Mamadou Sylla fait des révélations : « Alpha Condé s’est servi de nous… »

El hadj Mamadou Sylla, Président de l'UDG

CONAKRY- El hadj Mamadou Sylla compte ouvrir plusieurs lignes de front ! Le leader de l’Union Démocratique de Guinée va engager une bataille contre ses « anciens » collaborateurs de l’opposition. Du statut de Chef de file de l’opposition à la présence de ses commissaires à la Commission électorale nationale indépendante, El hadj Mamadou Sylla compte tout mettre en œuvre pour rentrer dans « ses droits ». Dans cette interview, l’ancien Président du patronat guinéen se projette également vers la présidentielle prévue le 18 octobre prochain. Entretien exclusif !


 

AFRICAGUINEE.COM : Vous insistez sur le respect de la loi portant sur le statut du chef de file de l’opposition parlementaire, avec toutes les prérogatives qui vont avec. Avez-vous le sentiment d'être ignoré par l'exécutif ? 

ELHADJ MAMADOU SYLLA : C’est vrai, on peut dire ça comme ça. Parce que comme vous le savez, depuis qu’on est élu, vous savez comment ça s’est passé, ensuite il y a eu l’installation du Parlement.  Normalement, c’est le jour où le président de l’assemblée a pris fonction que le chef de file aussi devrait être mis dans tous ses droits en principe. Mais on voit qu’il n’y a pas de discussion là-dessus, il n'y a rien. Le problème même n’est pas évoqué. Maintenant on regarde, on reste sur nos gardes. Mais quelque part on peut dire que si mon ami El Hadj Cellou qui était sur cette position-là n’a jamais été pris en compte avec tous ses droits, le problème c'est ailleurs. C'est un dû, c'est la loi qui le préconise. Donc on comprend que si lui il n’a pas été rétabli dans ses droits, le problème ce n’est pas El Hadj Cellou, le problème c’est le Président de la République. Parce qu’il gère les institutions comme il veut, il a fait de la Guinée comme une orange. C’est lui seul qui boit avec ses hommes, il n’y a aucun respect de la Loi. Même la nomination des cadres il faut que tu sois du RPG ou bien que tu sois vers chez lui. Donc c’est tout ça qu’on a dénoncé parce que ce n’est pas normal, la République c’est pour tout le monde. On a vu le Général Conté ici qui ne demandait pas l’origine de quelqu’un pour le nommer. Si on parle de cadres, il y a des cadres partout dans les quatre régions naturelles. Ce qu'on constate aujourd'hui est très déplorable. 

Pour moi, c’est un principe. Mes collègues de l'opposition parlementaire m'ont dit de réclamer l'application de mon statut de chef de file, mais j’étais patient. Tout ce qu’on a eu, que ce soit au bureau de l’Assemblée, les présidents de commission, tout ça j’ai cédé aux autres partis. Parce que la mouvance voulait faire en sorte que moi, je ne gagne pas un groupe parlementaire. Ils ont fait à dessein. Ils ne voulaient pas que je me mette ensemble avec les autres partis qui ont un, deux députés pour avoir un groupe parlementaire. Mais finalement on a un groupe soudé. Aujourd’hui tout le monde a constaté pour dire tout ce qu’on a eu à l’Assemblée, j'ai tout donné. Même le poste de vice-président de l'Assemblée Nationale, je devais prendre mais j’ai dit non, je donne tout. C’est pourquoi j’ai donné à GECI et aux autres. 

