Obésité, AVC, cancer: les risques du travail de nuit
Un établissement industriel qui renonce en partie au travail nocturne, un théâtre qui avance l'heure de ses représentations pour éviter que le démontage de la scène ne se réalise nuitamment… L'Institut national français de recherche et de sécurité va illustrer, lors d'une table ronde le 31 janvier, les bonnes pratiques mises en place par un nombre croissant d'employeurs pour épargner la santé des travailleurs.
Le travail de nuit est-il vraiment nécessaire dans certains cas?
Et en profiter pour rappeler les risques, documentés ces dernières années par plusieurs études dont la dernière, celle de l'agence de sécurité sanitaire Anses à l'été 2016, fait toujours référence. "Outre les conséquences rapidement visibles" et avérées comme le manque de sommeil, le diabète de type 2 ou l'hypertension artérielle, "des effets peuvent apparaître à long terme", souligne l'INRS dans son dossier de janvier: santé psychique dégradée, obésité ou encore cancer. Voire un "possible risque d'accident vasculaire cérébral" (AVC).
Le meilleur moyen d'éviter ces effets très indésirables? "Ne pas mettre en place le travail de nuit. Ou se demander si c'est vraiment nécessaire", répond à l'AFP Marie-Anne Gautier, médecin du travail et experte de l'INRS qui participera à la table ronde.
La fin du travail de nuit est impensable dans des domaines qui nécessitent une présence 24h/24, comme chez les pompiers, dans les hôpitaux, les transports…
Les risques de mieux en mieux cernés
L'INRS propose donc des aménagements qui "sont là pour diminuer l'impact", de l'aveu du Dr Gautier: organiser les tâches en privilégiant les aspects les plus exigeants en début de nuit, puis passer sur des "tâches plus routinières". Faire des micro-siestes, "qui ne servent pas à récupérer de la dette de sommeil mais récupérer en terme de vigilance". Et, rappelle-t-elle, "quand on travaille de nuit, le jour, c'est pour récupérer!"
Des mesures à prendre au sérieux tant les effets liés à la désynchronisation de l'horloge biologique peuvent être graves, abonde la chronobiologiste Laurence Weibel.
Les risques sont de mieux en mieux cernés y compris pour des maladies graves comme le cancer, détaille cette experte qui avait consacré sa thèse, déjà en 1996, au travail de nuit. Par exemple, cite-t-elle, l'exposition à la lumière fait cesser la sécrétion de mélatonine, hormone qui joue un rôle de protecteur contre le cancer; le trouble du sommeil influe, lui, sur le système immunitaire, qui permet de tuer les cellules cancéreuses.
Les employés "trouvent leur compte"
La prévention, juge Laurence Weibel, se heurte au fait que "les gens trouvent leur compte" dans le travail de nuit, entre la rémunération supplémentaire non négligeable, l'éventuel surcroît de congés et la disponibilité en journée, qui attire notamment de nombreux parents.
Il y a, résume la scientifique pour l'AFP, une "difficulté à faire de la prévention sur un travail dont les effets sont différés dans le temps" mais dont les bénéfices sont immédiats.
A moins que le changement ne soit initié par les entreprises. Car si les employés sont attirés par les compensations, les employeurs, eux, pourraient bien l'être par des économies. Au final, sourit Mme Weibel, ce serait "gagnant-gagnant".
AFP
Créé le 27 janvier 2019 09:16Nous vous proposons aussi
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