Marche du 23 juin : Foniké Mengué parle… »on s’attend à plus 2 millions de personnes dans la rue »

Oumar Sylla Foniké Mengué, Coordinateur national du FNDC

CONAKRY-En Guinée, le front national pour la défense de la constitution (FNDC) projette une manifestation le 23 juin prochain. C’est la toute mobilisation similaire sous l’ère CNRD, la junte militaire au Pouvoir depuis le 05 septembre 2021. Ce type de rassemblement est interdit par le Pouvoir, mais le FNDC compte bien braver cette interdiction.


A quel niveau se situe les préparatifs ? Les partis politiques sont-ils associés à ce mouvement ? Africaguinee.com a interrogé Oumar Sylla alias Foniké Mengué, le coordinateur national du FNDC. Dans cet entretien, le premier dirigeant du FNDC dit tout… (interview)

 

AFRICAGUINEE.COM : Nous sommes à une semaine de la manifestation que vous projetez à Conakry. A date, avez-vous déposé les lettres d’information au niveau des mairies ? 

OUMAR SYLLA « FONIKÉ MENGUÉ » : Il y a une équipe avec à sa tête Mamadou Billo Bah qui s'occupe de ça. En tout cas le délai légal sera respecté c'est-à-dire les trois (3) jours francs. Je crois qu'il a recueilli toutes les signatures qu'il fallait. Ce qui reste maintenant, c'est le dépôt. 

Donc, au niveau des préparatifs, vraiment les choses vont très bien. Que ce soit au niveau des militants du FNDC pro démocratie, que ce soit au niveau des citoyens engagés indépendants, les choses sont en train de bien aller puisque chaque jour, il y a une équipe qui reçoit les organisations de la société civile et d'autres citoyens indépendants qui viennent au siège pour confirmer leur présence ce jour-là. Et, à chaque fois qu'ils viennent, ils essayent de trouver leurs t-shirts et casquettes parce qu'ils sont motivés de sortir ce jour afin d'exprimer une fois encore notre position contre les 36 mois fixés comme délai de la transition, contre le manque de dialogue, contre le fait que le CNRD refuse de publier la liste de ses membres, contre le fait que depuis le 5 septembre 2021, ils refusent de déclarer leurs patrimoines. C'est pour tout ce cocktail de faits que les militants pro démocratie veulent se lever pour se faire entendre. 

Est-ce que vous allez associer les partis politiques ? 

L'appel est lancé à tous les citoyens guinéens. Maintenant, quiconque qui se sent concerné par cet appel est libre de venir. Qu'il soit membre d'un parti politique ou pas, si tu te sens concerné par notre appel en tant que citoyen, tu es appelé à te joindre au FNDC ce jour pour mener cette mobilisation grandiose. Je peux vous dire qu'on s'attend à 2 à 3 millions de personnes ce jour puisque le peuple nous fait confiance. 

Beaucoup craignent que vous retourniez encore prison. Avez-vous cette inquiétude ?

Même si je me retourne en prison, cela ne va pas arrêter le combat du FNDC. Le FNDC est un état d'esprit. Je suis resté en prison sous le règne de monsieur Alpha Condé et je peux aller en prison à nouveau mais ce qui est sûr, le combat va continuer, je peux vous garantir cela. Nous continuerons à s'opposer aux 36 mois imposés par le CNRD et nous ferons tout pour faire valoir notre point de vue par rapport à la situation. 

Certains pensent que vous devriez décaler la date du 23 juin à cause de ces séries d’accidents de la circulation qui ont endeuillé la Guinée. Est-ce que vous envisagez cette éventualité ? 

Cela n'a rien avoir avec les manifestations que nous allons déclencher. Les accidents de la circulation relèvent de la sécurité routière. C'est au ministère de la sécurité de se lever pour faire quelque chose mais c'est son cortège lui-même qui a fait l'un des accidents qui a fait de nombreux morts. En temps normal et dans les pays normaux, il démissionne tout de suite pour montrer que tu as failli à ta mission. 

Les manifestations en Guinée enregistre souvent des violences. Quel appel avez-vous à lancer à l'endroit du CNRD ? 

Ce que nous demandons au CNRD ce jour, c’est une équipe de la gendarmerie et de la police pour venir encadrer la marche qui débutera au rond-point de la Tannerie et pour se terminer au palais du peuple. Encore une fois, ils ne peuvent pas interdire les manifestations parce qu'ils ne peuvent pas nous imposer une charte et ne pas respecter les engagements pris dans cette charte. L'article 8 de la charte de la transition dit clairement que personne ne peut interdire les manifestations, personne ne peut restreindre les droits et les libertés des citoyens. Donc, ils ne peuvent pas dire aujourd'hui qu'ils vont interdire les manifestations parce que cette interdiction va violer leur charte.

