Menace de manifestation en Guinée : Que réclament les militaires retraités ? (Révélations)

alpha_militaires

CONAKRY-Pourquoi certains militaires à la retraite sont-ils fâchés contre les autorités guinéennes ? Quelles sont les démarches qu’ils ont menées jusque là pour la satisfaction de leurs revendications ? Lundi dernier, lors d’une conférence de presse, ces anciens militaires « mécontents » qui estiment être lésés dans les mesures d’accompagnement qui leur avait été promises par l’exécutif à la faveur de leur retraite, se sont livrés à un véritable exercice de déballage.


Sékou SAGNO, qui s’exprimait au cours de cette conférence, est revenu sur les démarches qu’ils ont entreprises pour qu’ils soient rétablis dans leurs droits. Le secrétaire administratif du Syndicat National des Militaires Retraités et Veuves de Guinée (S.N.M.R.V.G.), fait savoir que le ministre Délégué de la défense leur a tourné le dos.

Explications…

« On a été invité par le ministre de la Défense plusieurs fois. La première fois, c’était le 30 décembre 2014. Ce jour, le ministre nous a reçus dans la  salle de conférence avec l’ensemble de l’Etat-major  Général des armées, son cabinet et le haut commandement de la gendarmerie.  Le ministre de la défense dit avoir trouvé malheureux quand il entend que des militaires retraités se sont syndiqués pour réclamer leur droit. Donc, pour lui, nous sommes militaires et nous resterons militaires. 

Il a parlé des points que le Chef de l’Etat a faits pour les militaires retraités. Il a dit qu’avant d’aller à la retraite, le président nous a fait avancer d’un pas (galon, ndlr). C'est-à-dire que le militaire qui était lieutenant est passé capitaine, le capitaine a été passé automatiquement commandant. C’est une faveur  que le Chef de l’Etat a fait pour les retraités, selon le ministre. Ensuite, il a dit que nous avons reçu quatre mois de solde. Précisant dans la foulée, que quand le Général Sékouba a promis 100% de solde à l’armée guinéenne, il n’avait  laissé 50%. Et qu’eux (l’actuel gouvernement), ils sont venus augmenter 50%. C’est que ce qui fait 100%.

Nous lui avons dit que nous n’avons rien reçu de tout cela. On était très content, parce qu’en plus de la plateforme qu’on avait, le  ministre en a ajouté en disant qu’on a été avancé en grade. Or moi, j’étais commandant, je suis resté commandant. Il a dit que la solde  a été augmenté, mon indice était 7000, il est resté comme tel. Nous lui avons dit qu’on n’a pas reçu quatre mois de solde. On a sorti nos bulletins de paie.

Le ministre a assez parlé. Le chef d’Etat major des armées actuel, le Général Namory Condé a calmé le  jeu. Il a dit au ministre : « vous devez rendre compte au chef de l’Etat, si nous séparons comme ça ce n’est pas bon, il faut chercher à trouver des solutions face à leur problème ». Nous ne sommes plus des militaires, puisque c’est un décret qui nous a mis à la retraite. Nous formons un syndicat pour défendre les intérêts des militaires et des veuves de Guinée dont le  problème  est très complexe. 

Aujourd’hui, il y en a même dont les femmes ne peuvent même pas faire es frais scolaires de leurs enfants. On  parlé de l’augmentation, mais quand quelqu’un a comme pension mensuelle 70.000 francs guinéens (environs 8 euros), alors que son mari est mort pour la patrie, vous voyez combien de fois, c’est difficile. Nous avons été en Angola, on a perdu trois amis. Diao du BATA (bataillon autonome des troupes aéroportées), quand j’ai vu  sa femme, j’ai eu  pitié d’elle, alors que son mari est mort au front. Almamy aussi est mort en Angola, quand vous voyez leur famille, c’est malheureux ! Voilà pourquoi, nous battons pour les épouses. L’Etat doit face à tout cela, parce que quand on parle de liberté aujourd’hui, c’est grâce à eux (…).

La colère du ministre Kabélè…

La deuxième rencontre, c’était le 14 janvier 2015. Cette fois-ci, quand nous sommes rentrés dans la salle, la délégation était un peu colossale, le ministre aussi a augmenté son effectif, il  y avait aussi les chefs d’État-major particuliers. Ila donné la parole à notre Secrétaire Général. Quand il a fini d’intervenir, le ministre a crié sur lui, il a tapé sur la table.  Et il s’est retiré en intimant son directeur de cabinet, le général Aboubacar Camara dit Idy Amine, de suivre le débat.

Des militaires retraités chassés du camp Alpha Yaya…

Le Général Idy Amine aussi s’est fâché, et a demandé à ce qu’on attende le ministre. Il a parlé de mépris. Nous lui avons dit  « non », parce que ce qui s’est passé à la retraite dans l’armée guinéenne, ça  ne s’est jamais passé ailleurs et même en Guinée. Le  jour de la retraite, les gens ont été chassés du camp Alpha Yaya. On a dit : « vous sortez de la maison ». La police militaire était  commandé par le  colonel Emile Tompapa, officier de garnison. Sous la pluie, ils sont venus enlever les battants des portes. Le retraité est avec sa famille ses enfants à l’intérieur de la maison. Ils disent « vous sortez ! »  Quand tu persistes, ils sont venus tout vider sous le goudron du camp Alpha Yaya et sous la pluie. J’étais présent. C’est ça un mépris.

