalité comme ils ont fait ça hier à des familles paisibles qui observaient la journée ville morte dans leurs concessions. Ça doit s'arrêter ! Il faut que Baldé comprenne qu'il n'est qu'un gendarme au service de la justice et que ce n'est pas lui qui va donner la sentence. Il n’est là que pour réunir les éléments de preuves et permettre à la justice de juger et de sanctionner éventuellement. On ne doit pas se permettre à son rang de dire qu'il faut châtier des gens, on n’est pas dans une école coranique où il réserve l’enfer à un groupe, le paradis à un autre. Les guinéens vivent l'enfer déjà, et si c'est lui qui dit qu'il nous le réserve, nous lui disons simplement que nous le vivons déjà et les gens sont fatigués. Voilà ce que j'avais à dire par rapport à cela et c'est un message révolte parce que les gens sont fatigués d'être pris pour des cibles pour rien du tout, pour être punis par des gendarmes offusqués ou en mission d'un État répressif. Vraiment trop c'est trop. 

Face aux crises qui s'accumulent dans le pays, Mohamed Said Fofana le nouveau médiateur de la République multiplie les contacts au sein des forces vives de la nation. Dans ce cadre il a rencontré le Chef de fil de l’opposition.  Quelle observation en faites-vous ?

D'abord le personnage n'a aucune crédibilité, Mohamed Said Fofana était celui qui a instrumentalisé les populations pendant très longtemps, qui a créé les conditions de la crise d'aujourd'hui, en soutenant l'installation de cette CENI criminelle à la tête de l'organisation des élections dans notre pays. Said Fofana est comptable de cette situation. Donc il n'a aucune crédibilité. Alors la démarche qu'il fait aujourd'hui vers le Chef de file de l'opposition guinéenne n'a aucun sens, il peut venir le Chef de file va le recevoir, l'écouter, mais nous ne croyons pas à sa parole, ni à la parole de celui qui l'envoie, le Chef de l’Etat, nous ne croyons à la parole du gouvernement, nous voulons des actes. Et tant qu'il n'y a pas des actes, la démarche va se poursuivre, les guinéens sont fatigués. Nous exigeons et ça c'est sans aucune autre forme, la publication des résultats réels des élections communales dans le pays. Ce n'est pas plus compliqué, les guinéens doivent savoir ce qui s'est passé dans les urnes, parce qu'il n'est plus possible de se maintenir par le mensonge, par le vol, la triche, il faut que les guinéens qui ont sanctionné cette mauvaise gouvernance de Alpha, puissent retrouver leur "dignité électorale" il faut que cela se réalise.

Les démarches vers les religieux Said Fofana n'engage que lui, dans tous les cas la réponse de l'opposition Républicaine est claire, nous voulons des actes, les promesses nous les avons plein. Nous sommes fatigués et il faut absolument que nous agissons maintenant avec des choses concrète s'il veut tant soit peu que ces mouvements de grève s'arrêtent.

Est-ce que ces démarches ne commencent pas à porter fruit quand on sait qu'il y a un deal qui aurait été obtenu entre le pouvoir et l'opposition ?

Il n’y a pas de deal dans le respect de la Loi. Il faut absolument que les résultats issus des urnes soient publiés. C’est le seul deal que l’opposition va faire avec n’importe qui. Il faut que les voix des guinéens soient restituées. On ne peut pas impunément continuer à jouer avec le choix des guinéens. Alpha Condé a été sanctionné de part et d’autre dans le pays, toutes les régions du pays l’ont sanctionné. La journée ville-morte était un deuxième camouflet pour ce gouvernement. Cela vient de confirmer que la capitale est tenue par l’opposition et qu’Alpha ne représente plus rien.

Quelle lecture faites-vous de la démarche de la CENI visant à rencontrer les acteurs impliqués dans le processus électoral pour réexaminer les PV qui font objet de contentieux ?

La CENI est une organisation criminelle. Elle s’apparente aux organisations maffieuses qui écumaient l’Italie des années ‘’80’’. Pour moi ce sont des gens qui ne regardent que leur intérêt personnel. Ils sont prêts à mettre la Guinée en feu et en sang pour préserver leurs intérêts économiques. Elle n’est plus crédible, on ne devrait même plus l’écouter parce que ce ne sont ni  plus ni moins que des criminels en puissance qui sont là. Parce que depuis 2010 tout ce qui est arrivé à la Guinée est dû à l’incapacité, la corruption qui entourent cette organisation chargée d’organiser les élections chez nous.

Comment expliquez-vous la défaite de l’UFDG dans la commune urbaine de Gaoual et à Kakoni ?

Disons que dans la commune urbaine le RPG est effectivement à 32 voix de plus que l’UFDG ; mais nous sommes à égalité de sièges au niveau de la commune urbaine. Ce qui est une grande performance pour l’UFDG qui a régulièrement perdu dans la commune urbaine ici avec des écarts qui avoisinaient même les 2000 voix en 2010 et 2013 et 1500 voix en 2015. Aujourd’hui réduire cet écart à 30 voix seulement malgré qu’il y ait eu deux bureaux de votes qui ont enregistré 240 procurations dans la commune en faveur du RPG, cela montre que parti au pouvoir mord la poussière. Cela est une performance pour l’UFDFG. Il faut saluer cela.

La deuxième chose à Kakoni. Effectivement, le RPG arrive en tête avec 122 voix, c’est-à-dire un siège de plus que l’UFDG. Il faut dire clairement qu’il y a eu là aussi une négligence de nos appareils de surveillance des bureaux de vote. Il y a eu énormément de bourrage d’urnes dans les villages où nous étions sous représentés. Cela a fait la différence tout de suite au comptage. Il y a eu des bureaux de vote qu’on ne connaissait pas, on a dénoncé, mais la CENI est passée outre. Il y a eu massivement la fraude dans ces localités et le RPG passe devant. Mais à Gaoual on est très content du résultat. A Kakoni ce n’est que partie remise, je suis persuadé qu’ils ne gouverneront pas cette commune parce la majorité des citoyens de la localité sont de l’UFDG. Et cela va se démonter dans les prochains jours.

 

Entretien réalisé par Diallo Boubacar 1

Pour Africaguinee.com

Tél. : (00224) 655 311 112

Créé le 1 mars 2018 22:00

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