En plus, ils ne peuvent pas faire un coup-d'Etat contre Alpha Condé pour dit-on contre toutes ces pratiques et aujourd'hui eux ils répètent les mêmes pratiques. Cela montre une incohérence. Donc nous les appelons à respecter les droits à manifester. Eux, ils sont à l'intérieur du pays dans leur histoire d'immersion du gouvernement, ça n'a rien avoir, c'est pour faire campagne autour des 36 mois. Alors, qu'ils nous laissent nous aussi sortir pour donner notre opinion sur les 36 mois. Je pense que c'est cela qu'on appelle la démocratie. Ils ne peuvent pas nous imposer quelque chose et qu'on l'accepte. On n'a pas accepté ça pour Alpha Condé donc ce n'est pas pour eux qu'on va accepter. 

Le Colonel doit comprendre que ceux qui sont en train de le pousser sur ce chemin sont des gens qui se cherchent auprès de lui. Ils l'ont fait avec Alpha Condé, ils le font avec lui et tout ce qui les intéresse c'est comment gagner de l'argent. Le jour où le Colonel quittera les affaires, ils ne seront plus avec lui. On a vu avec Dadis, avec Sékouba Konaté, on a vu avec Alpha Condé donc avec le Colonel Doumbouya ce sera la même chose. 

Ça n'a jamais été un souhait du FNDC d'organiser une manifestation pendant cette transition. Mais si on voit que la transition n'est pas en train d’aller comme il faut, là, il faudra qu'on reprenne les choses pour sauver la transition parce qu'elle est malade. Certains pensent que le combat du FNDC va s'arrêter sous cette transition, mais je vais vous dire que le combat du FNDC va aller au-delà de cette transition. C'est un combat qui va continuer sur 5 ans, 10 ans… parce que notre génération fera notre temps et d'autres générations viendront pour continuer le combat pour la bonne gouvernance et pour la démocratie. 

On vous taxe d'être une organisation illégale, qu'en dites-vous ? 

S'il faut parler comme ça, on dira aussi que le CNRD n'est pas légal. En temps normal, on ne devrait même pas accepter un coup-d'Etat militaire. Nous condamnons les coup-d'Etats d'abord, nous avons condamné le coup-d'Etat civil de monsieur Alpha Condé devant tout le monde. Si on a accepté le coup-d'Etat militaire c'est parce qu'on pensait que cela allait favoriser à un retour à l’ordre constitutionnel. Mais si aujourd'hui on voit que ce coup-d'Etat n'est pas en train de favoriser à un retour rapide à l'ordre constitutionnel, ça nous interpelle. Il faut interpeller ceux qui ont fait le coup-d'Etat pour les rappeler que l'objectif d'une transition doit être le retour rapide à un ordre constitutionnel. On a vu la CRIEF mais les dossiers qui doivent être en priorité c'est les dossiers liés aux crimes de sang. Nous avons rappelé ça au Colonel parce que ce sont les familles de ces victimes qui l'ont applaudi pensant qu'il allait leur rendre justice. 

Les rapports entre le FNDC et le procureur général Alphonse Charles Wright sont tendus. Comment en est-on arrivé là ?

Je pense que Charles Wright comprendra. Vous savez l'erreur est humaine. Je vais lui dire qu'il (Alphonse Charles Wright ndlr) n'a pas intérêt d'être en guerre avec le FNDC. Son plus grand soutien c'est le FNDC. Donc, que personne ne le pousse sur cette piste. Ce n'est pas bon pour lui qu'il soit en mal avec des citoyens, qu'il soit en mal avec des militants pro démocratie. Je lui dirai prochainement de ne pas aller vite en besogne, de ne pas s'attaquer au FNDC, de ne pas aller dans les médias pour s'attaquer au FNDC, de trouver toujours les moyens quand il y a des incompréhensions de les résoudre. Encore une fois ce n'est pas bon pour lui. Qu'il continue à faire son travail. Tant qu'il continue à faire son travail, le FNDC le soutiendra. 

Interview réalisée par Oumar Bady Diallo 

Pour Africaguinee.com 

Tel : (00224) 666 134 023

Créé le 15 juin 2022 10:58

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