L'application de la Loi sur le statut du Chef de file est une question de principe. C’est un droit. Le Président de la République est une institution comme les autres. C’est-à-dire la loi qui les a créés. C’est la loi-là qui donne le budget à l’institution pour qu’elle puisse travailler. Mais lui (Alpha Condé, ndlr) son budget augmente alors que les autres institutions ne sont pas mis dans les conditions de travailler. Si tu empêches les autres d'avoir leur budget, ça veut dire que si ça ne marche pas, c’est toi qui les empêche de travailler. J’ai entendu parler de 500 millions, mais je n’ai jamais vu un papier, je n’ai pas vu le budget, je n’ai aucune information par rapport à ça. Or moi, je suis dans les un milliard comme recettes minimum par mois, mais c'est une question de principe. Si tu arrives à un poste donné, la loi dit que tu vas a droit à ça, il faut l'appliquer. Mais moi connaissant l’homme, je ne m’attends à quasiment rien venant de lui. Mais il fallait en parler pour que les guinéens comprennent. On ne doit même pas réclamer ça. Moi j’ai vu dans les autres pays, quand on te nomme ministre en sortant, tu as le chèque d’installation qu'on te donne tout de suite. C’est comme ça que ça marche dans une république qui fonctionne de manière correcte, mais chez nous on ne comprend pas. 

Vous avez déclaré également que vous êtes opposé farouchement à un éventuel 3ème mandat du Président Alpha Condé. Pourquoi ?

Dans notre résolution, on a bien dit que même si la loi l’autorise à faire un troisième mandat, moralement ça nous décrédibilise. Nous tous, on était là quand on cherchait le pouvoir dans les mains des militaires, les forces vives étaient là, on s'est juré d renforcer la démocratie. On avait dit que "koudaisme" c'est fini, deux mandats, c'est bon pour favoriser l'alternance démocratique. J'étais trésorier des forces-vives, je savais tout ce qui se passait. On a tous juré pour ne pas aller au-delà de deux mandats. C’est pourquoi on a dit même si la loi l’autorise parce qu’il a fait une nouvelle constitution, mais tu peux avoir les moyens de faire quelque chose, tu renonces pour la paix, la quiétude. 

On vous accuse d’avoir accompagné ce processus qui permet au Président Alpha Condé de se présenter pour un troisième mandat. Qu’est-ce que vous répondez à ça ?

Vous savez l’homme (Alpha Condé, ndlr) comprend tellement la politique que personne d’autre ne peut savoir ce qu’il veut réellement, parce qu’il ne dit rien à personne. Quand je l'ai vu vers décembre pour parler de la fermeture de ma radio, on a discuté des affaires politiques. J'ai compris qu'il était déterminé à aller aux élections. Je lui ai dit que mes autres camarades du FNDC ne voulaient pas aller. Il m’a répondu que ce n’était pas son problème, lui il va partir aux élections avec ou sans l'opposition. Alors quand j’ai vu qu’il était déterminé, je suis venu lors d’une assemblée générale chez Sanoh au siège de PCUD, moi j’ai pris la parole et j’ai dit : écoutez bien, on dit qu’on veut boycotter les élections mais est-ce qu’on a les moyens de boycotter ?  Oui. Est-ce qu’on a les moyens d’empêcher ? J’ai dit moi j’ai rencontré le Président qui est catégorique, il veut partir aux élections. S’il s’agit des élections législatives là allons-y parce que là nous tous réunis on va le battre ou le secouer dans les urnes.  Mais finalement les autres n’ont pas compris, on était dans ça, et moi j’ai dit que je partais aux élections avec ma formation politique. La campagne a été houleuse, elle a pris plus de temps qu'il n'en fallait à cause des reports. Et c’est aux moments des campagnes qu’il a fait un décret pour dire qu’il va coupler le référendum et les élections législatives. Il s’est servi de nous autres parce que nous, nous sommes venus dans l'esprit de participer aux élections législatives. On a été mis devant le fait accompli.  Il voulait le quitus de la participation des partis de l'opposition qu'on participe ou pas au vote. Nous, on ne le savait pas. Donc, c'est comme si on te met devant le fait accompli. On ne pouvait rien faire. 

Allez-vous manifester aux côtés des leaders du FNDC pour tenter d’empêcher un troisième mandat pour Alpha Condé ? 

