Ousmane Doré: « Ce que nous exigeons avant les élections le 18 octobre… »
CONARY-Candidat pour la première fois à une élection présidentielle en Guinée, Dr Ousmane Doré reste confiant quant à ses chances de victoire au soir du 18 octobre. Mais pour ça, le leader du Mouvement National pour le Développement exige un processus transparent. Favorable à un "glissement" de la date si nécessaire pour parfaire le processus, l'ancien ministre de l'économie et du plan parle du processus électoral en cours mais également de son programme de société. Dans cette interview, Dr Doré lance un appel aux guinéens : celui de ne pas rater l'opportunité qui leur est offerte d'opérer l'alternance le 18 octobre.
AFRICAGUINEE.COM : Vous êtes candidat à l’élection présidentielle du 18 octobre, premièrement la CENI a publié en début de semaine les résultats de l’audit du fichier électoral. Quelle appréciation en faites-vous ?
DR OUSMANE DORE : Nous avons suivi la publication de ces listes électorales. Nous nous sommes posé pas mal de questions quant à la distribution géographique de cette liste. Vous savez, au cœur de cette élection du 18 octobre, il y a eu toujours la question du fichier électoral qui a fait que beaucoup de nos compatriotes qui avaient souhaité faire partie de ces élections ont décidé de se retirer. Et nous, nous pensons qu’il y a une obligation de la part de ceux qui sont en charge du processus, de faire des efforts pour rassurer ceux qui se sont engagés dans la course. C’est pourquoi quand nous avons vu ce fichier qui du reste doit être publié, parce qu’il semble bien que cette exigence incluse dans le code électoral, n’est pas encore respectée. Donc, nous nous sommes posé la question comme beaucoup d’autres. Il est difficile de comprendre qu’une région fut-elle une région cosmopolite puisse avoir plus de 22% de l'électorat. C’est des opérations techniques, je ne suis pas dans le secret de ceux qui travaillent sur cette question. Ça peut être vrai, qu’ils ont recensé 22% là-bas, mais ça demande des explications pour la raison aussi simple que lorsque je vois une ville comme Mandiana qui, il y a quelques années, était une sous-préfecture de Kankan et qui a aujourd’hui plus d’électeurs qu’une ville comme Kindia, comme Boké, ça demande beaucoup d’explications.
Siguiri est la ville la plus peuplée sur le plan électoral plus que les communes comme Matoto ou Ratoma. Là il y a des explications qui semblent être portées pour dire qu’il y a les mines, une forte concentration des populations dans les zones minières, ça boosté le nombre d'électeurs. Mais aussi on peut se demander quels sont ceux-là qui sont dans les mines ? Est-ce que c’est juste nos concitoyens ? Parce qu'on sait bien que les zones minières tirent pas mal d’étrangers aussi. Donc, nous ne sommes pas en train de dire qu’objectivement nous avons des preuves pour contester ce fichier, nous ne saurons le faire puisque c’est un travail technique. Des experts comme la CEDEAO sont venus, nous attendons leur rapport pour aussi avoir d’autres décisions. Nous voulons nous assurer qu’il n’y a pas eu manipulation dans l’élaboration de cette liste électorale. Donc, notre décision va dépendre de ça. Mais il est fort certain que nous soyons rassurés par l’organe chargé de ces élections qui est la CENI.
Si ces conclusions mettaient en évidence vos doutes qu’est-ce que vous demanderiez ?
