Martine Condé se confie : « je n’aime pas empoisonner mon sang… » (interview)
CONAKRY-Madame Martine CONDE, Présidente de la Haute Autorité de la Communication (HAC) a reçu le 29 décembre dernier au Burkina Faso la distinction du commandeur de l’ordre du mérite des Arts, des Lettres et de la Communication avec Agrafe radio, télévision, presse écrite pour s’être distinguée de par son ardeur et abnégation au travail dans ce pays.
La cérémonie de décoration s’est déroulée au siège du Conseil Supérieur de la Communication (CSC) du Burkina Faso, à Ouagadougou, en présence de hautes autorités de l’Etat burkinabé. A son retour à Conakry, la présidente de la Haute Autorité de Communication a accordé une interview exclusive à notre rédaction.
Dans cet entretien, la Présidente de la HAC nous raconte son parcours dans le pays des hommes intègres, partage ses souvenirs mais aussi de ses sentiments après l’obtention de ce prix. Madame Martine Condé évoque également les enquêtes en cours sur le vol de son ordinateur personnel. Lisez.
Africaguinee.com : Madame Martine Condé bonjour ! Le 29 décembre dernier au Burkina Faso vous avez reçu la distinction du commandeur de l’ordre du mérite des Arts, des Lettres et de la Communication avec Agrafe radio, télévision. Votre réaction ?
Martine Condé : Je pense que si les Burkinabé ont décidé de me décorer, surtout à ce grade de commandeur du l'ordre du mérite des arts, des lettres et de la communication, ce qui ils ont eu à constater que j'ai fait des actions là-bas qui méritent cette récompense. Vous n'êtes pas sans savoir que je suis mariée à un Burkinabé. On s'est rencontré au Canada, et quand on a fini les études, nous sommes rentrés dans son pays. Et moi, diplômée en communication sociale et pour le développement, j'ai eu quand même à participer à beaucoup d'action concernant ce pays. C'est-à-dire, nous sommes rentrés à un moment où il y avait beaucoup de changements sociopolitiques dans les années 1980. Il y a eu des coups d'États. Nous n'étions pas fonctionnaire, mais nous étions recrutés quand même comme personnes ressources de la direction de la publicité qui dépendait du ministère de la communication et de l'information à l'époque.
Nous nous sommes intéressés à beaucoup de domaines : le cinéma, la communication sociale et la publicité. Et quand le monopole de l'Etat a été cédé partiellement aux privées, nous sommes engouffrés dans cette faille et on a pu créer notre propre agence de publicité et nous avons pu maintenant nous singulariser et de nous démarquer un peu de la communication institutionnelle du gouvernement. Je crois que c’est là que je me suis fait remarquer puisque j'ai eu à réaliser certains spots publicitaires ou institutionnels puisqu'il y avait des marchés. Donc nous avons pu gagner des marchés des sociétés privées parce qu'il y avait l'Union des Assurances de Burkina.
J'ai appris leur culture parce que je suis guinéenne. Mais je suis allée, je me suis adaptée, je me suis intégrée et j'ai même su tirer de ce que j'ai perçu ce langage-là. Donc ça, vraiment ça m'a touché et j'ai su que les gens n'avaient rien à redire quand le gouvernement Burkinabé a accepté de me donner cette récompense parce qu'ils ont reconnu le travail que j'ai fait.
J'ai eu quand même des moments de joie. Et me distinguer à cause de ça, les sentiments que j'en éprouve vous ne pouvez pas savoir ni mesurer le degré de fierté. J'ai beaucoup d'émotion et j'ai dit là-bas c'est en toute humilité. Parce que pour moi j'ai travaillé dans mon domaine, j'ai gagné ma vie et je ne l'ai pas fait pour être distinguée. Ça, c'est quelque chose dans ma vie. A ce stade là je crois que j'ai tout gagné. Et j'ai pu par la grâce de Dieu revenir dans mon pays. Donc j'ai un sentiment de fierté, j'ai un sentiment que j'ai apporté quelque chose à nos différents pays et à l'Afrique toute entière.
Africaguinee.com: Récemment vous avez été victime de vol dans votre bureau. Où en sommes-nous avec les enquêtes ?
Martine Condé: Les enquêtes sont en cours.
Africaguinee.com: Est-ce que vous y aviez des documents confidentiels dont vous ne souhaiteriez pas tomber dans des mais d’un inconnu ?
Je ne parlerai plus de ça. Par ce que ça, c'est déjà passé. Et c'est ce qui fait ma force. Moi je n'aime pas empoisonner mon sang ni ma tête avec des choses tristes. Ça, je ne veux pas. Donc franchement ce qui s'est passé c’est passé, et on attend. Puisqu'il y a la police qui est venue, on attend qu'ils fassent leur boulot et ensuite s'il y a des résultats des enquêtes c'est bon. Les gens ont fracturé mon bureau, ils ont pris un ordinateur tout le monde est au courant de ça.
Entretien réalisé par Oumar Badi Diallo
Pour Africaguinee.com
Créé le 7 janvier 2018 11:55
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