Massacre du 28 septembre en Guinée : le bureau du Procureur de la CPI se confie à notre rédaction… (Exclusif)
LA HAYE- Les anciens Présidents Moussa Dadis Camara et le Général Sékouba Konaté doivent-ils être entendus à Conakry dans l’affaire des massacres du 28 septembre 2009 ? Quelle est la position de la Cour Pénale Internationale au sujet de la demande faite par le Commandant Toumba Diakité au sujet de sa sécurité à Conakry. Le bureau du Procureur de la CPI vient de trancher. Notre rédaction a posé quelques questions au bureau de Mme Fatou Bensouda, Procureur de la Cour Pénale Internationale…Exclusif !!!
AFRICAGUINEE.COM : Pensez-vous que l’extradition du Commandant Toumba Diakité est une avancée significative dans l’organisation d’un procès sur les massacres du 28 septembre en Guinée ?
M. Toumba Diakité faisait l'objet d'un mandat d'arrêt international mais se trouvait en fuite depuis 7 ans. Son extradition constitue une nouvelle étape de première importance dans le dossier du 28 Septembre et soulagera les victimes d'un grand poids. Son audition par les magistrats chargés de l’instruction permet d'envisager la tenue d'un procès en Guinée dans les meilleurs délais avec -nous l'espérons- l'ensemble des personnes appelées à rendre des comptes. M. Diakité est présumé innocent et aura la possibilité de faire valoir ses droits.
Le Ministre guinéen de la justice a promis l’organisation d’un procès avant la fin de l’année 2017. Pensez-vous que le limogeage de leurs fonctions de toutes les personnes citées dans cette affaire est un impératif avant la tenue du procès ?
La détermination affichée du Ministre de la justice en faveur de l’ouverture d’un procès en 2017 semble attester de la volonté des autorités guinéennes de rendre justice aux victimes des événements survenus le 28 septembre dans un délai raisonnable. Il est important de noter que l’enquête continue. A ce stade tout inculpé est présumé innocent.
Pensez-vous que la présence de Dadis Camara et du Général Sékouba Konaté soit nécessaire pour la manifestation de la vérité ?
Il incombe aux autorités guinéennes de répondre à toute question touchant au déroulement de l’enquête judiciaire.
Bien avant son extradition, le Commandant Toumba Diakité avait exprimé une crainte par rapport à sa sécurité à Conakry. Partagez-vous ces craintes ?
Il incombe aux autorités guinéennes d’assurer la sécurité de toutes les personnes inculpées, dont M. Toumba Diakité.
Quel va être l’apport de la CPI pour l’organisation de ce procès ?
Au stade de l’examen préliminaire, il incombe au Bureau du Procureur d’établir que des procédures nationales en bonne et due forme ont été engagées à propos des affaires qui pourraient potentiellement faire l’objet d’une enquête par le Bureau. Dans le cas de la Guinée, compte tenu du principe de complémentarité, le Bureau – en conformité avec le Statut de Rome et guidé par la jurisprudence pertinente de la Cour pénale internationale (CPI) – cherche à encourager les autorités guinéennes à respecter leur engagement concernant l’achèvement de l’enquête nationale sur l’affaire du 28 septembre 2009 ainsi que l’organisation d’un procès dans un délai raisonnable, tout en respectant le droit à un procès équitable.
La CPI pourrait t-elle se saisir du dossier au cas où le procès ne se tiendrait pas cette année ?
La CPI est une juridiction de dernier ressort. Elle interviendra seulement si les autorités nationales n’ont pas la capacité ou la volonté de mener des enquêtes et d’engager des poursuites véritables. En Guinée, l’enquête judiciaire concernant les crimes du 28 septembre 2009 est menée par les autorités guinéennes conformément à leur obligation première de poursuivre et de juger les auteurs de crimes relevant de la compétence de la CPI. Le Bureau du Procureur continuera de les soutenir dans cette voie jusqu'à ce que justice soit rendue aux victimes.
L’ancien Président de la transition guinéenne, le Général Sékouba Konaté a récemment fait une sortie médiatique dans laquelle il a dit qu’il ne ferait de témoignage qu’à la CPI. Comprenez-vous cette décision ?
Encore une fois, une enquête judiciaire nationale est en cours en Guinée. Il incombe donc aux autorités guinéennes de déterminer quelles personnes doivent être entendues dans le cadre de cette procédure.
Entretien préparé et réalisé par SOUARE Mamadou Hassimiou
Pour Africaguinee.com
Tél. : (+224) 655 31 11 11
Créé le 12 avril 2017 13:12Nous vous proposons aussi
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