Nous avons été clairs. La convention qui m’a permis d’accepter ma candidature, j’ai été très clair, j’ai dit que je me lance dans un processus que je veux transparent, qui réunit toutes les conditions de transparence sinon je ne suis pas prêt à mobiliser mes militants pour un exercice futile. De toutes les façons, je crois que ça, c’est l’engagement de tous ceux qui participent à des échéances comme l’élection présidentielle. Vous ne pouvez pas aller avec les doutes, avec un processus entaché en amont. Donc nous pensons qu’il est important d'en prendre compte. Je ne sais pas si ça demandera d’aller réviser encore cette liste où aller encore faire des opérations de recensement ou d’annulation, ça, je ne suis pas technicien mais je veux que les autres partis qui sont parties prenantes dans cette élections, puissent s’accorder sur un mode de discussion avec la CENI afin d’obtenir des éclaircissements qui, du reste peuvent être convaincantes. Puisque nous, notre objectif c’est d’aller vers ces élections. Nous ne sommes pas dans ça pour piétiner ou essayer de saboter ou de tirer les pieds d’ici et là, nous voulons effectivement que ces élections se tiennent, mais encore que nous devons avoir cette assurance que tout va bien. Si le fichier est accepté, il n’y a pas de doutes je vous assure que le reste c’est de s’assurer qu’en aval de la chaine de ce processus, c’est-à-dire dans les bureaux de vote, que nous puissions avoir une main mise sur notre contrôle des opérations.
Est-ce que le temps ne joue pas contre vous ?
La pression est sur ceux qui tiennent mordicus à un calendrier. On devait réfléchir sur beaucoup de choses avant de valider un calendrier qui du reste semble être très serré. Nous nous pensons qu’il y a des étapes qu’on ne peut pas violer puisque nous sommes dans une République, il y a le code électoral, les textes constitutionnels. Quand on me dit à cause des délais et autres on n’arrive pas à afficher, on veut distribuer les cartes alors moi je pense qu’il y a problème. Puisque si vous êtes électeurs et vous ne recevez pas votre carte pour quelle que raison que ce soit, comment vous pouvez faire recours ? C’est la liste qui vous permet de savoir que vous avez rempli les opérations dans les conditions normales et que vous êtes inscrits. C’est ce qui permet à la CENI de corriger. Pour nous, la date n’est pas statique. Nous pensons que si d’aventure les problèmes que nous relevons sont confirmés, nous n’avons aucun problème pour un glissement ou un report. Ce n’est pas nous qui le demandons et nous ne sommes même pas dans cette logique mais en tout état des cause, je ne peux pas accepter qu’on dise que la pression vient de notre côté. Nous nous allons avec une bonne foi. Il y a mes équipes qui travaillent sur cette question. Je suis venu avec un programme pour ce pays et je veux participer à ces élections et je demande que ce soit des élections crédibles et qui soient du reste acceptées par tous.
Vous savez pourquoi en Afrique il y a tous les temps des élections qui se terminent par soit des contestations ou même des violences ? C’est parce que les acteurs rentrent dans le processus sans assurances qu’ils sont dans un processus qui est équitable pour tout le monde. Ce qui donne des suspicions qui mènent aux acteurs à l’arrivée, à dire je ne suis pas d’accord, il y a eu triche, il y au vol. Et aujourd’hui avec la technologie, une élection devait être bouclée le jour où les décideurs et les électeurs rentrent dans les urnes. C’est centralisé tout de suite même à la base et on connait le vainqueur, mais chez nous il y a toujours ça et ça. Le processus doit être transparent et lever tout doute dans l’esprit de ceux qui participent aux élections.
Qu’est-ce que vous proposez aux guinéens en tant que candidat ?
