Massacres du 28 septembre : Le Commandant Toumba Diakité fait le grand déballage…(1ère partie, exclusif!)

toumba

CONAKRY- Il avait promis de faire le grand déballage ! Pour cet autre entretien téléphonique avec la rédaction d’africaguinee.com, le Commandant Aboubacar Toumba Diakité, ancien aide de camp de l’ex chef de la junte en Guinée, le Capitaine Moussa Dadis Camara, a livré sa ‘’part de vérité’’ sur les massacres du 28 septembre 2009. Dans cette première partie d’une longue interview qu’il nous a accordée, le Commandant Toumba Diakité dénonce plusieurs hautes autorités actuelles qui seraient impliquées dans ces massacres qui ont coûté la vie à plus de 150 civils selon un bilan fourni par l’ONU. Exclusif !!!


 

AFRICAGUINEE.COM : Commandant Toumba Diakité bonjour !

COMMANDANT ABOUBACAR TOUMBA DIAKITE : Oui bonjour !

Dans un entretien que vous nous avez accordé récemment vous avez nié en bloc les accusations portées contre vous dans l’affaire des massacres du 28 septembre 2009. Seriez-vous prêt à témoigner devant une juridiction nationale ou internationale ?

Avant tout, je voudrais saisir cette occasion pour adresser mes condoléances à toutes les familles qui ont été endeuillées par ce malheureux évènement. Je prie Dieu qu’il accepte tous ces morts dans son paradis.

Depuis les évènements du 28 septembre, je suis sur ma position. Et tout dernièrement à l’occasion de la commémoration de l’an 5 de ces douloureux évènements, j’ai lu la déclaration de la présidente d’honneur de la Fédération Internationale des Droits de l’Homme (FIDH), Souhayr Belhassen, qui s’est penché sur mon cas. Elle a dit qu’un mandat d’arrêt international est lancé contre moi, et que je continue à communiquer sur les medias sans être  inquiété.

Vous savez, dans ces évènements du 28 septembre 2009, s’il y a quelqu’un qui voudrait que la vérité soit connue, c’est bien moi. Dadis (ancien chef de la junte en Guinée, Ndlr), se sentant en position de force lorsqu’il était au pouvoir, n’ayant pas la volonté de faire connaître la vérité, a même créé une commission d’enquête nationale indépendante. Certaines personnes mêmes qui sont coupables étaient membres de cette commission. Vous avez suivi le rapport final de cette commission qui avait porté toutes les charges sur ma personne en disant que moi Docteur Aboubacar Tomba Diakité, je suis responsable. Tout était bien préparé pour ne pas faire connaître la vérité au public. Lorsque vous cherchez une aiguille et  que votre ami ait le pied dessus, il y a une seule alternative. Il faut le pousser pour le faire quitter et récupérer l’aiguille. C’est ce qui explique ma réaction envers Dadis Camara.

En Afrique nous avons partout des violations des droits de l’Homme. Au Kenya, au  Burkina Faso, au sud Soudan etc, les personnes qui sont au pouvoir ne sont inquiètes de rien. Est-ce que Dadis étant au pouvoir, la vérité allait être connue ? Aujourd’hui cette organisation internationale des droits de l’Homme devrait s’inquiéter pour ma vie. Puisque c’est moi qui détient toutes les informations pour faire connaitre la vérité dans cette affaire.

Je vais vous dire (…) le point qu’ils ne comprennent pas, et qui poussent les gens à trop parler de moi dans cette affaire (…). Pour connaître qui a fait sortir les militaires au Camp, je vais aider même le Pool des juges. Pour connaitre ce passage, ils n’ont qu’à demander au Colonel Sambarou Diamankan, qui était à l’époque  le commandant du Bataillon spécial de Conakry au camp Alpha Yaya. Il pourra dire à tout le monde qui est sorti avec les militaires, qui il a vu sortir avec les hommes. Moi, ça été une coïncidence, sinon je ne suis sorti avec personne.  Si les organisations de défense des droits de l’Homme ont lancé un mandat d’arrêt international contre moi, si on m’arrête, où est-ce qu’on va m’envoyer ? M’envoyer et me remettre à mes ennemis ? Ils vont me remettre à qui ? Moi je vais les rassurer que par rapport à mon sujet, il ne faut pas qu’ils s’inquiètent. S’ils ont besoin de moi, ils n’ont qu’à passer dans ma famille à Conakry laisser leur contact. Moi-même je vais les appeler pour leur donner ma position.

Mais il y a un préalable. Comme vous le savez, toutes les personnes qui ont été nommées dans cette affaire, sont dans les affaires de l’Etat là-bas ! Ils ne sont inquiétés de rien.  Comment on peut m’arrêter et me remettre à mes ennemis ? Est-ce que c’est ça la procédure ? C’est pourquoi je demande au président de la FIDH de revoir sa stratégie. Par rapport à mon cas, qu’il ne s’inquiète pas. Moi je suis prêt à témoigner devant toutes les juridictions, que ce soit nationale ou internationale. Peu importe ! Je ne me reproche de rien. Vous avez écouté les leaders politiques, vous avez écoutez le Général Sékouba Konaté (ancien président de la transition guinéenne, ex numéro 3 du CNDD). Et puis je vous le dis, celui qui a fait sortir les militaires au camp, il est en train de croupir à la maison d’arrêt de Conakry. Il est en prison, c’est le neveu de Dadis. Donc, le colonel Diamankan pourra dire tout sur comment les militaires ont quitté le camp Alpha Yaya. Donc, par rapport à votre question, je vous dis que je suis serein. Je suis prêt à répondre.

Selon vous il n’y a qu’un seul coupable dans cette affaire et c’est le Capitaine Dadis Camara ?

Je vous dis en toute honnêteté, si vous suivez bien le  capitaine Dadis Camara. S’il dit qu’il n’est au courant de rien, il ment. Il était au courant, à la veille des évènements, il a communiqué avec les leaders. Moi je n’étais pas auprès de lui, je vous dis qu’il y avait une garde parallèle composée de sa famille, uniquement de sa famille, qui n’avait de compte à rendre qu’à lui seul. Il le sait. Tout a été organisé par lui et ça été exécuté par ses hommes. Je vous le dis.

Si le Général Sékouba Konaté parle de responsabilité collective, c’est vrai qu’il en sait quelque chose. C’est pour cela qu’il parle d’une responsabilité collective. Je vous dis : Dadis est le responsable. Il n’est pas le seul parce qu’il y a ses hommes. Si on  dit que c’est moi qui ai fait sortir les hommes, c’est faux, ce n’est pas  moi. Ils n’ont qu’à demander au Colonel Sambarou Diamankan.

Moi, je ne cherche pas à me justifier ou à me défendre. Parce que je sais que c’est la justice des humains. Je sais que c’est la vraie justice, c’est la justice Divine. On dit (il cite un verset coranique, ndlr) « Dieu est le meilleur de tous les juges ». Donc, moi je ne cherche pas à me défendre sur cette terre étant donné que Dieu voit tout le monde. Donc, si c‘est la vérité qu’ils veulent, moi je ne suis rien dans l’affaire-là. Le pool  des Juges n’a  qu’à demander au Colonel Diamankan sur le cas des militaires partis au stade. Les exécutants réels sont là-bas.

Au lendemain du massacre, certains leaders politiques avaient dit  que c’est vous qui leurs aviez sauvé la vie au stade. Vous le confirmez ?

Je vais vous préciser. Je parle entre moi et Dieu. Moi tous ceux qui me connaissent savent que Conakry est le berceau de mon enfance. C’est le paradis de mon enfance. Je ne badine pas par rapport à la vérité. Ce jour, je suis sorti seul avec un seul conseiller traditionnel du Capitaine Moussa Dadis Camara dont j’ai oublié le nom. Les leaders qui ont  témoigné. Ils étaient dans mon véhicule, ils n’ont pas menti. Si j’étais animé d’une mauvaise volonté ce jour, j’allais les orienter vers un autre camp puisque j’avais cette possibilité en ce moment. Mais je les ai envoyés dans une clinique. Donc, ce qu’ils disent est une réalité. Voilà !

A suivre…

Entretien téléphonique réalisé par SOUARE Mamadou Hassimiou

Pour Africaguinee.com

Créé le 2 octobre 2014 09:35

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