Monnaie commune dans l’espace CEDEAO : entretien avec Baidy Aribot, 2ème vice-gouverneur de la BCRG
CONAKRY- A quand l’entrée en vigueur de la monnaie unique des pays de la CEDEAO ? La Guinée est-elle réellement prête à adhérer à cette zone monétaire ? Africaguinee.com a interrogé cette semaine Baidy Aribot, le deuxième vice-gouverneur de la Banque Centrale de la République de Guinée.
AFRICAGUINEE.COM : Vous avez pris part les 6 et 7 novembre dernier à une réunion ministérielle à Abuja. Quels étaient les objectifs de cette rencontre ?
BAIDY ARIBOT : La réunion avait effectivement plusieurs objectifs. Premièrement il fallait examiner les rapports du Comité technique qui a fait une évaluation des progrès réalisés dans la mise en œuvre des activités de la feuille de route nécessaires à la réalisation de l’Union monétaire de la CEDEAO ; ensuite, il fallait porter un regard sur les conclusions du groupe de travail sur le nom de la Banque Centrale et le symbole de la Monnaie, issus de la réunion tenue du 27 au 29 octobre 2019 à Niamey.
Est-ce que les pays de la CEDEAO sont prêts au niveau de tous les critères de convergence pour la monnaie commune ?
Ce qu’il faut retenir c’est que le rapport du comité technique a montré que les performances économiques régionales se renforcent. Le Produit Intérieur Brut de la CEDEAO devrait enregistrer 3,3% en 2019 contre 3% en 2018. Une tendance qui pourrait se maintenir en 2020. Le taux d’inflation de la région, évaluée à fin juin se situe à 9,6% contre 10,5% en 2018. Ces évaluations indiquent également des améliorations remarquables de la sous-région en matière de convergence macroéconomique. Ce qui est une bonne chose à mon avis.
La Guinée fait partie des pays les plus performants en matière de respect des critères de convergence. Depuis juin 2019, les six critères de convergence du programme d’intégration monétaire de la CEDEAO sont respectés par la Guinée.
Cependant, la mise en œuvre de certaines activités essentielles de la feuille de route pour le démarrage de l’union monétaire est en retard par rapport au calendrier de 2020. Ces activités relèvent essentiellement des programmes d’harmonisation des normes et pratiques statistiques, du cadre de la politique du taux de change et du cadre de politique monétaire. C’est pourquoi 2020 n’a pas tenue.
Quel va être le nom de la nouvelle Banque Centrale des pays de la CEDEAO ?
Deux noms ont été retenus par le comité ministériel. Il s’agit de la Banque Centrale de l’Afrique de l’Ouest (BCAO) et de la Banque Centrale Ouest-Africaine (BCOA).
Le Comité avait également examiné les cinq symboles de la monnaie proposés dans le rapport du groupe de travail et soumis par le comité technique. Le dernier sommet des Chefs d’Etat a retenu le nom de Banque Centrale de l’Afrique de l’ouest (BCAO) et « EC », l’un des symboles proposés comme signe monétaire.
Est-ce qu’il y a eu des recommandations à l’issue de cette réunion d’Abuja ?
A l’issu des échanges sur l’ensemble des sujets à l’ordre du jour, le Comité Ministériel a fait des recommandations aux Etats membres, à l’AMAO et à la CEDEAO. Ces recommandations visent la mise en œuvre accélérée des activités de la feuille de route.
Il s’agit notamment de l’organisation des réunions des Comités Nationaux de Coordination (CNC) pour l’examen et la validation des rapports pays ainsi que les rapports macroéconomiques de la convergence conformément au pacte de convergence conclu entre les pays membres.
Le Comité a aussi recommandé l’harmonisation des cadres statistiques de la région ainsi que la poursuite par les Etats membres des efforts pour le respect des critères de convergence.
Le partage des expériences des Etats produisant les comptes trimestriels avec ceux ne produisant pas a été fortement recommandé.
Certains observateurs ont été surpris de la déclaration faite par le Président ivoirien Alhassane Ouattara lors de la visite à Abidjan d’Emmanuel Macron au sujet de la monnaie commune de l’Afrique de l’ouest. Qu’en dites-vous ?
Je pense qu’il faut nuancer cette déclaration. L’annonce faite par le Président Ouattara concerne des pays qui ont des relations monétaires avec la France, c’est-à-dire les pays de l’UMOA. Donc elle ne concerne pas les pays qui sont dans les zones monétaires indépendantes comme la Guinée.
Tout en prenant acte de cette déclaration, nous sommes dans l’optique de poursuivre les recommandations issues de la réunion des Chefs d’Etat tenue à Abuja en décembre 2019.
Entretien réalisé par SOUARE Mamadou Hassimiou
Pour Africaguinee.com
Tél. : (+224) 655 31 11 11
Créé le 14 janvier 2020 16:39Nous vous proposons aussi
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