Morlaye Soumah Colovatti : “Il y’avait un problème d’égo au sein de notre équipe…“ (Interview)

Colovatti

CONAKRY- Footballeur guinéen bardé de 140  sélections en équipe nationale, et  d’une  quinzaine d’années passées au haut niveau, en Ligue 1 Française , Morlaye Soumah débarque dans l’extrême  sud de la France  au club de Bastia à l’adolescence. Cet ancien  dreadlocks assujetti au crane rasé, a réalisé une carrière exemplaire, tant  en sélection nationale avec le Syli  de Guinée  qu’à l’international.


 Ancien Footballeur  au  métier bien rempli Colovatti  a reçu pour ce week-end ‘’Africguinee.com’’  à  bord de son véhicule  au son Club  de Pétanque  de Nongo (quartier de la banlieue de Conakry : Ndlr) où l’ex capitaine du Syli quart de finaliste de la CAN 2004 fait office de meneur d’hommes et de président  du  Club d’amis des joueurs de boules et pétanques de son quartier.

Sobre  et courtois, tout sourire, l’ancien libéro du Sporting Club de Bastia reconnu par ses pairs  comme étant le meilleur libéro de sa génération derrière le français Laurent Blanc, fait une rétrospective  de ses 15 ans passées au haut niveau (1989- 2004 : Ndlr). Il  revient sur  les ratés dans sa carrière,  parle de ses regrets  au cours de son parcours  et avec beaucoup de peine  lève  un coin du voile sur le football  actuel  de son pays .

A l’instar de son coéquipier et ami  Salam Sow ‘’,  Colovatti’’ pour les  intimes  a commencé par les sélections cadettes, une coupe du Monde des cadets en 1985 à la clé, avec une génération menée par feu Naby Diass  (entraineur catégorie jeunes : Ndlr) 3 coupes d’Afrique des Nations en 1994, 1998, 2004, Morlaye Soumah, marié et père de deux garçons, il a raccroché les crampons au lendemain de la CAN de Tunis 2004.

 Retour sur le parcours de 15 ans de  Morlaye Soumah au sein du football professionnel…

AFRICAGUINEE.COM: Morlaye Soumah Bonjour!

Morlaye Soumah: Bonjour Monsieur

 Africaguinee.com : D’où viens le nom de Colovatti ?

C’est mon entraineur  Naby Diass paix à son âme qui m’a donné ce sobriquet. C’était  lors d’un match alors que je jouais en attaque, il m’a demandé de suppléer un jeune joueur qui a refusé de jouer en défense il me là demandé et depuis ce jour  après ce  bon match que j’ai réalisé il m’a appelé Colovatti

 Parlez –nous de votre début de carrière…

Comme tout  jeune  guinéen,  j’ai débuté ma carrière dans la rue, au début des ‘’Années 80’’. Mon père étant un arbitre international  je le suivais au stade de la mission (stade de proximité de kaloum, Ndlr) et je jouais à ses cotés. C’est comme ça que ma carrière a commencé.

Et vos débuts en  Europe ?

J’ai eu la chance de tomber sur Christian Villanova (entraineur du centre de formation de Bastia en 1989 : Ndlr) qui m’a fait confiance. Convaincu de mon talent il m’a embauché  et c’est comme ça que ma carrière a débuté à Bastia.

Dans votre parcours professionnel, vous n’avez  joué que dans un seul club  qui est le, FC-Bastia. Pourquoi ce choix ou bien vous n’avez jamais été sollicité par d’autres clubs ?

Avant tout d’abord mon rêve était de devenir footballeur professionnel, j’ai gagné ce pari en arrivant en Europe et de côtoyer les grands noms du football mondial.

Avez-vous été contacté par des grosses écuries ?

Oui  bien sûr  que j’ai été approché par des clubs de Série A italienne comme le Torino et la Juventus de Turin à l’époque. Ce que les gens ne savent pas et c’est une exclusivité pour vous (Africaguinee.com : Ndlr) j’avais  des traces d’Hépatite B dans mon sang dût à une blessure que j’ai contracté en sélection nationale qui a été mal soignée. Comme j’avais une dérogation au niveau de la Fédération Française de Football, c’est pourquoi je suis resté à Bastia qui avait beaucoup fait pour  moi. Même le Celta-Vigo en Espagne m’avait contacté, c’est après les examens qu’ils ont renoncé, pour me remplacer, ils ont pris l’international français Claude Makélélé que tous les férus de foot connaissent

Morlaye Soumah près de 140  Sélections, 15 ans au haut niveau, omniprésent à tous les grands matchs, quel est votre secret ?

Comme dit une assertion “seul le travail  paye“. Mon objectif était de réussir, et pour le faire dans un milieu de blancs loin de ma Guinée  il fallait cravacher dur, j’ai écouté les conseils des ainés. C’est cet ensemble  de faits qui m’ont permis d’être là où je suis aujourd’hui.

A votre avis, qu’est ce qui n’a pas marché en équipe nationale,alors que vous aviez un bon groupe de jeunes talentueux comme Salam, Titi, Feu Mohamed Sylla et autres pour remporter une CAN ou une qualification en Coupe du Monde ?

Certes il y ‘ avait de bons joueurs, mais le problème c’est que nous n'étions pas soudés. Nous étions tous ambitieux pour mener cette équipe loin mais il y’avait ce problème d’ego qui minait la sélection.

Votre plus grand regret ?

C’est de ne pas jouer la coupe du Monde (2002, Corée-Japon : Ndlr) on était en bonne position pour se qualifier, on avait battu le Sénégal et on s’apprêtait à aller en  Afrique du Sud. Mais pour des raisons d’ingérence politique dans le foot, la FIFA avait suspendu la Guinée de toutes les Compétitions. C’est ce qui avait permis au Sénégal de se qualifier et tout le monde connait la suite. Cela allait être l’apothéose pour notre génération.

Quel regard portez-vous sur le football guinéen actuellement ?

Le foot est devenu du business de nos jours, c’est l’argent qui fait la loi. Quand tu es riche tu es capable de casser un club et t’enrichir derrière, c’est ce qui est regrettable.

Le Syli est dans la même poule que le Togo et le Ghana pour la qualification de la CAN 2015 au Maroc .En tant que deuxième coach de l’équipe nationale quelles sont les chances de la sélection guinéenne ?

On a toutes les chances, il suffit  juste de travailler et de se concentrer. Autant la Guinée respecte le Ghana et le Togo qui sont de grandes équipes, autant ces équipes respectent le football guinéen.

A part le Football que vous avez toujours pratiqué qu’est ce que vous aimez  en dehors de ce sport ?

(Rires)  je suis le président du pétanque  Club de Nongo, et  je joue aux  pétanques, c’est le sport  que mon père aimait beaucoup, je dirais qu’il m’a légué cette passion là.

Votre mot de la fin ?

Je demande au public guinéen d’être le douzième homme derrière le onze tricolore, on a besoin de leur soutien, c’est très important  pour le moral.

 

Bah Boubacar Loudah

Pour Africaguinee.com

(+224) 655 31 11 13

 

 

                                                                                                            

Créé le 25 mai 2014 13:39

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