Mamou : A la découverte des braves productrices agricoles de Soumbalako…

Des productrices agricoles de Soumbalako

MAMOU- Située à cheval sur la route nationale numéro 1 "Mamou-Dabola", Soumbalako est une sous-préfecture relevant de la préfecture de Mamou. Comme la plupart des autres contrées de la région, cette localité est une zone agro-pastorale par excellence. Les femmes paysannes sont organisées en groupements agricoles, pour pratiquer l’agriculture en toute saison en vue de subvenir à leurs besoins quotidiens. Notre reporter est allé à leur rencontre.


Après chaque récolte, ces productrices orientent leurs produits vers la capitale Conakry ou dans la région de la Haute Guinée pour inonder le marché en légumes. Toutefois, les difficultés ne manquent pas. Outre le problème lié à l’écoulement des récoltes depuis la survenue de la pandémie de Covid-19, les semis et les intrants pris à crédit, sont souvent attaqués par chenilles, insectes et autres bestioles de tout genre. Une situation pénible pour ces productrices. Elles demandent une assistance de l’Etat.

« Nous avons semé de la pomme de terre mais ça n’a pas donné, l’aubergine aussi c’est pareil, nous avons mis le piment et la salade mais ça n’a pas aussi donné comme d’habitude.  Alors que nous avons pris à crédit les semences de la pomme de terre, l’engrais le carburant pour l’arrosage. Tout ce que nous avons utilisé pour faire ce travail a été obtenu par crédit, mais des maladies ont tout attaqué », s’alarme Rahilou Diallo.

Aissatou Barry qui pratique à la fois agriculture et le commerce exprime les mêmes peines.  « Nous cultivons le piment, les tomates, la pomme de terre et de l’aubergine, mais cette fois-ci à cause de la maladie à covid-19, nous avons fourni beaucoup d’efforts pour semer mais par endroit, les plants n’ont pas poussé et on n’a pas pu commercialiser le peu que nous avons récolter. Avant l’arrivée du covid-19, on avait des clients qui venaient de Kamsar, d’autres de Conakry et à la frontière entre nous et le Liberia pour acheter nos productions. Mais cette année nous n’avons pas eu cette clientèle pour avoir un bon prix (…). Si nous n’arrivons pas à payer nos dettes, nous risquons la prison car nos créditeurs ne vont pas comprendre notre situation », s’inquiète la jeune dame.

A un moment où les producteurs étaient frappés par cette pandémie de Covid-19, avec la fermeture des frontières, le président de la chambre nationale d’agriculture Bobo Denken avait mis à la disposition des agriculteurs des camions pour transporter gratuitement leur récolte et réduire leurs pertes. Un salut que Billo Barry reconnait, mais il n’oublie pas la chape de plomb qui s’était abattue sur les producteurs. Il demande la poursuite de ce type d’accompagnement de la part de l’Etat.

« Ils nous ont aidé à trouver des remorques pour envoyer nos récoltes à Siguiri sans payer le transport. Avant cela nous avions beaucoup souffert parce que la production pourrissait, les prix n’étaient en notre faveur (…). Nous voulons que cet accompagnement continue car ça réduit nos difficultés pour l’écoulement des produits parce que pour envoyer un sac de pomme de terre à Siguiri nous payons 30 mille francs guinéen », lance Mamadou Billo Barry.

Responsable du genre et de l’environnement au niveau de l’union des groupements agricoles de Soumbalako, Baldé Hassatou souligne que les femmes occupent une place de choix dans le secteur compte tenu de ses avantages. Elle évolue sur près de 8 hectares de champ agricole et se fait assister d’une main d’œuvre dans les travaux champêtres. Grâce à cette activité, malgré les difficultés, elle a réussi à construire et scolariser ses enfants.

« Ça fait sept ans que je suis dans l’agriculture, c’est mieux que de s’attendre à un salaire. J’ai scolarisé mes enfants avec ce travail, avant ils étaient à Mamou, mais comme j’ai eu un peu de moyen dans l’agriculture, je les ai envoyés à Conakry dans une grande école. Je suis en train de construire, tout ça, c’est grâce à l’agriculture. Ces deux hectares là, par exemple ici je prends une main d’œuvre de cinquante personnes que je paie journalièrement, ils font le semis pour moi et deux permanents celui qui fait l’arrosage et le gardien », explique-t-elle

Malgré les difficultés, elle demande aux femmes de retrousser les manches et ne pas attendre tout de l’Homme. « Les paysans ont eu trop de pourriture par manque d’écoulement des produits. Toutefois, je demande aux femmes, de venir aux champs travailler la terre, au lieu de s’asseoir et attendre tout d’un homme qui ne peut pas faire tout pour elles », lance madame Baldé devenue une des modèles de réussite à Soumbalako.

Interrogé, Elhadj Boubacar Kallo président de la chambre préfectorale d’agriculture de Mamou parle de la principale difficulté à laquelle les producteurs sont confrontés. L’absence d’une chambre froide pour la conservation des récoltes.

« D’abord pour produire, il faut conserver, il faut commercialiser, il faut les chaînes de valeurs. Comme on n’a pas chambre froide, on s’est débrouillé pour construire un magasin, on a cherché 10 climatiseurs pour sauver les petits calibres de pomme de terre. Mais il y’a eu une attaque de la teigne, il y a eu la pourriture et la germination. La chambre n’est pas bonne parce que lorsqu’on a mis la pomme de terre là-bas, un mois seulement après, tout a germé. Quand tu enlèves le premier sac, ce qui est au milieu, c’est congelé.  Comme nous n’avons pas de chambre froide il y’a eu la perte des stocks », déplore M. Kallo.

Les groupements agricoles de Soumbalako demandent à l’Etat guinéen de les accompagner pour l’obtention des intrants et de la semence mais aussi pour les doter d’une chambre froide pour la conservation des récoltes.

Un reportage de Thierno Oumar Tounkara

Pour Africaguinee.com

Créé le 17 février 2022 20:54

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