Je n’ai pas les moyens d’empêcher ce que le président veut faire. C’est pourquoi j’ai dit à nos amis de changer de stratégie. Quand tu sors on te tue, une fois, deux fois, trois fois… on emprisonne les gens, on les maltraite, on fait tout, on gâte les biens. Tu n’as pas d’autres moyens, tu es venu à bout de souffle, tu ne peux plus rien, il faut changer de stratégie. La stratégie c’était quoi ? On allait se parler entre nous et que toute l’opposition parte aux élections et qu’on allait se soutenir dans les différentes localités, c’était ma vision. Tu peux boycotter, mais empêcher alors que l'autre a les militaires, il l’argent, il a tout, ce n'est pas possible. Ou bien c’est les cailloux seulement que tu vas jeter contre les forces de l’ordre qui va empêcher les élections ? Quel moyen tu as pour empêcher ? Moi je suis un homme d’affaires quand une affaire tombe, j’analyse d’abord pour savoir si je m’engage qu’est-ce que je vais gagner.  Aujourd’hui on n’a pas les moyens d'empêcher les élections, mais je suis de cœur avec le FNDC. Mais seulement moi je ne vais descendre dans la rue parce que j’ai peur des représailles comme dans le passé, je ne veux pas être victime, mes militants non plus. Sinon on est tous de l'opposition.  

Pourquoi voulez-vous saisir la Cour constitutionnelle pour remplacer les commissaires de l’opposition (extraparlementaire) à la CENI ? 

L’idée est partie d’où ? Lorsqu’on on était pleinement investi dans le processus électoral lors des élections législatives, les 7 membres de l’opposition au sein de la CENI avaient démissionné, ils avaient refusé d’assister jusqu’au résultat final et qu’est-ce que ça nous a fait ? Ce n’est pas les résultats issus des urnes qui ont sortis. Nos voix ont été répartis, ça nous a causé du tort. Si à chaque fois qu'eux ils se fâchent, ils quittent ça n'arrange pas. Il faut se battre dedans. Donc c’est suite à ce constat qu’on a dit il faut voir comment les remplacer pour ne pas subir des préjudices comme ce qui s'est passé aux élections législatives. C'est pourquoi je demande de changer de stratégies. 

Quand est-ce que vous allez saisir la cour constitutionnelle pour qu’ils soient changés ? 

On est en train de voir. Présentement la priorité c’est l’élection présidentielle, on est à deux mois de cela. On est là on va examiner avec nos avocats. Mais pour le moment la priorité c’est l’élection présidentielle, est-ce qu’on partira ou pas ? On s’est réuni plusieurs fois, on a posé le problème pour voir si on peut avoir un candidat unique. Donc, on est en train de travailler sur ça. 

Serez-vous candidat à l’élection présidentielle prévue le 18 octobre prochain ? 

Si mon parti et mes collègues décident cela, on a le soutien de nos alliés de l'opposition extraparlementaire, qu'on s'entende, on va bien réfléchir avant de rejeter. 

Avez-vous un dernier message à livrer à l'endroit du Président Alpha Condé ? 

Vous savez moi je suis fatigué de donner des messages. Je crois que quand quelqu’un a moins de 20 ans, on peut toujours le conseiller, mais quelqu’un qui a plus de 80 ans, tu ne peux rien faire pour lui : tu ne peux ni le former, ni le déformer, tu ne peux rien. J’ai tellement parlé sur les ondes pour dire qu’il est rentré par la grande porte, il n’a qu’à sortir par la grande porte. Mais il ne veut pas entendre. Donc, qu’est-ce qu’on fait ? Vous savez les gens ne comprennent pas peut-être ma vision des choses. Moi je dis, je ne veux pas qu’il se présente pour un troisième mandat, mais si je n’ai pas les moyens de l’empêcher, qu’est-ce que je fais ? Je m’assois et je regarde.  Les conséquences de tout ce qui va arriver demain, il sera le seul comptable. 

 

Interview réalisée par Diallo Boubacar 1

Pour Africaguinee.com

Tél. : (00224) 655 311 112

Créé le 3 août 2020 12:08

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