Medias : Mandian Sidibé sort de son silence !

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DAKAR-Le Journaliste guinéen Mandian Sidibé, ancien directeur de la radio privée Planète FM, a brisé le silence, en donnant les véritables raisons  de son exil. Le journaliste explique dans le moindre détail les mobiles de son départ de la Guinée, depuis le 20 novembre 2013, a appris Africaguinee.com.


C’est dans une longue déclaration intitulée ‘’les vérités d’un journaliste contraint à l’exil’’ que M. Sidibé est sorti de ce silence. Nous vous proposons le contenu de sa déclaration parvenue à notre rédaction.

« La célébration de la ‘’Journée Mondiale de la Liberté de la Presse’’ m’offre l’opportunité de rompre le silence que je m’étais volontairement imposé, depuis plusieurs mois, à l’effet de mieux appréhender les choses, d’apprécier les comportements de certaines personnes et de tenter de concéder le minimum de chance de réussite aux multiples et diverses négociations entreprises par d’éminents confrères guinéens et d’ailleurs, des diplomates, des personnes physiques et morales de bonne volonté, mais aussi et surtout la forte délégation des sages de mon village natal (Kamamtimadia) pour mon retour en Guinée, dans l’honneur, la dignité, la sérénité et la sécurité, sans m’infliger une mort professionnelle et/ou me décrédibiliser.

Comme il fallait s’y attendre, ce genre de négociations ne pouvaient que se heurter, bien évidemment, à des obstacles insurmontables, sciemment dressés par les hautes autorités de mon pays et certains de leurs proches qui ne caressaient que l’unique espoir de s’offrir les moyens de me bâillonner, en m’éloignant de la Guinée, à défaut de pouvoir m’exterminer sans se salir les mains.

Il serait redondant de rappeler les mobiles de mon départ de la Guinée, depuis le 20 novembre 2013, pour un exil forcé. Cependant, force est de constater que l’acharnement avéré des autorités administratives et judiciaires contre moi, consécutivement aux malheureux événements engendrés par mon cri de détresse lancé sur les ondes de ‘’Planète FM’’ – alors que je me trouvais véritablement et visiblement en danger de mort – devait inexorablement déboucher sur mon incarcération suivie de mon élimination physique à petit feu, avec à la clé des chefs d’accusations intitulés ‘’troubles à l’ordre public et complicité de meurtre’’, en faisant allusion, bien entendu, à l’assassinat d’un jeune innocent tué à balles réelles par un agent en uniforme.

Ce qui semble rocambolesque dans cette affaire est bel et bien le fait qu’au moment où le gouvernement tente de me neutraliser en se cachant derrière une prétendue enquête exécutoire par le Procureur près le Tribunal de Première Instance de Dixinn, celui-ci n’a malheureusement jamais daigné se préoccuper de l’identification de l’agent qui a tiré à bout portant sur le pauvre Aziz Baldé, alors qu’il existe des armes conventionnelles de maintien d’ordre, s’il en était besoin.

Comme le ridicule ne tue pas, la fameuse enquête commanditée par le gouvernement – soit un cas sur mille autres ignorés à dessein – n’est orientée, paradoxalement, que contre la seule personne de Mandian Sidibé pour des raisons qui n’échappent guère à l’attention du Guinéen lambda. N’étais-je pas devenu la cible privilégiée à abattre par le Professeur Alpha Condé et certains de ses courtisans à cause de mes révélations assorties de preuves tangibles et irréfutables ? Je n’en sais rien.