Ensuite à Labé, on a été humilié. Même le cimetière a été interdit aux militaires retraités à leurs veuves, par l’autorité du commandement guinéen (…). 

Par la suite, le ministre est arrivé dans la salle. Il a dit qu’il n’est pas Premier Ministre, il  n’est pas le Président et qu’il ne peut pas nous satisfaire. Il n’a donné la voix à personne, il a dit : « sortez ! »,  la séance est levée. C’est comme ça on s’est séparé avec le ministre de la défense. Nous sommes restés  malheureux avec notre plateforme. Quand on a été rendre compte à notre base,  on a pris les dispositions suivantes : écrire à toutes les représentations diplomatiques en Guinée, aux institutions nationales et internationales, aux religieux et à tous ceux qui peuvent discuter de ce problème pour trouve une solution.

Nous n’avons pas l’intention de marcher avec les politiciens, armes à la main…

Nous ne voulons pas encore dans ce pays, des problèmes qui peuvent créer d’autres problèmes. Le ministre a dit que nous avons menacé de marcher les armes à la main, baillonnetes au canon et avec l’opposition guinéenne. Quelqu’un qui veut régler son problème par la voix pacifique ne peut pas  passer par les armes pour prendre le pouvoir. Il faut que tout le monde sache que c’est la plateforme que nous défendons. En dehors de ça, il n’y a rien. Nous n’avons pas l’intention de marcher avec les politiciens et la population civile les armes à la main.

Le ministre a évoqué le statut du militaire de 2012 qui dit que même si le militaire est retraité, il ne doit pas être syndiqué. J’ai dit au ministre que nous ne sommes pas encore loin de l’armée. 2011-2014, c’est trois ans environs, donc, nous avons encore les textes dans nos têtes. Il n’y a rien dans le statut qui dit que quand le militaire est retraité, ne doit pas faire une activité politique. Aujourd’hui, nous avons deux de nos collègues qui ont crée leur parti politique. Ceux qui ont crée leur parti politique, c’est pour avoir la place du Chef de l’Etat, mais nous, nous sommes des syndicalistes. Notre problème, c’est pour sauver notre plateforme parce que les mesures d’accompagnement n’ont pas été respectées. On n’a pas vu un franc de ces mesures d’accompagnement. On nous a fait faire même la photocopie des bulletins de paie dans les garnisons, on a déposé au commandement. On nous avait promis que la prochaine paie se fera à partir de la Banque. Jusqu’à présent on n’a pas vu le compte qui est ouvert pour recevoir nos montants.

Si on ne nous écoute pas, ce n’est pas bon…

Le ministre a dit  qu’on a eu quatre mois. Je dis  « non » qu’on n’a pas eu quatre mois. Le ministre a dit que nous allons marcher avec les armes. « Non », nous ne marcherons pas avec les armes. Nous sommes très loin de la politique. (…)Nous disons à tout le monde qu’il faut que notre plateforme soit regelée. Si ce n’est pas fait, nous allons sortir sans armes. Nous avons lancé l’appel au Chef de l’Etat qui n’a  pas encore cherché à rencontrer le syndicat  des militaires retraités  et veuves de Guinée. Nous représentons les sans voix. Il faut qu’on nous écoute. Si on ne nous écoute pas, ce n’est pas bon ».

Au Département de la défense, on soutient mordicus que toute l’opération de la retraite des militaires s’est passée dans la transparence. ‘’On a agi dans la transparence et rien n’est caché. On a payé jusqu’au dernier centime l’argent des 3928 militaires’’, a soutenu, le ministre Délégué à la Défense.  

‘’Nous sommes en train de faire une réforme, et  cette réforme doit être la contribution de tous les fils de ce pays y compris les militaires. Je suis à leur disposition pour discuter sereinement’’, indique maître Abdoul Kabélè Camara, au cours d’un entretien avec notre rédaction.

Le contribuable guinéen a consenti la bagatelle de 37 milliards de francs guinéens soit près de 3, 7 millions d’euros pour financer le projet de mise à la retraite de 4200 militaires. L’essentiel de cette manne devrait être  consacré au paiement de 4 mois de salaires aux militaires concernés, qui sont issus des classes allant de 1952 à 1975. 

Diallo Boubacar 1

Pour Africaguinee.com

Tel : (00224) 655 31 11 12

 

Créé le 25 février 2015 18:26

Nous vous proposons aussi

TAGS

étiquettes:

TOTAL

ECOBANK

UNICEF

LONAGUI

LafargeHolcim

cbg_gif_300x300

CBG

UBA

smb-2

Consortium SMB-Winning

Annonces

Recommandé pour vous

Annonces

Siège de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS)