Massacres du 28 septembre 2009 en Guinée : après Dadis, à qui le tour ?
CONAKRY- Près de six ans après les massacres du 28 septembre 2009, la Guinée s’achemine vers le procès des auteurs et commanditaires de ces violences qui ont coûté la vie à plus de 150 civils. Le pool des juges d’instruction a déjà entendu plusieurs anciens dignitaires du régime militaire dirigé à l’époque par Moussa Dadis Camara.
A ce jour, on dénombre une dizaine d’inculpations. La dernière en date est celle de l’ex chef de la junte lui-même. Dadis Camara a été inculpé ce mercredi 8 juillet 2015 par les magistrats qui se sont rendus à Ouagadougou pour l’entendre dans le dossier des massacres du 28 septembre 2009.
L’annonce de cette nouvelle a créé une sorte de séisme en Guinée. L’on se demande désormais à qui le prochain tour.
Pour inculper l’ancien président du Conseil National pour la Démocratie et le Développement (CNDD, ex junte), les magistrats qui ont fait le déplacement de Ouagadougou, ont brandit l’article 28 du statut de Rome dont la Guinée est partie prenante depuis 2003. En effet, cet article stipule que : ‘’Un chef militaire ou une personne faisant effectivement fonction de chef militaire est pénalement responsable des crimes relevant de la compétence de la Cour commis par des forces placées sous son commandement et son contrôle effectifs, ou sous son autorité et son contrôle effectifs, selon le cas, lorsqu'il n'a pas exercé le contrôle qui convenait sur ces forces dans les cas où :
a) Il savait, ou, en raison des circonstances, aurait dû savoir, que ces forces commettaient ou allaient commettre ces crimes;
b) Il n'a pas pris toutes les mesures nécessaires et raisonnables qui étaient en son pouvoir pour en empêcher ou en réprimer l'exécution ou pour en référer aux autorités compétentes aux fins d'enquête et de poursuites ;’’.
Moussa Dadis Camara a donc été inculpé à cause de la fonction qu’il occupait au moment des faits (Chef de l’Etat et Commandant en chef des forces armées).
Mais le Conseil National pour la Démocratie et le Développement, cette junte militaire qui s’était emparé du pouvoir au lendemain de la mort du Général Lansana Conté, n’était pas composé que du Capitaine Dadis Camara. Nombreux sont les officiers supérieurs de l’armée guinéenne, et même des civils qui étaient membres de cette junte. L’article 28 du statut de Rome pourrait donc s’appliquer sur eux. Dans cette liste, il y a les différents commandements du CNDD, mais aussi les civils qui occupaient de hautes fonctions au moment des faits. Si Dadis Camara coule, forcément il ne devrait pas couler tout seul.
Les personnes qui avaient tenté de nier les faits, ces anciens dignitaires qui avaient également aidé à dissimuler les corps des différentes victimes, n’ont sûrement pas fermé l’œil ce mercredi nuit. De toutes les façons, Dadis Camara est connu pour quelqu’un qui n’a pas sa langue dans la poche. Il devrait dénoncer tous ceux-là qui sont de près ou de loin impliqués dans ces massacres.
Mais une inquiétude taraude l’esprit de nombreux observateurs. Le cas des anciens dignitaires du régime militaire qui sont toujours haut perchés au sein de l’administration. Il s’agit entre autres du Colonel Pivi et du Colonel Moussa Thiéboro Camara, respectivement Ministre chargé de la sécurité présidentielle et Secrétaire chargé de la lutte contre la drogue et des crimes organisés.
Le Président Alpha Condé sacrifiera-t-il certains de ses proches au profit de l’indépendance de la justice ? Le locataire du Palais Sékoutoureya n’aura sûrement pas le choix. La Cour Pénale Internationale , Fatou Bensouda, veille au grain dans ce dossier.
L’histoire récente de la Côte d’Ivoire nous enseigne que nul n’est à l’abri. Que tu sois du camp présidentiel ou d’ailleurs, la justice finira par te rattraper.
SOUARE Mamadou Hassimiou
Pour Africaguinee.com
Tél. : (+224) 655 31 11 11
Créé le 9 juillet 2015 02:52
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