Ce que je sais, du moins, qu’il s’agisse des cas des deux dames prisonnières qui ont accouché à ciel ouvert à la Maison Centrale, des affaires du Port Autonome et de Novotel, de la sortie en catimini de Mohamed Alpha Condé avec des mallettes suspectes à destination du Brésil, de l’attaque du cortège d’El Hadj Cellou Dalein sur l’axe Bambéto-Aéroport – que j’avais préalablement annoncé – du deal passé entre Sèkhoutouréya et quelqu’un de la Cour Suprême moyennant des engins roulants et une manne d’argent pour valider le hold-up électoral qui a sanctionné le scrutin législatif, de la corruption de certaines organisations internationales et d’une poignée de diplomates pour œuvrer à convaincre l’opposition d’accepter Waymark et d’aller aux élections législatives avec un fichier truffé d’irrégularités, des 25 millions de dollars de Paladhino, des 150 millions de dollars du gouvernement angolais, des 700 millions de dollars de Rio Tinto, du remboursement sur le dos du contribuable guinéen de la forte dette contractée par quelqu’un auprès du Président Denis Sassou Nguessou pour financer une bonne partie de sa campagne à l’élection présidentielle de 2010, des raisons profondes de la crise qui frappe de plein fouet l’usine Friguia puisque quelqu’un a empoché 150 millions de dollars pour faire face à des ardoises impayées en Europe, de l’affaire Zogota, du conflit intercommunautaire survenu à N’Zérékoré avec le bilan macabre, jamais publié, de 236 morts et j’en passe, tellement la liste est longue, personne jusqu’à ce jour, n’a encore pu apporter le moindre démenti à mes révélations supra-mentionnées. Et, il en restera ainsi puisque j’en ai les preuves matérielles jalousement conservées et diffusables même après ma mort.

Alors, de tout ce qui précède, il n’était guère surprenant que l’on veuille aujourd’hui chercher des poux sur mon crâne rasé, en me persécutant et en m’obligeant à l’exil pour tenter de me taire définitivement.

Aussi, allais-je oublier de rappeler une attitude déplorable du Président de la République qui ne cesse de se moquer des Guinéens en prenant goût à abandonner ces derniers à eux-mêmes lorsqu’ils sont en proie à des situations de détresse, pour entreprendre des voyages inopportuns à des coûts faramineux, en Afrique et à travers le Monde.

Les exemples sont légion. Je m’en tiendrais seulement à ses déplacements effectués au moment où se déroulaient les tristes et douloureux événements de Zogota et de N’Zérékoré et sa récente visite au Congo Brazzaville pour participer aux cérémonies de commémoration du décès de l’ancienne Première Dame du Gabon, par ailleurs la fille aînée de Denis Sassou NGuessou, Edith Bongo en l’occurrence, alors que la fièvre hémorragique meurtrière Ebola faisait ravage dans notre pays.

Pire, le gouvernement se refuse à fournir les statistiques réelles de l’hécatombe causée par le méchant et maudit virus Ebola en Guinée. En lieu et place des mesures adéquates à prendre pour soigner les malades et tenter de freiner la propagation de la maladie sur notre propre territoire, l’on se plait à jouer au populisme en condamnant à tort et à travers  le gouvernement sénégalais qui a fait preuve de responsabilité en protégeant sa population à travers la fermeture momentanée de ses frontières avec la Guinée.

Revenant à mon cas, je me dois de dire, en toute honnêteté, que je vis péniblement l’exil auquel je suis astreint depuis novembre 2013. N’eussent été la générosité, le soutien et l’assistance de la Fédération Internationale des Journalistes, de certains confrères guinéens et étrangers avec à leur tête Nouhou Baldé de Guineenews et Ibrahima Sory Baldé de Médiadafrique basé aux Etats-Unis, de l’équipe des palabreurs de Planète FM, des amis opérateurs économiques de Madina et autres personnes de bonne volonté, la maladie, le stress et la souffrance matérielle auraient déjà eu raison de moi. Que toutes ces personnes morales et physiques nommées et/ou anonymes trouvent ici l’expression de ma profonde et sincère reconnaissance.

Oui, le stress allait objectivement m’emporter d’autant que nombre de personnes de bonne m’ont déjà fui, tel un animal répugnerait la peste, après que mes détracteurs aient distillé çà et là l’intox m’accusant gratuitement d’être un espion du Professeur Alpha Condé et de son gouvernement. Comment une taupe au service d’un Chef d’Etat peut-il manquer de quoi vivre ou assurer son loyer ? A beau cacher la misère, elle s’exhibe toute seule.

Là-dessus, je jure, la main sur le palpitant, à tous les noms sacrés de Dieu, Bilahyi, Tahlayi, Wahalayi, Rhazim, que je n’ai rien de commun avec le Professeur Alpha Condé, quand bien même je n’ai encore rien contre sa personne physique. Je ne fais que dénoncer, en ma qualité de journaliste, sa manière de gérer le pays. Je ne dis rien dans l’intention de nuire au Professeur Alpha Condé et à son gouvernement, tout comme je n’affirme rien pour encenser ses opposants. Je fais juste mon travail de journaliste d’investigation, obnubilé par le désir ardent de voir mon pays sortir de l’ornière, en empruntant la voie de la démocratie au vrai sens du mot et celle d’un développement harmonieux et équilibré. Je ne fais que jouer ma partition de patriote à l’édification d’une Guinée unie et prospère, où l’exclusion, l’arbitraire, l’injustice et le repli identitaire seront bannis à jamais.

A dire vrai, je réitère et j’assume avoir longtemps été un journaliste-militant, très engagé pour la cause du Professeur Alpha Condé et du RPG. Je ne m’en suis jamais d’ailleurs caché, même sur les ondes de Planète FM, au point que j’ai souvent évoqué les persécutions que j’ai subies sous le régime du Général Lansana Conté, en raison de mes prises de position en faveur du RPG et du Professeur Alpha Condé dans mes articles de presse. Les archives du journal ‘’L’indépendant’’ et de mon propre organe dénommé ‘’La Voix du Peuple’’ en sont révélatrices. Mieux, mon compagnon de prison pour les mêmes raisons, Aboubacar Sakho, Journaliste et Administrateur du site ‘’Aujourd’hui-en-Guinée.Com’’, est encore vivant pour rétablir la vérité.

Autant je reconnais avoir été un véritable adepte du Professeur Alpha Condé jusqu’au lendemain de la formation de son gouvernement, autant je me dois de préciser que mon éloignement de lui et du RPG, pour devenir un journaliste libre et indépendant, se justifie par le cumul de la déception et de la frustration. Pire j’ai constaté, avec amertume, que le Professeur Alpha Condé et certains de ses collaborateurs ramaient carrément dans le contre-courant de mes aspirations et de mes ambitions pour la Guinée. Etant très jeune et ayant encore l’avenir devant moi, j’ai alors décidé de prendre mes distances à l’effet de marquer autrement mon existence.

Il est aussi tout à fait vrai, comme je l’ai mentionné plus haut, qu’en collaboration avec des personnes physiques et morales, j’avais effectivement mené des démarches allant dans le sens de négocier mon retour en Guinée, au regard des difficultés que rencontre à l’exil.

Mais, ce n’étaient nullement des négociations tendant à me phagocyter tant sur le plan professionnel que sur ceux de la morale, de l’éthique, de la probité, de l’honneur, de la dignité et de la crédibilité. Et, c’est justement pour toutes ces raisons, des témoins existent à foison, que lesdites négociations se sont toujours heurtées à des embûches, les autorités redoutant que je ne leur inflige le stratagème de celui qui  aurait reculé pour mieux sauter. Grossomodo, voilà les raisons qui font que mon exil se prolonge au jour le jour.

Etant désormais convaincu que je ne foulerais plus le sol de mes ancêtres qu’est la Guinée tant que le Professeur Alpha Condé sera au levier de commande, je me suis alors résolu à la résignation, à prendre mon mal en patience, à préserver mon honneur et ma dignité, à sauvegarder ma liberté et mon indépendance, à renforcer ma foi en Dieu et à me rendre définitivement à l’évidence selon laquelle le destin est incontournable et que seul le Tout Puissant Allah est Eternel.

A présent, je prends une fois de plus mon destin en main et m’engage solennellement aux côtés de l’organisation dénommée ‘’Conseil des Patriotes Guinéens’’, dont le siège est fixé à Bruxelles, avec pour Président notre compatriote Kaba Bachir.

Cette option que je viens de choisir s’explique par le fait que les idéaux prônés et vaillamment défendus par cette structure corroborent avec mes approches de combat et mes ambitions pour la Guinée (…)

Je vais désormais poursuivre ma lutte d’antan sous le label du ‘’Conseil des Patriotes Guinéens’’, une structure qui s’emploiera résolument, à travers ses médiums, à diffuser en temps réel, des informations crédibles, objectives et équilibrées, totalement dénouées du moindre parfum de passion, de haine, de rancœur et/ou de vengeance. (…) Rien ne sera plus occulté, avec la bénédiction de nos sources d’informations aussi diverses que variées, disséminées à travers toutes les structures administratives et autres secteurs d’activités du pays.

Parallèlement à mes activités au sein du ‘’Conseil des Patriotes Guinéens’’, j’ambitionne également, en comptant sur l’appui de certains amis, de créer à moyen terme, une station webradio ou la radio sur Internet, qui émettra en continu, avec à la clé des émissions époustouflantes, jamais égalées sur l’échiquier national. Il n’est pas exclu, au cas où ‘’Le Conseil des Patriotes Guinéens’’ l’approuve, que ma webradio soit en partenariat avec cette structure et pourquoi pas sa propriété à part entière, pour en faire un de ses instruments de communication. Rien n’est moins sûr.

Enfin, je voudrais répondre aux questions récurrentes qui me sont posées pour savoir d’un côté la qualité de mes relations avec mon ancien employeur et de l’autre si je bénéficie de l’assistance des leaders de l’opposition. En ce qui concerne mes rapports avec le fondateur de Planète FM, je m’empresse de dire qu’ils sont au beau fixe, d’autant plus que nous collaborons depuis près d’une vingtaine d’années. Et, c’est sur la base de la confiance et de l’estime nées de cette vieille collaboration qu’il a bien voulu me confier la gestion de sa radio, alors que je n’étais ni le seul ni le plus méritant.

De ce point de vue, il ne serait pas normal que mes relations se détériorent avec lui après mon départ de la tête de sa radio, d’autant plus que je n’ai jamais eu la prétention d’être indispensable ni irremplaçable ou de m’éterniser-là. Alors, Monsieur Sylla reste et demeure à la fois mon patron et mon père. Ce qui est sûr, à mon retour en Guinée, au cas où je n’aurais pas ma propre structure à gérer, je ne gênerais point d’être employé par Monsieur Sylla Aboubacar partout où il me jugerait utile, fut-il être son planton.

De l’autre côté, je ne saurais ni ne devrais m’attendre à une assistance d’un quelconque leader de l’opposition, en ce sens que je ne me réclame d’aucune formation politique et qui plus est, aucun pacte ne me lie à ces leaders. Le travail de journaliste que je fais n’est ni orienté contre le régime ni exécuté en faveur de l’opposition. Aucun leader de l’opposition n’a un devoir de reconnaissance ou une obligation d’assistance à mon endroit. En travaillant tel que je l’ai fait à Planète FM, je ne me suis acquitté que d’un devoir patriotique en toute indépendance et en toute liberté via la défense de la vérité sous le sceau de critiques objectives. Je n’étais nullement à la solde d’un parti politique ou d’une communauté, encore moins l’inverse. Aucun Guinéen ne doit attendre d’un autre Guinéen une quelconque récompense et/ou une reconnaissance lorsqu’il aura joué sa partition pour le développement de son pays.

Pour terminer, je voudrais une fois encore renouveler mes remerciements et ma gratitude à tous ceux qui de près ou de loin, m’accompagnent dans la douloureuse et injustifiable situation d’exilé que je traverse actuellement.

C’est aussi le lieu et le moment de rendre un vibrant hommage augmenté de ma reconnaissance et de ma compassion à l’équipe de la vingtaine de braves et intrépides jeunes anciens travailleurs de ’’Planète FM’’, qui ont volontairement choisi le chômage et ses corollaires en signe d’expression de leur solidarité et de leur fidélité à ma modeste personne. En parlant d’eux et de ma dynamique épouse, Haoulatou Bah, c’est une vive émotion qui s’empare de moi, au point que mon visage baigne de larmes. Puisse le Tout Puissant Allah les couvrir de sa miséricorde pour vaincre honorablement le calvaire qu’ils traversent. 

 Bonne fête à tous les journalistes de la Guinée, d’Afrique et du Monde. Ma sincère compassion s’adresse à tous les confrères éprouvés comme moi et aux malades victimes du virus Ebola dans mon pays. Sincères condoléances aux familles de tous mes compatriotes qui en sont morts.

Que Dieu protège la Guinée et les Guinéens. Amen ! »

Mandian SIDIBE, Ancien Directeur Général de ‘’Planète FM.106.3’’

 

Créé le 5 mai 2014 23:11

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