Je propose beaucoup de choses aux guinéens puisque la Guinée, c’est le pays des priorités. Mais ceci dit il y a des priorités parmi les priorités. Nous rêvons d’une société guinéenne prospère, fondée sur une économie dynamique, résiliente, une Guinée solidaire dans sa diversité, dirigée par un Etat de droit avec une justice indépendante. Comment la faire naitre devant nos citoyens ? Ça demande un programme et ce programme il est déjà disponible et il comporte six piliers. Ce programme comporte la gouvernance politique parce que nous sommes dans un Etat où il y a beaucoup de disfonctionnements. Notre jeune démocratie est même menacée, il y a des situations où on assiste clairement à un déséquilibre entre les différents pouvoirs ici alors que la constitution garantie ça. Le pouvoir exécutif, il y a une balance, un contre-pouvoir pour qu’on n’assiste pas à une dictature, la constitution envisage tout ça. Mais aujourd’hui on constate même dans cette nouvelle constitution un pouvoir exécutif excessif qui domine et nous pensons que certaines de nos reformes vont dans ce sens-là. C’est-à-dire faire une réforme constitutionnelle proprement parlée pour fixer ces anomalies qui font qu’aujourd’hui les institutions sont instrumentalisables. Nous n’avons pas besoin d’hommes forts dans ce pays, nous avons besoin que la Guinée soit dotée d'institutions fortes qui assurent la pérennité de cet Etat droit. Donc il faut fixer ça sur le plan des textes constitutionnels.
Deuxième pilier, c’est la gouvernance économique. C’est de dire quel genre d’économie on veut mettre en Guinée pour assurer une croissance durable et inclusive en vue d’assurer la prospérité partagée. Là-dessus, nous avons des recommandations de la politique budgétaire, la politique monétaire, nous sommes pour l’intégration de la Guinée dans la grande zone monétaire de l’Afrique de l’Ouest. Nous avons des mesures spécifiques, je suis économistes comme vous le savez. L’autre volet c’est le capital humain, l’éducation et la santé. Nous sommes un parti qui s’appelle Mouvement National pour le Développement. Donc les questions d’accès à l’éducation et à la santé sont au cœur de notre programme. Pour nous, la meilleure de bataille c’est l’éducation. Qu’est-ce qu’il faut ? Nous abordons l’éducation sur le plan holistique. C’est d’abord la question des infrastructures, nous visons la création de plusieurs infrastructures scolaires et universitaires mais ça ne suffit pas, il faut voir les supports pédagogiques. Qu’est-ce que l’école guinéenne est en train de former ? Est-ce que les cadres qui sont formés dans nos écoles sont des cadres préparés aux métiers de demain plutôt qu’au passé ? Nous allons proposer un fonds souverain pour la pérennité de l’école guinéenne. Donc non seulement, l’Etat va mettre les 40% du budget qui va à l’éducation parce que l’allocation budgétaire pour le secteur éducation doit être conforme aux normes internationales c’est-à-dire 40%. Ce fonds souverain permettra à l’école guinéenne de continuer à être une institution pour ce pays.
La santé, on prévoit de construire sur le plan infrastructurel quatre hôpitaux de références. Nous allons aussi faire en sorte que le problème de la santé soit lié c’est-à-dire mettre le préventif avant le curatif. Quatrième volet, c’est les infrastructures. Nous avons un vaste programme, nous voulons mettre à niveau beaucoup de réseaux routiers dans ce pays. Le problème de notre pays, c'est que nous sommes encore enclavés… Il y a aussi le transport aérien que nous allons introduire. Le problème de la circulation aérienne avec Air Guinée qu’on va lancer, nous avons ça en programme. Ce n’est pas forcément l’Etat qui gère ces compagnies. L’Etat est partie prenante et c’est le modèle Ethiopian Air Line qu’on a en tête parce que l’Etat doit apporter un appui dans la mise en place de la structure mais il y a aussi les privés. Il faut une compagnie qui fonctionne suivant les règles du marché parce qu’on a besoin de ça pour ne pas avoir une situation comme celle d’Air Guinée par le passé.
A Conakry ici on a des programmes d’échangeurs, nous avons prévu même aussi de renforcer les voies côtières pour permettre à cette population de sortir de cette presqu’île qui est un entonnoir. Notre projet envisage ces corridors côtiers et des échangeurs qui vont dans trois directions: une direction vers Boffa, une direction vers Kindia et l’autre direction vers la frontière avec la Sierra Leone en passant par Forécariah. Conakry doit être accessible, Conakry doit être une ville qui ne doit pas s’étouffer telle qu’on a aujourd’hui. Le volet énergie, nous pensons qu’il faut continuer avec les parages hydroélectriques, cette administration en cours en a fait Kaléta et autres mais c’est près de 6000 MW qu’il y a du potentiel sur le fleuve du Konkouré. Donc, il y a plein de possibilités. Nous pensons continuer à faire des investissements afin de booster la capacité énergétique mais surtout nous voulons aller vers le mix énergétique avec l’éolien. Donc, notre programme envisage de faire des incitations fiscales pour permettre à ce secteur privé de s’impliquer dans des projets éoliens ou solaires dans ce pays. Il y a aussi l’appui sur les secteurs porteurs de croissance c’est par exemple le secteur de tourisme que nous ambitionnons de développer dans ce pays, qui est dormant.
Comment comptez-vous convaincre les guinéens à vous faire confiance ?
Je sais très bien qu’il y a un problème de communication autour des projets de société, mais en donnant un projet cohérent comme ça, notre idée c'est de ne pas de rendre les gens confus mais c’est de dire qu’on a réfléchi parce que tout est lié. Une économie est complexe de par sa nature. Nous sommes en train de travailler sur ce volet de communication surtout à l’intérieur. Je peux vous assurer que pour toutes les régions ce projet est calibré. Si je vais au Foutah, je vais être capable dans ma communication de dire en quoi mon projet de société touche les populations de Labé, si je suis à Lola c’est la même chose. Mon projet est livrable dans la mesure où on a accosté le financement de ça. Et je suis une personne crédible, je sais où trouver l’argent parce que ce que les gens ne savent pas quand je donne du chiffre, ils vont insister sur le chiffre alors il faut que les gens comprennent que la source de financement n’est pas publique. Moi je suis quelqu’un qui croit beaucoup à ce mode de structuration de l’investissement surtout dans les infrastructures. Donc, il y aura beaucoup de PPP (Partenariats Publics et Privés), des projets en BOT comme ça existe dans beaucoup d’autres pays. L’autre volet de ça, c’est les institutions multilatérales parce que nous avons besoin des ressources concessionnelles. Tout ne doit pas être qu’on s’endette pour hypothéquer l’avenir de nos générations futures. Nous allons faire en sorte que les prêts d’endettement qui doivent suivre ces projets puissent aussi être des taux concessionnels. C’est cela l’utilité d’avoir travaillé avec ces institutions comme la Banque Mondiale, le Fonds Monétaire International, la Banque Africaine de Développement où j’ai passé le clair de ma vie. Je pense qu’on sait quelles sont les ressources, les guichets qui sont calibrés pour tel ou tel investissement. Le tout pour le pays c’est comment d’abord vous assurer que avez un cadre qui s’y est à l’investissement et comment vos projets sont montés, sont structurés, sont banquables. Je peux vous assurer que l’argent existe c’est pourquoi je n’ai pas peur quand on dit ‘’vous avez un gros chiffre comment l’obtenir ?’’. Je travaille sur ça depuis une trentaine d’années.
La Guinée est reconnue comme l’un des pays les plus corrompu du continent. Qu'envisagez-vous pour endiguer cette gangrène ?
Je l’ai dit dans mon livre ‘’la Guinée à cœur’’. Clairement quand je parle de la nécessité d’attaquer toutes ces propositions que j’ai dans mon programme, d’abord ça commence par le cadre interne, le cadre macro, les questions de corruption, d’infrastructure. Ceux qui viennent des privés sur lesquels nous comptons pour une bonne partie de ces investissements, comment ils peuvent investir dans un pays où la corruption est galopante, aucun projet fut-il public ne peut aboutir dans un contexte comme ça. Dans mon programme il y a la politique de ‘’zéro tolérance’’ dans un pays comme le nôtre où l’impunité est tolérée. Bien entendu, ça demande une responsabilité collective mais l’exemple est donné par le leadership. Parce que si on sévit je pense que ceux-qui sont dans l’administration dans la majorité des cas, qui veulent s’engager dans ces genres des pratiques, vont réfléchir deux fois. Mais quand c’est toléré la pratique va endurer.
Quelle est votre chance de gagner face à ses 12 candidats ?
Je viens dans ce processus avec confiance. Je peux vous dire qu’on m’a dit tout, moi je ne regarde pas la télévision ici parce que je connais quelque chose qu’on appelle dans vie politique, la propagande. Donc moi, je me dis si c’est pour regarder les mamayas pendant qu’une campagne reste encore à débuter, je n’ai rien à voir avec une telle information. Mais ça amène à croire que dans ce pays tout est verrouillé, on ne donne même pas la chance à ceux-là qui sont venus et qui sont les guinéens. Moi je ne suis pas rentré dans cette politique aujourd’hui, je suis connu en Guinée. Donc, ce n’est pas parce que j’ai fait 30 ans à l’étranger qu’on peut me voir comme un poids léger dans cette bataille. J’ai une vision, j’ai un programme, mon message est clair et donc pour tout ça je reste confiant. C’est pourquoi je me bats. Je veux la transparence et le reste le peuple va décider.
Vous ferez le tour de la Guinée ?
Bien sûr. Cette campagne ne sera pas une nouvelle pour moi puisque je viens de boucler le tour du pays profond. Je connais la problématique du développement. J’ai vu des pauvres dames prendre des sceaux d’eaux à des distances pour aller cuisiner. Moi j’ai fait des forages, j’ai vu des situations où des gens sont obligés d’aller loin parce qu’ils ont eu une morsure de serpent, j’ai fait des postes de santé dans ce pays, j’ai vu les enfants dans des classes déplorables, j’ai fait construire des écoles ici, j’ai vu les jeunes abandonnés qui tournent dans leurs quartiers ici j’ai fait une maison des jeunes, j’ai fait des mosquées, j’ai fait beaucoup des choses ici, ce n’est pas maintenant que je suis en politique. En ce moment j’agissais en tant que guinéen, je ne pensais à la politique. Voilà ma vision du comment on peut aussi contribuer.
Un dernier message à l’endroit des guinéens ?
Je voulais simplement dire à l’attention des populations que nous sommes à la croisée des chemins. Ce pays-là après plus de 60 ans de souveraineté, nous avons donné l’exemple à l’Afrique, on a été admiré pour ça, cela s’est vite dissipé quand on a vu notre pays sombrer dans la pauvreté, la misère. Je vais leur dire que les échéances qui s’annoncent, cette élection présidentielle, c’est un enjeu majeur. J’estime que c’est cela le vrai référendum. Donc vous allez à ces élections pour dire NON à un passé qui nous amené jusqu’à cette situation-là où on occupe la queue dans le classement des pays en matière du développement socioéconomique. Comment faire pour renverser cette tendance ? Ça, c’est l’autre cas. Ou alors on veut amorcer un virage fondamental pour mettre le pays sur le chemin irréversible de l’émergence économique en optant pour un programme, un candidat qui peut sortir le pays de la situation actuelle.
La tragédie guinéenne a été qu’on a perdu des opportunités d’un régime à un autre. Mais il y a une opportunité cette fois-ci d’opérer une alternance politique qui ferai que le monde entier va nous regarder autrement. Il ne s'agit pas de faire cette alternance parce qu’on veut simplement faire, mais il faut la faire avec un leadership qui soit vu comme rassembleur, crédible, éclairé, transformateur. C’est cela que j’offre au peuple de Guinée au moment où je m’engage dans ces élections le 18 octobre prochain.
Interview réalisée par Diallo Boubacar
Et Oumar Bady Diallo pour
Africaguinee.com
Tel: (00224) 655 311 112
Créé le 21 septembre 2020 14:26
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