Mamadou Thug interpelle Alpha Condé: « Mettez-vous à notre place… »
CONAKRY-Le célèbre humoriste guinéen Mohamed Lamine Diallo alias Mamadou Thug a réagi sur les nouvelles mesures prises par le président Alpha Condé pour limiter l'augmentation du nombre de cas de Covid-19 en Guinée. Parmi les dispositions prises par le Chef de l'Etat, il y a l’interdiction de toute manifestation culturelle telle que les concerts, les dédicaces, les foires.
Mamadou Thug que nous avons eu en interview sur ce sujet n'a pas mâché ses mots. L'humoriste demande avec insistance au président Alpha Condé de revoir cette mesure. Car sinon, prévient-il, c'est tout le secteur culturel qui risque de s'écrouler. Dans un ton hilarant, l'artiste comédien fait observer qu'il y a des Mosquées et des Eglises qui remplissent mieux qu’une salle de spectacle. (Interview)
AFRICAGUINEE.COM : Le Gouvernement a interdit toute manifestation culturelle dans le pays. Qu’en pensez-vous ?
MAMADOU THUG : En tant qu’artiste, en tant qu’opérateur culturel, en tant que responsable d’associations, nous trouvons ça très mal. Ce n’est pas bien pour le monde culturel. Parce qu’aujourd’hui ça nous met en mal avec notre vie, parce que nous vivons de ça. Si on nous interdit ce qu’on sait faire et ce qu’on est censé faire pour vivre et faire vivre nos familles, là on nous prive de notre métier. Vraiment, c’est déplorable et ça nous fait très mal au cœur. Nous demandons vraiment à monsieur le Président de la République de revoir cette décision parce que cela n’est pas bien pour nous. Parce qu’en plus, c’est une interdiction à deux poids deux mesures. Il y a des Mosquées et des Eglises qui remplissent mieux qu’une salle de spectacle. Exemple, la salle du centre culturel ne fait que 300 places mais une Mosquée ou une Eglise peut aller jusqu’à 1 000, 2 000, 5 000 personnes et les gens s’asseyent même dehors. Les marchés sont ouverts, aujourd’hui nous voyons comment les amphis de l’université Général Lansana Conté de Sonfonia sont bourrés, nous voyons comment les écoles sont bourrées.
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Donc, si on veut priver le département de la culture de ce noble métier sans penser aux autres départements tel que le ministère de l’éducation nationale, le ministère de l’enseignement supérieur et des affaires religieuses, moi je pense qu’on est à un niveau où on a dit que cette maladie est une endémie. Et si c’est une endémie alors, on apprend à vivre avec. Aujourd’hui, les gens font des plans de vaccination. Au lieu de faire des interdictions, moi j’aurai aimé qu’on nous parle des plans de vaccination, on a vu des images où le président se fait vacciner, beaucoup de ses ministres ont été vaccinés. Moi je pense qu’ils font mal à la culture. Il faut revoir cette décision Monsieur le président, monsieur le premier ministre et aussi Madame Sonna Konaté ministre de la culture et l’agence guinéenne du spectacle.
Quel impact sur vos activités ?
Ça beaucoup impacter nos activités. Si je prends le Festival des Arts et du Rire de Labé, on a un budget de 327. 800 000 GNF, à quelques semaines du festival prévu du 7 au 12 avril, qui est à sa 5ème édition, le premier festival international organisé hors de Conakry, aujourd’hui nous sommes à près de 45% des dépenses. Côté administration, tout a été fait, même les avances de quelques artistes ont été payés, on a fait des missions sur Labé et sur Kindia parce que la ville invitée, c’est Kindia. Donc, ils doivent revoir tout ça. Au-delà de nous, il y a d’autres activités importantes dans ce pays. Moi je ne pense pas que ce soit utile de ramener les gens dans le confinement, il faut qu’on parle d’un plan de vaccination.
Que comptez-vous faire ?
C’est de revenir vers les autorités, les dissuader afin qu'elles reviennent sur cette décision, leur dire que cette décision n’est pas bien pour la culture, leur dire que cette décision est en train de tuer beaucoup d’opérateurs culturels et hommes de culture. Tu prends le peu que tu as pour investir. Parce qu’avant même l’arrivée des sponsors et des partenaires qui vont t’accompagner dans ton événement, c’est ton argent que tu y mets, tu ne viens pas en mendiant vers les sponsors et les partenaires, tu viens la main dans la poche avec quelque chose, donc tu fais du préfinancement pour que ton activité puisse voir le jour. Aujourd’hui beaucoup d’opérateurs culturels, des artistes sont en train pleurer parce que nous, nous vivons de ça. Ça impacte au plus profond de nous puisque que nos familles dépendent de ça, et c’est ce qu’on gagne là-bas qui nous permet de faire vivre nos familles et de vivre décemment. Monsieur le président de la république, monsieur le premier ministre, mettez-vous à notre place, comprenez qu’on a besoin de vivre.
Un dernier message ?
J’en appelle le Président de la République parce que c’est de son ressort. Je lui demande de voir que le monde artistique est en train de pleurer. Vraiment, on ne mérite pas ça. Si et seulement si cette décision est sensée persévérer, monsieur le président comprenez que, ce n’est pas le monde culturel seulement que cela va impacter. Nous déjà, dans notre monde nous respectons toutes les mesures sanitaires mises en place. Donc, prière de lever cette interdiction afin qu’on puisse vivre de notre métier. Le FAR (Festival des Arts et du Rire) de Labé est prévu du 7 au 12 avril, même vous monsieur le président, monsieur le premier ministre vous êtes invités à aller rire. Nous avons 4 pays invités dans la ville de Karamoko Alpha Mo Labé. Merci à Africaguinee.com d’être passé vous enquérir des problèmes de la culture et ‘’Ça c’est nous ça’’.
Interview réalisée par Oumar Bady Diallo
Pour Africaguinee.com
Tel: (00224) 666 134 023
Créé le 3 mars 2021 15:55Nous vous proposons aussi
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