Mike Tyson: le champion du monde était martyrisé à l’école

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LOS ANGELES- Martyrisé pendant son enfance, Tyson est devenu l'un des boxeurs les plus fascinants et les plus redoutés de tous les temps, ainsi que le plus jeune champion du monde poids lourds de l'histoire. Extrait de "La vérité et rien d'autre".
 
Voilà dans quel environnement j’ai grandi. Un environnement où les gens qui s’aiment se cognent dessus et pissent le sang. Ils s’aiment tellement qu’ils se donnent des coups de couteau. Merde, j’avais une trouille bleue dans mon propre foyer. J’ai grandi entouré de femmes agressives, qui pouvaient frapper des hommes. Pour moi, se battre avec une femme n’était pas tabou, parce que les femmes que je connaissais étaient capables de meurtre. Il ne fallait pas les laisser faire, sinon elles vous mettaient en pièces. Ou bien elles faisaient venir des gars pour vous flanquer une raclée, et vous traitaient de mauviettes.
 
Si j’avais peur de rester chez moi, me promener dans les rues de Brownsville me fichait encore plus la trouille. À l’époque, l’école publique était un vrai cauchemar. Surtout pour moi, qui étais rondouillard, d’une timidité de fille, avec un cheveu sur la langue. Les gamins de l’école me surnommaient « Little Fairy Boy », parce que je traînais tout le temps avec ma soeur. Ma mère m’avait dit de ne pas la lâcher d’une semelle, car en tant qu’aînée, elle devait veiller sur moi. Ils m’appelaient aussi « Dirty Ike » ou « Dirty Motherfucker » parce que je ne connaissais rien à l’hygiène. Chez nous, il n’y avait pas d’eau chaude pour la douche, et si le gaz ne marchait pas, on ne pouvait même pas faire bouillir d’eau. Ma mère avait essayé de m’apprendre les règles élémentaires de propreté, mais je n’étais pas très doué. Elle remplissait un baquet d’eau chaude, prenait un savon et me frictionnait. Quand on est petit, on se moque de l’hygiène. Au final, j’ai appris à m’occuper de moi grâce aux autres gamins de la rue, qui me parlaient de Paco Rabanne et Pierre Cardin.
 
Mon école se trouvait juste au coin de la rue ; pourtant ma mère, souvent ivre morte après avoir passé la nuit à boire, était incapable de m’y accompagner. Les gamins du quartier me faisaient passer un sale quart d’heure. « Dégage de là ! Sale con ! » Ils ne me fichaient jamais la paix, me donnaient des coups, et j’étais obligé de fuir en courant. Sur le chemin de l’école, ils nous tombaient dessus, et quand nous rentrions à la maison, ils sortaient leurs flingues et nous faisaient les poches. C’était pas drôle d’être rackettés juste devant notre immeuble.
 
Avoir à porter des lunettes au CP a été un tournant dans ma vie. Ma mère m’a fait passer des tests et ils ont découvert que j’étais myope. Alors j’ai été forcé de porter des lunettes. Elles étaient vraiment horribles.
 
Un jour, j’ai quitté l’école à l’heure du déjeuner avec des boulettes de viande de la cafétéria, encore enveloppées dans du papier d’aluminium pour les garder au chaud. Un type s’est approché de moi :
 
– Hé ! T’as du fric ?
 
Non, je n’en avais pas. Alors il m’a fait les poches et a essayé de me voler ces fichues boulettes. Je résistais : « Non, non, non ! » Déjà que ces mecs me piquaient mon argent, pas question qu’ils me volent ma nourriture !
 
Je faisais écran de mon corps pour protéger mon précieux butin. Agacé, il m’a frappé au visage, m’a arraché mes lunettes et les a jetées dans le réservoir d’essence d’un camion. Je suis rentré chez moi en courant, mais je n’avais pas lâché mes boulettes ! J’aurais dû démolir ces gars qui me brutalisaient, mais à l’époque j’avais peur, parce qu’ils jouaient les durs, comme s’ils savaient des choses sur la vie que j’ignorais.
 
– Arrêtez ! Me faites pas de mal ! je leur disais.
 
Aujourd’hui encore, je me trouve lâche quand je repense à cette période. Un tel sentiment d’impuissance est terriblement frustrant. C’est le genre de sensation qui ne s’oublie jamais. Le jour où ce gars m’a pris mes lunettes et les a jetées dans un réservoir, ça a été mon dernier jour d’école.
 
J’avais sept ans et je ne suis plus jamais retourné dans ce genre de classe. Par la suite, j’allais à l’école prendre mon petit déjeuner, puis je séchais les cours. Je traînais quelques heures dans le quartier, je revenais pour le déjeuner, et je filais de nouveau. Enfin, la journée terminée, je rentrais à la maison.
 
Atlantico.fr
Créé le 15 décembre 2013 20:30

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