Mort de Sekou Touré, coup d’Etat de 1984 : les confidences du doyen Caba Bah

Le professeur Ibrahima Caba Bah

CONAKRY- Tyran pour les uns, héros pour les autres, Ahmed Sékou Touré est un personnage controversé qui a laissé des traces indélébiles sur l'histoire contemporaine de la Guinée.


Ce 26 Mars 2021 marque la 37eme année de sa disparition à Cleveland aux Etats-Unis des suites d'un arrêt cardiaque. Le professeur Ibrahima Caba Bah, a vécu les derniers instants du régime du premier Président de la Guinée indépendante.

Cet ancien rescapé des geôles de Sékou Touré, à la retraite se souvient de cette période. Dans cet entretien, il parle de la fin du règne du "premier responsable de la révolution" qui dirigea la Guinée pendant 26 ans sans partage. Il évoque aussi de la liesse qui avait suivi la prise du pouvoir par l'armée.

 « La fin de Sékou Touré avait impressionné une grande partie de la planète parce que c’est un personnage qui a marqué l’histoire. Il était connu un peu partout. Mais il a fini un peu comme Lansana Conté a fini. En fait, les gens se sentaient fatiguer de son Pouvoir. A l'époque, j’étais en service à Conakry.  J'habitais à la cité chemin de fer. Mais déjà, les gens commençaient à en parler pour dire que la révolution n'a pas fait ce qui était convenu. Nous sommes fatigués, pouvait-on entendre chez des passants. C’était un peu avant sa mort.

Un jour, dans ma cour, quelqu’un venu de Lelouma m’a trouvé chez moi pour me dire qu'il était venu voir Sékou Touré dans le but de lui dire que ce n’est pas ce qu’il avait promis que nous étions en train de vivre. De sa bouche à mon oreille, c’est pour vous dire que c’était un moment difficile. Si les gens se sentaient fatigués, ce que la situation économique n’était pas favorable. C’était dégradé (…) En fait, il y a eu un signe précurseur dont a souvent parlé.

Il y avait eu des gens qu’on avait exécuté à Mamou quelques jours avant l’évacuation de Sékou Touré aux Etats-Unis. Parmi les exécutés, il y avait un muezzin. Avant son exécution, ce dernier avait demandé qu’on le laisse faire un appel à la prière. Une doléance qu'il avait obtenue, avant d'être fusillé. Tout le monde raconte qu’il avait appelé la malédiction d’Allah sur Sékou Touré. Ça n’allait pas. N’empêche, quand on a annoncé sa mort, ça été comme un coup de tonnerre dans un ciel serein. Chacun s’est trouvé comme un être frappé. C’est survenu à un moment où les gens ne pensaient pas que Sékou pouvait mourir de sitôt.

La prise du pouvoir par l'armée a donné lieu à des scènes de liesse

Quand le décès a été annoncé ça pris tout le monde au dépourvu. Mais on ne pourrait pas réfuter parce que c’est le premier ministre de l’époque Lansana Beavogui qui l’avait annoncé, suivi d’un deuil de 40 jours mais qui n'a duré qu'une semaine.  Parce que les militaires étaient déjà venus. Là aussi, tout le monde a appris la prise du pouvoir par l’armée par la voix de Facinet Touré à travers la radio. Quand il a fait l’annonce, ça été une liesse générale dans tout le pays. On avait applaudi les militaires qu’on ne connaissait pas. Les gens ont manifesté leur joie pour le débarras du régime de Sékou. Ça veut dire que le régime était en faillite », se souvient Elhadj Ibrahima Caba Bah.

A suivre…

 

Alpha Ousmane Bah

Pour Africaguinee.com

Tel : (00224) 664 93 45 45

Créé le 26 mars 2021 12:54

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